La démission-renvoi du ministre Samuel Sarr est une bonne nouvelle pour les consommateurs sénégalais. Elle l’aurait davantage été si son départ n’avait pas été relayé par la nomination du fils du président de la République dont les charges au sein du gouvernement défient le bon sens et la logique de gestion. Ces charges constituent même une insulte au bon sens et à la dignité des Sénégalais. En donnant plus de charges à son fils, le chef de l’Etat reste cohérent avec ce qu’il a toujours affirmé : « mon fils est plus intelligent que tous les autres Sénégalais, c’est la raison pour laquelle je lui donne autant de portefeuilles ministériels ».
Avec cette nouvelle nomination, on force ainsi la dose pour lui donner l’occasion de parader demain en bombant la poitrine et dire : « Je l’ai fait, j’ai réglé la crise à la Senelec ». En réalité, la gestion de cette crise n’est pas aussi complexe que cela. Il fallait desserrer l’étau autour des ressources de la société, pour lui permettre de fonctionner de nouveau. Cela sera fait très rapidement. Karim Wade va balayer une partie des prédateurs qui ont pris en otage la Senelec. Le chef de l’Etat fait un calcul en confiant à son fils le secteur de l’énergie. En réussissant, comme on peut s’y attendre, à redresser tant bien que mal la situation dramatique de la compagnie, le fils du président de la République ne manquera pas de s’en prévaloir auprès de l’opinion. Cette opération participe du processus d’intronisation du fils du Président, en qualité de dauphin de son père. Il en faut cependant plus pour réussir à tromper la vigilance des Sénégalais sur cette tentative de séduction maquillée.
Karim Wade n’a jamais été capable de mettre en place la compagnie aérienne nationale, alors que son père lui en a donné tous les moyens. Pourquoi les Sénégalais devraient-ils alors se laisser prendre comme de petits gamins, avec une réussite programmée du nouveau ministre de l’Energie ? On a arraché la Senelec des mains de Samuel Sarr et de celles de certains privés non encore rassasiés. Nul ne peut dire qu’elle ne tombera pas de nouveau dans d’autres mains plus voraces encore. Le précédent des Industries chimiques du Sénégal, avec un rapace nommé Jérôme Godard, est encore trop présent dans nos mémoires, pour que personne n’y pense. Pour sûr, le partenariat public-privé a de beaux jours dans la société d’Etat. Pourvu que les citoyens n’en pâtissent. Si c’est le cas, ce sera au moins quelque chose de gagné dans le renvoi salutaire de Samuel Sarr.
ALC
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