Une autre catastrophe guette le Sénégal (Par Cheikh Faye)

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Nous avons appris cette semaine, que 3050 tonnes de nitrate d’ammonium sont stockés dans la partie du Port de Dakar abritant les Entrepôts maliens au Sénégal (EMASE). C’est la même quantité de nitrate d’ammonium qui a entraîné la destruction du Port de Beyrouth et de ses environs. Les images effroyables et spectaculaires de la catastrophe n’ont échappé à personne tant elles ont été relayées par les toutes chaînes de télé du monde entier et par les réseaux sociaux. Pour nous sénégalais, ces images ont réveillé en nous d’atroces souvenirs : l’explosion d’une citerne d’ammoniac survenue le 24 mars 1992 dans l’enceinte de l’établissement de la SONACOS sis à Bel-Air, c’est-à-dire dans la zone portuaire. Plus 130 personnes y avaient trouvé la mort et plus de 1500 autres avaient subi des blessures dont certaines avaient entraîné des pertes physiques fonctionnelles (notamment respiratoires) irréversibles. 

Le nitrate d’ammonium est un produit oxydant qui peut causer ou aggraver un incendie. Lors d’un incendie, il se décompose notamment en oxydes d’azote, en ammoniac et en acide nitrique. L’incendie provoqué peut déclencher une explosion comme celle survenue dans le port de Beyrouth surtout si le nitrate d’ammonium est confiné, c’est-à-dire emmagasiné. 

Selon certaines informations, les 3050 tonnes de nitrate d’ammonium sont stockées à l’air libre au Port de Dakar sous des bâches. Ce qui réduit le risque d’explosion (absence de confinement) sans pour autant éliminer le danger que représente le stockage du produit. En effet, même si le point de décomposition du nitrate parait élevé (210oC), plusieurs facteurs déclencheurs d’un incendie sont présents dans la zone de stockage. En cas d’incendie, un embrasement pourrait vite arrivé et avoir une intensité (ébullition) proche ou supérieure du point de décomposition. Plus grave, nous avons appris que cette zone de stockage ne répond pas aux normes des installations classées conformément aux prescriptions du Code de l’environnement. 

Les conséquences d’un tel cocktail pourraient être « explosives ». En effet, la zone portuaire est l’une des zones de la capitale les plus fréquentées. C’est une zone qui se caractérise par une densité humaine très élevée, surtout pendant les heures de travail. Il est utile de rappeler que les victimes de l’explosion de la citerne d’ammoniac intervenue en 1992 n’étaient pas, dans leur écrasante majorité, des travailleurs de la SONACOS, mais des personnes en activité aux alentours du port notamment des tenancières de « gargottes » (petits restaurants) et leurs clients, des marchands ambulants, etc. Ce qui rend urgente une action des pouvoirs publics. La crise malienne ne pourrait être un prétexte à l’inaction. Nous devons apprendre de nos erreurs. 

Cheikh Faye, Ph.D.

Professeur – UQAC

2 Commentaires

  1. Vraiment les dirigeants sénégalais sont irresponsables et ne respectent pas le peuple.
    Nous devons apprendre de nos erreurs et élire les bons profils la prochaine fois.
    Merci beaucoup professeur pour votre clairvoyance et votre sens de responsabilité.

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