Universitaire guinéen tué à Rouen : l’émotion de ses collègues.

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Mamoudou Barry était docteur en droit à la fac de Rouen (Seine-Maritime). Pris à partie par un homme qui avait proféré des insultes racistes, il a été roué de coups.

Par Timothée BoutryLe 21 juillet 2019 à 20h24, modifié le 21 juillet 2019 à 20h44

Il était brillant et très apprécié pour ses qualités humaines. Vendredi soir, Mamoudou Barry, un docteur en droit de l’université de Rouen (Seine-Maritime) de nationalité guinéenne, a été violemment agressé sur la commune de Canteleu, dans la banlieue de la ville. Transporté en urgence au CHU, le jeune enseignant de 31 ans a succombé dès le lendemain à ses blessures.

Son agresseur est activement recherché. Il est suspecté d’avoir proféré des insultes racistes avant de s’en prendre physiquement à sa victime. « Pour sa famille, il n’y a pas de doute : Mamoudou Barry a été agressé en raison de sa couleur de peau », souligne Me Jonas Haddad, l’avocat de ses proches. Mais les autorités judiciaires font preuve de prudence. « Les auditions et vérifications à venir devraient permettre de préciser le déroulement des faits », indique Pascal Prache, le procureur de la République de Rouen qui a ouvert une enquête.

« L’homme lançait des insultes racistes à la cantonade »

L’agression de Mamoudou Barry s’est déroulée entre 20 heures et 21 heures, à la hauteur d’un arrêt de bus de Canteleu. L’enseignant se trouvait dans sa voiture avec son épouse lorsqu’il a été verbalement pris à partie par un homme qui patientait sous un abribus. « L’homme lançait des insultes racistes à la cantonade », indique une source proche du dossier. « L’agresseur les a pointés du doigt et a dit : Vous les sales Noirs, on va vous niquer ce soir », a relaté à l’AFP un proche de Mamoudou Barry, faisant référence au coup d’envoi imminent, ce soir-là, de la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) entre le Sénégal à l’Algérie. « Au vu des premiers éléments, si le caractère raciste des propos semble avéré, le lien avec la CAN n’est pas formellement établi », tempère une source officielle.

Toujours est-il que l’enseignant en droit se serait arrêté pour demander des comptes à l’homme qui venait de l’insulter. Ce dernier l’aurait alors roué de coups avant qu’il ne tombe au sol. Un déchaînement de violence dont l’universitaire ne se relèvera pas. L’enquête a été confiée aux policiers de la sûreté départementale.

« Nous sommes effondrés »

Mamoudou Barry était marié et père d’une petite fille de 2 ans. Son décès brutal a provoqué une immense émotion au sein de la faculté de droit de Rouen où il venait de soutenir sa thèse, le 27 juin, sur les politiques fiscales et douanières en Afrique francophone. « Sa soutenance avait été brillante. Les membres du jury avaient été enthousiasmés par son travail », témoigne Johanna Guillaumé, la doyenne du département de droit de l’université.

Depuis plusieurs années, le jeune Guinéen était chargé d’enseignement. « Ses cours étaient très appréciés, poursuit l’universitaire. Il était estimé à la fois pour son travail de recherche, pour ses qualités pédagogiques et pour sa sympathie. Depuis l’annonce de son décès, je reçois de nombreux messages de collègues. Tous soulignent sa vivacité d’esprit, sa vitalité et sa bienveillance. Nous sommes effondrés et nous pensons en premier lieu à sa famille. »

« Il était passé vendredi matin pour nous remercier… »

De nationalité guinéenne, le chercheur n’avait pas rompu avec son pays d’origine. « Il passait régulièrement récupérer les livres dont nous n’avions plus besoin pour les apporter en Guinée, indique Fabien Lesueur qui travaille à la bibliothèque universitaire de droit. Il était d’ailleurs passé vendredi matin pour nous remercier. Je lui avais dit qu’il pouvait encore prendre un stock et il avait promis de revenir à la rentrée. C’est un tel choc d’apprendre qu’il a été agressé le soir même… » Le bibliothécaire souligne, lui aussi, « la gentillesse et la politesse » de Mamoudou Barry.

Une marche blanche en hommage au jeune enseignant pourrait se dérouler vendredi prochain entre l’université et le palais de justice.

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