XALIMANEWS- L’Organisation mondiale de la santé (OMS) le considérait comme étant probablement le premier vaccin candidat au monde contre le Covid-19 et le plus avancé en termes de développement. Mais, mardi 8 septembre, le laboratoire AstraZeneca a annoncé la suspension de ses essais cliniques, après que l’un de ses patients a contracté une myélite transverse.
1Où en était le développement de ce vaccin ?
Il s’appelle AZD1222. Ce candidat-vaccin est développé au Royaume-Uni par le groupe pharmaceutique anglo-suédois AstraZeneca conjointement avec l’université d’Oxford. Il a été créé à partir d’un virus de rhume touchant les chimpanzés, ressemblant assez au Sars-CoV-2 pour que le système immunitaire humain puisse l’attaquer. Après avoir observé une réponse immunitaire chez les personnes testées (les résultats ont été publiés le 20 juillet dans la revue médicale The Lancet), les chercheurs ont débuté la phase 3 et des tests étaient menés au Royaume-Uni, en Chine et au Brésil.
La phase 3 d’un essai de vaccin correspond au moment où il est distribué à des milliers de personnes pour tester son efficacité à grande échelle. Les scientifiques voient alors combien de personnes sont infectées chez celles qui ont été vaccinées, par rapport à celles ayant reçu un placebo. Lors de la phase 3, le panel de volontaires est assez large pour révéler des effets secondaires rares qui n’auraient pas été remarqués dans les phases précédentes. C’est ce qu’il s’est passé pour le vaccin d’AstraZeneca. Neuf vaccins étaient en phase 3 au 9 septembre, selon le New York Times (article payant), qui recense les avancées des vaccins contre le Covid-19 dans le monde.
2Que s’est-il passé lors des essais ?
Tous les essais cliniques du vaccin développé par AstraZenecaont été suspendus dans le monde en raison d’une maladie inexpliquée contractée par un participant en Grande-Bretagne. Il lui a été diagnostiqué une myélite transverse, un syndrome inflammatoire affectant la moelle épinière et généralement déclenché par des infections virales, selon le New York Times, qui cite une source proche du dossier. Le quotidien américain précise que pour l’instant, on ne sait pas si cette maladie est directement liée à l’essai clinique. Aucun détail n’a été communiqué sur sa nature ni le moment où elle est survenue. Selon le site spécialisé sur la santé Stat News, le patient devrait se rétablir. « Notre processus de vérification standard a été déclenché et nous avons volontairement suspendu les vaccinations pour permettre à un comité indépendant de procéder à l’examen des données de sécurité », a déclaré la porte-parole d’AstraZeneca.
3Cette suspension des tests est-elle normale ?
Il s’agit d’une procédure de routine qui est enclenchée dès lors qu’une maladie potentiellement inexpliquée survient au cours d’un essai, affirme AstraZeneca. « Les essais sont souvent suspendus temporairement lorsqu’un effet indésirable se manifeste chez un patient, pour que les chercheurs puissent informer » les sites où des essais sont également menés, souligne à l’AFP David Lo, professeur à l’université de California Riverside. « Il s’agit juste d’être prudents pour le moment – c’est une pause, ce n’est pas la même chose que de dire ‘nous ne pouvons pas avancer' », ajoute-t-il.
Ce n’est « rien d’anormal », confirme au micro de franceinfo Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF).
Pour le médecin, cela « montre la difficulté de mettre au point un vaccin efficace et sûr ». « Mais je comprends que tout le monde soit déçu, nous aussi bien sûr. »
Le secrétaire britannique à la Santé, Matt Hancock, a déclaré mercredi 9 que la décision d’AstraZeneca constituait un défi, mais qu’elle n’entraînerait pas forcément un retard dans le processus du développement du vaccin. D’autres laboratoires cherchent désormais à savoir si leurs participants n’ont pas contracté la même maladie, assure Stat News.
4Quels pays l’ont déjà commandé ?
AstraZeneca a prévendu des centaines de millions de doses à de multiples pays dans le monde, soit davantage que tous ses concurrents. Le 13 juin, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et l’Italie ont signé un accord de principe qui assurerait aux pays membres de l’Union européenne la livraison de 400 millions de doses de ce vaccin.
Le groupe a aussi conclu d’autres accords de fabrication, notamment avec le gouvernement américain pour un montant de 1,2 milliard d’euros. Donald Trump espérait qu’une autorisation accélérée lui serait accordée avant l’élection présidentielle du 3 novembre, mais « les patrons de neuf groupes pharmaceutiques, dont AstraZeneca, l’avaient mis en garde, sans le citer, contre une autorisation précipitée d’un vaccin » sans avoir démontré « son innocuité et son efficacité via une étude clinique de phase 3 », indique Le Monde.
Franceinfo