Au pays de Kocc Barma, la situation est préoccupante et grave pour l’enseignement. L’école est en faillite totale, l’état et les enseignants se renvoient la balle comme sur un court de tennis. Ne voulant pas jouer les prophètes au pays de la terranga, le syndrome d’une année blanche qui pointait son nez sera peut-être évité de justesse en cette fin de mois de Mai, début du célèbre tournoi de tennis Roland Garros.
Le Sénégal qui était parti pour émerger semble de plus en plus submerger par un flot d’anhydride. Tout va mal, de l’éducation à la santé, en passant par tous les autres secteurs susceptibles de contribuer au développement d’une nation. La jeunesse n’a plus aucune perspective face aux échecs récurrents de nos dirigeants depuis l’indépendance du pays, pour ne pas dire leur manque de volonté.
Cette politique sur l’enseignement a été mise en place depuis les années d’ajustement structurel du Président Abdou Diouf. Un système qui avait pour objectif de faire progresser l’école privée, sans pour autant tenir compte des risques de dévaloriser notre enseignement public. Le privé a tiré entre temps son épingle du jeu et aujourd’hui les parents d’élèves sénégalais désireux de voir leurs enfants réussir une scolarité normale et de qualité les envoient dans le privé. Cet état de fait est tout simplement révoltant; la liste des complices de cette conspiration est longue et exhaustive.
Il y a à peine vingt ans, il était gênant de dire en société qu’on avait fait une école privée. Car l’enseignement privé (non catholique) était dédié aux enfants en difficultés, incapables de suivre un cursus scolaire normal dans l’enseignement public. Aujourd’hui la qualité dans l’éducation comme dans l’enseignement a suivi les tendances Dioufiste, Wadiste ou Mackiste, reléguant ainsi un secteur clé de l’Emergence au rang des derniers pays.
L’école de notre temps était pour nous qui sommes partis tôt un ascenseur social, le plus fonctionnel. Par ailleurs cet ascenseur a bien opéré jusque-là, il a vu des sénégalais les plus modestes devenir grands intellectuels reconnus dans le monde, nous ne citerons que Kéba Mbaye et Cheikh Anta Diop. Nous avons constaté que les hommes d’Etat qui ont gouverné le Sénégal, et la majorité de nos grands fonctionnaires sont des fruits de l’enseignement public. Après en avoir profité, chercherait-on à fermer la Porte derrière nous?
Il faut s’attaquer à la racine du mal afin de l’éradiquer totalement, en redonnant à l’école publique son statut d’ascenseur social d’antan. Revaloriser l’enseignement professionnel, encadrer les « daara » pour combattre avec efficacité le chômage et l’avènement des marchands ambulants, crescendo. Mettre en exergue la formation professionnelle en récupérant systématiquement tous les jeunes que l’éducation nationale abandonne en cours de route et les former à des métiers d’avenir, « mieux vaut prévenir que guérir ». En formant les jeunes, on élève le niveau de la population.
Et ceci ne se fera pas sans le respect des enseignants, des professeurs, des éducateurs, qui ont la lourde tâche de préparer nos futurs dirigeants, notre avenir. La précarité mène à tout. C’est quand on n’a plus de perspective que l’on se retrouve à vendre des objets dans la rue pour survivre, ou risquer sa vie dans des embarcations de fortune. « Barça wala Barzakh » est un cri de désespoir total.
Dans un pays sans politique énergétique valable, d’où la décadence de l’agriculture, de la pêche, ainsi que tous les autres secteurs dont le déclin favorise l’exode rural et accroît le chômage déjà exorbitant. Il faut une solution énergétique afin d’industrialiser le pays, et nous en avons les moyens techniques et logistiques. Malheureusement, nos dirigeants manquent de vision et pire encore, de volonté.
« L’oisiveté est la mère de tous les vices ». Quand on est insignifiant dans une société en perpétuelle perte de valeurs, l’espoir de lendemains meilleurs peut se trouver à des milliers de km. Le mirage d’une oasis dans le désert, l’utopie d’un continent où la vie sera de toute façon meilleure que chez nous. À nos risques et périls, puisqu’il n’y a aucune autre alternative. D’où l’implosion de l’immigration clandestine.
Les responsabilités peuvent être attribuées à nos dirigeants, aux venants qui occultent la vérité sur leurs véritables conditions de vie dans leurs pays hôtes, aux occidentaux qui se louvoient dans l’hypocrisie « peut-on accueillir toute la misère du monde ? », nous leur répondrons par pourquoi pas ?
Si on est en partie responsable de la misère de ce monde, il faut assumer. Une part de responsabilité, aussi infime qu’elle soit, aux acteurs et victimes de ces tragédies qui baissent les bras face à l’injustice sociale au lieu de se battre contre ce système corrompu qui nous consume à petit feu et ceux qui l’entretiennent.
Sénégal2bouts , c’est le Sénégal de la diaspora et des locaux ( les 2 extrémités ), des villes et des villages