Une autre lecture de la crise alimentaire Somalienne (Entre compassion et objectivité) Dr Mouhamadou Bamba NDIAYE

La crise alimentaire qui sévit dans la corne de l’Afrique, et dont la Somalie constitue l’épicentre, touche plus de 12 millions de personnes et interpelle toute la communauté internationale ; il urge donc d’apporter une aide massive pour y faire face et sauver les milliers de vies humaines en danger de mort ; il s’agit là d’une crise quasi récurrente qui témoigne vraisemblablement d’une impuissance des états concernés à lutter efficacement contre la sécheresse et à mener une politique agricole conséquente ; tout cela nécessite une analyse minutieuse, prenant en compte tous les facteurs favorisants (guerre civile, rébellion, piraterie, etc.) et toutes les approches écologiques – tant laïque (réchauffement climatique) que religieuse. En effet, pour les croyants que nous sommes, la responsabilité morale d’un peuple est toujours engagée dans les calamités qui le frappent ; le Coran est là-dessus très explicite :

(30) Tout malheur qui vous atteint est dû à ce que vos mains ont acquis. Et Il pardonne beaucoup. (31) Vous ne pouvez pas échapper à la puissance d’Allah sur la terre ; et vous n’avez en dehors d’Allah, ni maître ni défenseur. (42. La Consultation : 30-31 – Ach-Chûrâ’)

Dans cette perspective, toute famine doit être considérée comme une sanction divine et un appel à la clairvoyance, comme ce fut pour le peuple de Pharaon, au temps du Prophète Moïse (PL) :

 (130) Nous avons éprouvé les gens de Pharaon par des années de disette (famine) et par une diminution des fruits, afin qu’ils se rappellent. … (132) Et ils dirent [au Prophète Moïse]: « Quel que soit le miracle que tu nous apportes pour nous fasciner, nous ne croirons pas en toi ». (133) Et Nous avons alors envoyé sur eux [des ‘’plaies’’ :] l’inondation, les sauterelles, les poux (ou la calandre), les grenouilles et le sang, comme signes explicites, mais ils s’enflèrent d’orgueil et demeurèrent un peuple criminel. … (136) Alors Nous Nous sommes vengés d’eux …, parce qu’ils traitaient de mensonges Nos signes et n’y prêtaient aucune attention. (7. Al-Araf : 130 … 136 – Al-Arâf)

Le Hadith met en garde explicitement contre la sécheresse et la crise alimentaire qui sont presque toujours le fait de la généralisation d’une turpitude :

– Abdallah b. ‘Amr rapporte ces propos du Prophète (PSL) : « Il n’est pas un peuple qui ne soit ouvertement livré à la débauche sans que la peste ne l’ait frappé, ainsi que des maladies qu’ignoraient ses ancêtres. Il n’est pas un peuple qui n’ait trafiqué les poids et mesures [commerce inéquitable] sans être victime de la sécheresse, du manque de vivres et de la tyrannie du prince. Il n’est pas un peuple qui ait refusé de s’acquitter de la Zakât, sans que la pluie ne lui ait fait défaut ; et si ce n’étaient les animaux domestiques (et les plantes), il n’y aurait plus eu la moindre goutte de pluie. … ».

Il faut préciser qu’une famine ou d’autres malheurs peuvent survenir chez  un peuple croyant, à titre d’épreuve, mais l’intensité y est toujours bien moindre ; il s’agit presque toujours d’un signe prémonitoire d’une miséricorde pour un peuple endurant :

(153) Ô les croyants ! Cherchez secours dans l’endurance et la prière. Car Allah est avec ceux qui sont endurants. … (155) Très certainement, Nous vous éprouverons par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Annonce la bonne nouvelle aux endurants, (156) qui disent, quand un malheur les atteint : « Certes, nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons ». (157) Ceux-là reçoivent des bénédictions de leur Seigneur, ainsi que la miséricorde ; et ceux-là sont les biens guidés. (2. La Vache : 153-157 – Al-Baqarah)

En vérité, le Hadith exclut pratiquement la survenue d’une famine grave dans un pays musulman – il s’agit là d’une importante faveur accordée par Dieu à la communauté du  Prophète (PSL) :

– Thawbân rapporte ces propos du Prophète – sur lui la grâce et la paix – : « Dieu a déployé la terre devant moi, et j’ai vu l’Orient et l’Occident. Ma communauté occupera à la surface de la terre une étendue semblable à ce qui a été déployé devant moi et les deux trésors, le ‘’blanc’’ et le ‘’rouge’’ m’ont été accordés. J’ai demandé à mon Seigneur de ne pas faire périr ma communauté par une année de disette (famine) … qui n’épargnerait pas le plus grand nombre d’entre eux. Mon Seigneur a accédé à ma demande … . (Muslim, Thirmidhî, Abû Dawûd)

Au vu de ce qui précède, il est étonnant que la Somalie qui est un pays musulman, à près de 98%, puisse être victime d’une très grave famine ; si tel est réellement le cas, il faut chercher les véritables raisons dans la généralisation d’une turpitude ou d’une déviation (hérésie) ; et à ce titre, l’islamisme d’essence wahhabite qui y est véhiculé, poussant son intolérance jusqu’à la profanation des mausolées de ‘’Saints’’, au nom d’une croisade contre toutes les formes d’idolâtrie, y est très certainement pour beaucoup ; en outre, on pourrait légitimement s’interroger sur l’orthodoxie de la tariqa qui y prévaut – une confrérie fondée sur la croyance au Mahdi, remontant à la fin du 19^ème siècle -, car il est impossible que le monde survive 40 ans après l’avènement du Mahdi authentique, et que l’espoir ne soit pas restauré (paix, justice, sécurité alimentaire), comme promis par le Prophète (PSL). (*)

En vérité, c’est Dieu qui nourrit ses serviteurs ; c’est Lui qui frappe les peuples rebelles de sécheresse et de crise alimentaire, en guise de sanction ; et n’y a que lui qui peut y remédier, en faisant revenir la pluie, comme en témoigne la référence coranique suivante :

(7) Et la terre, Nous l’avons étendue et Nous y avons enfoncé fermement des montagnes et y avons fait pousser toutes sortes de magnifiques couples de [végétaux], (8) à titre d’appel à la clairvoyance et un rappel pour tout serviteur repentant. (9) Et Nous avons fait descendre du ciel une eau bénie, avec laquelle Nous avons fait pousser des jardins et le grain qu’on moissonne, (10) ainsi que les hauts palmiers aux régimes superposés, (11) comme subsistance pour les serviteurs. Et par elle (la pluie), Nous redonnons la vie à une contrée morte (de sécheresse) – Ainsi se fera la résurrection. (12) Avant eux, le peuple de Noé, les gens d’Ar-Rass et les Tamud crièrent au mensonge, (13) de même que les Aad et Pharaon et les frères de Lot [la première communauté homosexuelle de l’humanité], (14) et les gens d’Al-Aïka et le peuple de Tubbaa. Tous traitèrent les Messagers de menteurs. C’est ainsi que Ma menace (sanction) se justifia. (50. Qâf : 7-14)

C’est dire qu’il n’y a pas d’alternative véritable pour lutter contre la sécheresse et l’insécurité alimentaire, en dehors de la foi aux messagers et du repentir :

 (10)[Noé dit :] J’ai donc dit : « Implorez le pardon de votre Seigneur, car Il est grand Pardonneur, (11) pour qu’Il vous envoie du ciel, des pluies abondantes, (12) et qu’Il vous accorde beaucoup de biens et d’enfants, et vous donne des jardins et des rivières [Tout pays musulman est potentiellement riche !!!]. (13) Qu’avez-vous à ne pas vénérer Allah comme il se doit, (14) alors qu’Il vous a créés par phases successives ? (71. Noé : 10-14 – Nûh)

Au demeurant, la crise alimentaire qui sévit en Afrique pourrait être perçue, et à juste raison comme une fatalité, car prédite par le Prophète (PSL), il y’a quatorze siècles, et en rapport avec l’avènement du Mahdi – la ‘’porte du repentir’’ et ‘’Sauveur de la fin des temps’’ :

– On rapporte, d’après un long hadith de Mu’âwiya Ibn Abî – Sufiân, ces propos du Prophète – sur lui la grâce et la paix – : « A ma mort, une péninsule connue sous le nom d’Al-Andalous [Andalousie] sera conquise [par les musulmans], puis reprise par les mécréants qui les dépouilleront de leurs biens et de leurs terres presque en totalité … . Et les gens du Maghreb [Afrique] connaîtront les meurtres et la peur ; ils seront victimes de la faim et de la hausse des prix, connaîtront des troubles et se ‘’mangeront’’ entre eux. C’est à ce moment qu’apparaîtra, à l’extrême du Maghreb (Afrique), un descendant de Fatima -la fille de l’Envoyé de Dieu (PSL), qui n’est autre que le Mahdi devant apparaître à la fin des temps : il sera la première condition de l’Heure (fin du monde) ».

Et de rappeler que ce tableau pseudo apocalyptique avait déjà été annoncé par Jésus Christ lui-même, lors de son premier avènement, il y’a deux millénaires, comme les signes prémonitoires de son second avènement (l’avènement du ‘’Fils de l’Homme’’) ; l’Evangile est plus que d’actualité :  

… (9) Et quand vous entendrez parler de guerres et de révolutions, ne vous effrayez pas ; car il faut que ces choses arrivent d’abord ; mais ce ne sera pas tout de suite la fin du monde. (10) Puis, il ajouta : un peuple combattra contre un autre peuple, et un royaume attaquera un autre royaume ; (11) il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux, et des famines, et des pestes ; et il y aura des phénomènes effrayants et de grands signes venant du ciel. … (27) Et alors, on verra le ‘’Fils de l’Homme’’ venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. (28) Et quand ces choses commenceront à arriver, regardez en haut, et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche.  (Evangile selon Saint Luc 21 : 9-28) [Voir aussi : Luc 17 : 20-37].  

Oui, ‘’quand ces choses commenceront à se produire, redressez-vous et relevez la tête, car votre délivrance sera proche’’ ! (Luc 21 : 28). Ces sages propos de Jésus Christ constituent, à l’évidence, un message d’espérance et un appel explicite à la clairvoyance – et donc à la conversion ; car, en vérité, (pour raccourcir encore plus) il n’est d’autre Mahdi que le Prophète (PSL) – ‘’ le Sceau des Prophètes’’, ‘’envoyé à toute l’humanité, comme annonciateur de la Bonne Nouvelle et avertisseur, mais la plupart des gens ne savent pas’’ (34. Saba’ : 28 – Saba’). Et voilà, en toute vérité, la seule alternative crédible pour restaurer l’espoir en Somalie et dans toute la corne de l’Afrique, voire bien au-delà ; oui, la solution de toutes les autres crises (économique et financière, écologique, énergétique, etc.) y passe ! Et on ne rappellera jamais assez qu’il n’a jamais été question de ‘’djihad armé’’ dans la mission du Mahdi ; il n’est véritablement question que d’un ‘’djihad idéologique’’ – il n’y a pas de place pour autre chose ! (*)

Docteur Mouhamadou Bamba NDIAYE

Ancien Interne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatre à Thiès

Recteur de l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SY Ihsaan – Bienfaisance ‘Thiès).http://sites.google.com/site/universitevirtuellelasagesse/  

(*) http://sites.google.com/site/missionmahdi/