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Un an après la découverte de son corps en morceaux : Fama Niane «cherche» toujours son meurtrier

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Baye Zale Diallo, mari de la victime : «J’aurais voulu me révolter, mais je ne suis qu’un pauvre homme sans ressources»

La douleur est encore très vive dans la famille de la défunte Fama Niane. Un an après la disparition atroce de cette dernière, la famille n’a pas oublié et refuse de s’adresser encore à la presse qui aurait sali la mémoire de leur fille.

La douleur est encore très vive dans la famille de la défunte Fama Niane. Un an après la disparition atroce de cette dernière, la famille n’a pas oublié et refuse de s’adresser encore à la presse qui aurait sali la mémoire de leur fille. Mais à Petersen, les gens ont oublié et ne parlent plus de cette affaire qui pourtant a défrayé la chronique pendant plusieurs semaines. Le mari, qui n’a plus garder de contact avec sa belle-famille, prie pour que justice soit rendue et que le meurtrier soit arrêté afin de pouvoir mener une vie normale.

Par Safiétou KANE – [email protected]

Les lieux ont changé. A la place du terrain où se construisaient des cantines, ce sont des chambres louées à 7 mille francs le mois qui y ont été construites. «Certaines chambres sont occupées par des couples qui les ont prises en location.» Elles ont poussé comme des champignons. L’insalubrité aussi s’est installée sur les lieux à tel point qu’on se demande comment des gens peuvent y vivre. Nous sommes à Petersen, plus exactement derrière le marché Petersen. Un lieu où il y a un an, les parties restantes du corps découpé de Fama Niane ont été retrouvées. En face de ces chambres, la cabane dans laquelle le meurtre aurait eu lieu. Celle-ci est toujours là, debout, bravant le temps. Elle est toujours aussi lugubre et sale.

«UN FOU» S’INSTALLE DEVANT LA CABANE DE KANDE
La porte de la cabane où avait vécu le présumé meurtrier de Fama Niane, Alioune Kandé, reste fermée à l’aide d’un cadenas, même si une partie a cédé et laisse entrevoir un rideau très sale. La poussière est devenue maîtresse des lieux. Devant la porte, un homme y a élu domicile. Personne ne se souvient de la période à laquelle il s’y est installé. «Il est arrivé un beau matin, on ne sait plus quand et il s’est installé devant la porte et ne l’a plus quittée. Personne ne se souvient quand ou comment il est arrivé. Personne ne sait d’où il vient.»
Devant une indifférence générale, l’homme parle dans une langue locale, à un être qu’il est le seul à voir et à entendre. Voyant des gens devant la porte de cette cabane, il arrête pendant un moment de parler et lance un regard plein d’interrogations avant de retourner dans son monde à lui. «C’est un fou», informe-t-on.
Cette cabane qui a fait l’objet de tant de supputations au mois de mars de l’année 2009, s’est carrément fondue dans le décor. «On n’y prête plus attention.» Et ici, on n’a oublié le meurtre atroce de cette dame d’une trentaine d’années. Ou bien personne ne veut plus en parler. On évite plutôt le sujet. «Personne n’en parle plus. On l’a pratiquement oublié.» Même si l’on informe que «des policiers sont revenus pour la dernière fois, un peu avant la Tabaski». La vie y a repris ses droits et l’oubli s’est installé très vite. «Les gens ont des problèmes de survie, ils pensent à autre chose. Ils ne se sentent même pas en danger sur ces lieux, où on voit du tout. La prostitution, le trafic de tout ce que vous pensez. C’est un no man’s land, ici. Un coupe-gorge où tout ce que vous voulez», indique notre informateur.

UNE FAMILLE EN COLERE
Si à Petersen, on essaie d’oublier l’atroce fin de Fama Niane, dans sa famille, c’est encore la colère. Une colère qui gronde et dont l’éclat se voit dans les yeux de la petite sœur de la défunte, retrouvée dans la maison familiale. Elle dessert difficilement les dents et la rage manque de l’étrangler. Elle en a toujours dans le cœur. Et n’hésite pas à le faire savoir : «Vous voulez quoi encore. Vous ne pensez pas que vous en avez assez fait comme ça ? Tout ce que les journalistes ont écrit sur cette histoire est faux. Comment vous pouvez dire qu’elle était la maîtresse de cet homme, alors qu’elle était mariée ? Vous avez écrit qu’elle a passé la nuit chez cet homme, alors qu’elle avait passé la nuit chez nous, à la maison.»
Elle essaie de garder son sang-froid du mieux qu’elle peut, mais sa voix qui tremble la trahit. Elle pointe du doigt une petite fille assise sur un pot : «C’est la fille de Fama Niane. Vous vous rendez compte qu’un jour elle pourra lire tout ce que vous avez écrit sur sa mère. Ce sont des archives qui vont être gardées. De toutes les façons, nous avons décidé de ne plus parler aux journalistes, surtout à ceux du journal Le Quotidien. Personnellement, j’avais décidé d’en découdre avec n’importe quel journaliste de cette Rédaction, si j’en rencontrais un.»
Devant l’insistance de votre serviteur de parler au porte-parole de la famille, Ibrahima Niane, qui s’était une fois déplacé jusqu’au journal, elle promet de «l’appeler pour lui dire que (nous le cherchions)». «Mais je ne peux pas vous donner son numéro de téléphone. Sachez seulement que nous avons très mal avec le décès de Fama. Nous n’oublierons jamais. Cela a été assez dur de la perdre et surtout de la perdre dans ces circonstances avec tout ce que les journalistes en ont rajouté. Je suis sûre que vous en savez beaucoup plus que nous sur cette affaire. Et même pourquoi l’enquête n’a pas abouti ? C’est un peu de votre faute aussi», charge-t-elle avant de retourner à ses occupations. Tout en promettant une dernière fois de parler à Ibrahima Niane. Nous avons attendu, en vain.

LE MARI GARDE CONFIANCE EN LA JUSTICE
Il n’a pas sa mine des jours heureux. Baye Zale Diallo, a toujours cette tête d’une personne qui a passé une nuit agitée, peuplée de cauchemars. Ses yeux sont toujours rouges. Il traîne sa grande taille comme un fardeau des jours malheureux. Mais il reste encore lucide. Ses derniers contacts avec la Police ? «C’est quand ils m’ont remis le portable et les bagages qu’ils avaient pris chez moi, lors de mon audition.» Aujourd’hui, un an s’est écoulé après la mort de sa femme et il attend toujours que la lumière jaillisse à propos de cette triste histoire.
Au lendemain de la découverte du corps découpé de sa femme sur la plage de Koussoum, Baye Zale Diallo avait été arrêté par la Police qui l’a gardé pendant une semaine, avec un de ses amis, avant d’être relâché. «C’est le seul qui me reste d’ailleurs, les autres m’ont tourné le dos depuis longtemps. Et le plus dur est que les gens avec qui je travaillais, ne veulent plus me fournir de la marchandise.»
Baye Zale, chauffeur de son état, s’était reconverti dans la revente de produits divers que lui fournissaient des amis. Mais, ces derniers l’ont lâché et il n’arrive plus à trouver du boulot. «Je ne fais absolument rien de la journée. Je cherche du travail mais je n’en trouve pas. Cette histoire m’a beaucoup desservi et porté préjudice». «J’ai passé un an de galère. Bientôt, ce sera l’anniversaire de la mort de ma femme. Je vais organiser un récital de Coran, pour le repos de son âme et demander à tout le monde de prier pour elle», annonce celui qui n’a pas assisté à l’enterrement de sa femme et qui a perdu tout contact avec sa belle-famille. «Le cousin de ma femme, Ibrahima Niane a essayé de nous rapprocher mais cela n’a pas marché, chacun a gardé ses distances.»
Le seul souci de Baye Zale Diallo aujourd’hui, c’est de voir «les enquêteurs arrêter le meurtrier de Fama afin que je sois réhabilité dans mes droits. Je suis interdit de sortie du territoire alors que le meurtrier lui se promène librement. J’aurais voulu me révolter pour faire avancer les choses, parce que la situation est intenable. Mais je ne suis qu’un pauvre homme sans ressources et je ne peux pas me battre contre la Justice. J’espère qu’un jour la vérité éclatera.»
En attendant, M. Diallo n’a que ses prières à formuler pour celle qui l’a toujours aidé et soutenu dans les moments difficiles.

lequotidien.sn

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