Le cardiologue Abdoul Kane a appelé l’Etat du Sénégal à améliorer ses lois et règlements régissant la consommation des citoyens, en privilégiant une législation défavorable au tabac et aux autres facteurs de risques de maladies du cœur et des vaisseaux sanguins.
‘’Il faut organiser une meilleure adaptation de nos habitudes alimentaires, mettre en place une meilleure législation sur l’alimentation, contre le tabac, avec une volonté réelle de lutter contre ces facteurs de risques’’, a-t-il indiqué, dans un entretien paru mardi dans Sud-Quotidien.
Le professeur Kane a rappelé la nécessité pour les pouvoirs publics de tenir le pari. ‘’Tout cela doit être organisé par un Etat’’, a-t-il affirmé, soulignant les méfaits d’une politique permissive sur les produits dangereux pour la santé.
‘’Il faut que l’Etat comprenne que prendre une taxe sur une cigarette ou quelques taxes sur les produits alimentaires nocifs, c’est malheureusement gérer quelques problèmes du présent et ouvrir la voie à la détérioration de la santé des populations pour demain’’, a-t-il estimé.
Pr. Kane a rappelé les différents niveaux d’intervention pour prévenir les risques de maladies du cœur et des vaisseaux sanguins. ‘’Une alimentation saine, arrêter de fumer, ne pas avoir une consommation excessive d’alcool et avoir une activité physique régulière’’, a-t-il préconisé.
Le chef du Service de cardiologie de l’Hôpital général de Grand-Yoff à Dakar a insisté sur le dépistage, signalant que ‘’l’hypertension comme le diabète ou l’excès de cholestérol sont des maladies sournoises et silencieuses’’.
‘’D’où, a-t-il indiqué, il faut aller les rechercher. Vous avez 30 ans ou plus, vous avez dans votre famille des personnes avec l’une ou l’autre de ces maladies-là, dites vous : +Attention, je dois aller tous les ans ou tous les deux ans, tous les trois ans me faire dépister (…) et agir+.’’
Secrétaire général de la Société sénégalaise de cardiologie, Abdoul Kane a expliqué que le Sénégal figurait parmi les pays dépourvus de surveillance épidémiologique des maladies cardiovasculaires ou chroniques. Il a cité le rapport 2013 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Selon lui, le pays ne dispose pas de données centralisées et pertinentes sur les maladies cardiovasculaires et les derniers chiffres disponibles datent de huit ans, alors l’évolution de ces pathologies n’arrête pas en raison de la prévalence des facteurs de risques.
‘’Les chiffres publiés en 2005 par le ministère de la Santé et de l’Action sociale avaient classé les maladies cardiovasculaires comme la deuxième cause de décès au Sénégal et la première cause de décès chez l’adulte’’, a-t-il relevé. Le paludisme est la première cause de décès.
Cependant, le cardiologue a dit ses constats : l’hypertension artérielle affecte 40% de la population sénégalaise contre 25%, il y a 25 ans. Pour l’excès du cholestérol, les chiffres se situent entre 40 et 50%. ‘’Avec le diabète, a-t-il noté, nous sommes entre 5 à 10% selon qu’on est à Géoul où à Saint-Louis.’’