En si peu de temps, on a entendu le président Sall se prononçait sur plusieurs sujets qui devaient être des sujets pour un Premier ministre, mais malheureusement le Sénégal n’en dispose plus. En passant par la sortie de l’ambassadeur de France à Justin Trudeau qui a rencontré le mercredi 12 février le président Sall à Dakar. En général, quand des dirigeants se déplacent, c’est pour consolider une coopération existante entre deux pays et surtout pour renforcer le partenariat. Si la presse parle plus de la question de l’homosexualité que du partenariat économique, cela veut dire que la rencontre n’a pas été aussi productive qu’elle ne devait l’être. Le président Sall était un Premier ministre et il sait aussi bien que certains dossiers doivent être traités par le Premier ministre et non par le président et il sait aussi bien que l’homosexualité, bien que pénalisée au Sénégal, cède toujours face aux pressions des pays étrangers et des ONG internationales et locales.
Ils disent non avec les lois et oui dans les tribunaux.
Alors que neuf homosexuels avaient été condamnés à huit ans de prison, la Cour d’appel de Dakar leur avait fait libérer. Le tribunal a jugé que la police avait enfreint la loi quand ils ont fouillé leurs maisons et a en outre jugé que les éléments de preuve sur lesquels la condamnation était fondée deviennent inadmissibles. Dans la forme, on peut dire clairement que la Cour d’appel a fondé sa décision sur la jurisprudence, mais dans le fond, nous savons tous que l’annulation des peines est attribuable à la pression internationale menée par la France et l’Union européenne, ainsi que les efforts des organisations locales de défense des droits de l’homme. Le gouvernement a fait face à beaucoup de pressions de la part des ONG internationales, en critiquant de manière ouverte la durée des peines infligées. On peut vraiment parler d’ingérence. En même temps, l’ONG de défense droits homosexuels avait aussi déclaré être choqué par la décision et le président français s’était montré préoccupé par cette décision et avait même officiellement demandé leur libération et plaidé pour la dépénalisation de l’homosexualité au Sénégal. Alors que le mandat du Sénégal au Conseil des droits de l’homme venait à sa fin, le gouvernement du Sénégal ne voulait pas que cette peine interfère avec le nouveau mandat. Pour rester conforme aux normes internationales de non-discrimination contre les groupes minoritaires, le gouvernement n’avait pas d’autres choix que de faire libérer les détenus.
Lorsqu’un magazine de la place avait publié des photos d’un mariage homosexuel, la police nationale a arrêté et interrogé cinq homosexuels identifiés sur les photos et les a ensuite libérés après quatre jours de garde à vue sans inculpation. Le ministre de la Justice a subi tellement de pressions constantes de la part de la Commission internationale gay et lesbienne des droits de l’Homme (IGLHRC) pour libérer les détenus. Les ONG locales des droits de l’homme, en particulier la Raddho, ont condamné la détention et la juge comme contraire à la Constitution du Sénégal qui garantit la liberté individuelle et le Pacte des Nations Unies relatifs aux droits civils et politiques ratifié par le Sénégal en 1981. Une coalition d’ONG avait également publié une déclaration exigeant que le gouvernement dépénalise l’homosexualité. Ces ONG avaient demandé l’abrogation de l’article 319 du Code pénal sénégalais, qui « condamne quiconque commet des actes indécents ou contre nature avec un individu du même sexe à un à cinq ans d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 100 000 à 1,5 millions de francs CFA ».
Qui connaît mieux le rôle de Premier ministre qu’un ancien Premier ministre ?
Pendant que Macky Sall était Premier ministre et que les dépassements budgétaires et malversations étaient très courants dans notre paysage politique, il a eu à assister à plusieurs réunions à la place de son mentor. En réunion extraordinaire avec les ambassadeurs des Etats-Unis et de la France, des représentants du FMI, de la Banque mondiale et de l’Union européenne pour ne citer que ceux-ci, Macky Sall rassurait les donateurs. Il avait quand même reconnu que la gestion de la SENELEC était un sérieux problème qui pourrait affecter le taux de croissance. Les donateurs ont mis l’accent sur le retard de l’augmentation des prix de l’électricité pour diminuer les subventions à hauteur de 110 milliards de FCFA.
Quand les bailleurs de fonds étaient confrontés avec le manque de transparence des mécanismes de financement de l’usine de Kounoune II, ils ont discuté avec le Premier ministre Macky Sall. Ils lui ont clairement dit que le gouvernement s’écarte davantage des politiques énergétiques en place. Tous les efforts de la Banque mondiale pour restructurer et moderniser la SENELEC n’étaient pas respectés. Pire, la SENELEC concluait des accords financiers sans consultation ni transparence.
Alors que des élections se préparaient, le gouvernement du Premier ministre Macky Sall, avait assoupli la discipline budgétaire, qui a causé les déséquilibres dont le Sénégal faisait face. Quand une réunion extraordinaire a été organisée avec les donateurs et ambassadeurs, c’est encore le Premier ministre qui a assisté à cette réunion et non le président. Les donateurs ont savonné le gouvernement en disant que l’économie du pays est mal gérée et qu’il y avait trop à laisser aller.
Quand il s’agit de mettre les gants pour monter au créneau, c’est encore le rôle du Premier ministre et non le rôle du président. En tant que Premier ministre, Macky Sall disait être convaincu qu’Idrissa Seck avait détourné des fonds et s’était enrichi illégalement. Il disait que pour rien au monde, il ne serait dans le même parti politique qu’Idrissa Seck, et il disait qu’il pense que sa place est la prison. Il est allé plus loin pour dire qu’Idrissa Seck avait accepté de retourner des fonds au Sénégal comme condition de sa libération. C’est à cela que sert un Premier ministre Monsieur le président.
On dit souvent que le président de la République doit la tête pensante et le Premier ministre la tête agissante du pouvoir.
Mohamed Dia