Aéroports fermés, espaces aériens interdits, voyageurs bloqués : l’Europe vit depuis trois jours une situation sans précédent, paralysée par un nuage de cendres volcaniques. « Sans disposer de chiffres précis pour le moment, nous estimons que l’impact dépasse celui du 11 septembre 2001 en termes de vols annulés et d’inconvénients causés aux aéroports », a déclaré le porte-parole de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), Denis Chagnon.
- Le ciel européen paralysé
Depuis jeudi, les compagnies aériennes ont été contraintes d’annuler près de 30 000 vols – 10 400 vendredi et 17 000 samedi –, précise Eurocontrol, l’organisme intergouvernemental européen de sécurité du trafic aérien. Les uns après les autres, les gouvernements ont fermé leurs espaces aériens et leurs aéroports, bloquant des dizaines de milliers de voyageurs (Lire les témoignages des internautes du Monde.fr).
Vingt et un pays européens, la plupart dans le nord de l’Europe étaient ainsi paralysés samedi (Lire l’article « La situation pays par pays »). « C’est sans précédent d’avoir une aussi grande partie de l’Europe ainsi affectée », souligne Kenneth Thomas, un expert d’Eurocontrol. Dans le sud de l’Europe, certains pays, jusque là épargnés comme l’Espagne, commencent à rencontrer des difficultés. « Tant que nous aurons des hautes pressions sur l’Atlantique et que le volcan restera en éruption, la situation risque de ne pas beaucoup évoluer », a-t-il prédit.
- La France pas épargnée
La paralysie du transport aérien en France s’est encore étendue samedi avec la fermeture jusqu’à lundi 8 heures de la plupart des aéroports de l’Hexagone (Lire l’article « La plupart des aéroports français fermés jusqu’à lundi »). Ce chaos inédit dans le ciel français a conduit le gouvernement à mettre en place une « cellule de crise ». La situation aérienne complique d’autant plus le chassé-croisé des vacanciers déjà perturbé par la grève à la SNCF (Lire l’article « Un week-end de départ en vacances difficile »).
- Une situation qui pourrait durer plusieurs jours
Selon l’Institut météorologique d’Islande, les vents devraient continuer à souffler le nuage vers l’Europe dans les 4 à 5 prochains jours au moins. « Nous sommes au troisième jour de paralysie », et « nous ne voyons pas la lumière au bout du tunnel », a déclaré Steve Lott, porte-parole de l’Association internationale du transport aérien (IATA) à Washington. « Le plus gros problème, c’est que nous ne disposons d’aucune échéance, contrairement à un cas de tempête de neige dont la fin est prévisible, ce qui permet de préparer la reprise des opérations », a-t-il expliqué (Lire l’article « La rencontre du feu et de la glace »).
- Un coût évalué à 147 millions d’euros par jour
Plusieurs compagnies aériennes, comme la Belge Brussels Airlines ou la low cost Ryanair, ont anticipé ces mauvaises prévisions et annoncé samedi à leurs clients l’annulation de tous leurs vols jusqu’à lundi. Chaque annulation de vol coûte de l’argent aux compagnies aériennes(Lire l’article « Les politiques d’indemnisation varient selon les compagnies »). L’IATA, qui représente 230 compagnies aériennes assurant 93 % du trafic commercial international, estime les coûts pour le secteur à plus de 200 millions de dollars (147,3 millions d’euros) par jour. Or nombre de compagnies européennes ne sont pas en très bonne situation financière. Brussels Airlines a déjà fait savoir samedi qu’elle allait demander une aide, conformément à la législation européenne. « Après les banques, on s’attend à devoir aider les transporteurs aériens », a confié samedi un responsable européen sous couvert de l’anonymat.
LEMONDE.FR avec AFP