Les pays membres de la Cour pénale internationale (CPI) ont désigné jeudi la Gambienne Fatou Bensouda comme procureure de la CPI, au moment où, du Soudan à la Côte d’Ivoire, l’Afrique est concernée au premier chef par les poursuites de la justice mondiale.
L’ambassadeur du Liechtenstein à l’ONU, Christian Wenaweser, qui préside le processus de sélection, a souligné lors d’un point de presse que Mme Bensouda était désormais l’unique candidate des quelque 120 pays ayant ratifié le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour.
Fatou Bensouda devrait ainsi succéder à Luis Moreno-Ocampo qui vient de passer neuf années à la tête de la CPI. Son élection formelle devrait intervenir le 12 décembre. «Nous nous attendons à un vote consensuel», a dit M. Wenaweser.
«Il y avait une opinion largement partagée sur le fait que le prochain procureur devait être originaire d’Afrique», a ajouté l’ambassadeur, soulignant que l’Afrique apportait le plus grand nombre d’États parties à la CPI.
Il y avait au départ 52 candidats en septembre, au début du processus de sélection. Mme Bensouda, une ancienne ministre de la Justice en Gambie, est l’adjointe de M. Moreno-Ocampo à la CPI.
Le fait de nommer une Africaine à la tête de cette juridiction devrait permettre de contrebalancer le sentiment répandu en Afrique que la CPI est l’instrument d’une justice de «Blancs», d’autant que, pour le moment, toutes les personnes visées par des poursuites de la Cour sont africaines.
Cependant, de source diplomatique onusienne, on souligne que Mme Bensouda n’a pas été présentée comme une Africaine, mais qu’elle avait été considérée comme «la plus compétente et la plus expérimentée».
«Elle avait clairement dit qu’elle en avait assez de ce mythe d’une CPI qui était tournée contre l’Afrique, mais qu’une fois élue, elle continuerait à poursuivre les gens en Afrique si c’est en Afrique que des crimes continuent à être commis», a-t-on ajouté de même source.
Mais la CPI a clairement indiqué qu’elle était prête à se charger d’autres dossiers en dehors de l’Afrique comme le Yémen, précise-t-on de même source.
La successeure du procureur Moreno-Ocampo aura du pain sur la planche. La CPI cherche actuellement à mettre la main sur le président soudanais Omar el-Béchir pour génocide au Darfour. Des responsables kényans de premier plan et des chefs de milices en République démocratique du Congo (RDC) sont aussi sur la liste de la Cour. L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo a été transféré dans la nuit de mardi à mercredi au centre de détention de la Cour à La Haye, devant laquelle il comparaîtra lundi pour la première fois.
«L’Assemblée des États parties» élira formellement le successeur du procureur Ocampo, dont le mandat s’achève en juin 2012, lors de sa prochaine session, du 12 au 21 décembre à New York. Elle devra également alors élire six juges, parmi 19 candidats.
«L’annonce met un terme à un processus long et rigoureux et nous comprenons que cette décision reflète un consensus parmi les États parties de la CPI», a souligné Param Preet Singh, conseiller pour l’ONG Human Rights Watch qui a suivi de près le processus de sélection.
avec cyberpresse