Par ces temps frileux que vit la capitale sénégalaise, chacun y va de ses manières pour faire face à la vague de fraicheur qui sévit. Si certains se tournent vers les cosmétiques en particulier, le beurre de karité, d’autres par contre puisent dans l’arsenal de séduction. Reportage.
Les premières lueurs se dessinent en cette matinée sur la gare routière de Dakar. Cette artère marchande jadis envahie dés les premières lueurs de l’aube peine tarde encore à renouer avec son ambiance habituelle.
Pour cause, la fraicheur n’incite guère à beaucoup de mouvements. La capitale sénégalaise connait depuis mi -janvier dernier, une vague de fraicheur. Si c’est une aubaine pour les vendeurs de pulls, elle est un moment propice à un retour aux valeurs ancestrales sénégalaises.
Karité, la reine de la cosmétique en temps de froid
Elle s’étale sur toutes les tables et ravit la vedette à tous les produits cosmétiques. Et pour cause son bas prix et ses vertus font de lui un produit par excellence en ces périodes de fraicheur. « Actuellement ce qui marche le plus, c’est le karité, les encens et encensoirs venus du Mali !
Normal ces temps- ci, il fait tellement froid que nous-mêmes les grandes personnes, on s’enduit le corps de karité de la tête aux pieds pour ne pas trop souffrir et préserver nos vieux os » renseigne Yaye Astou, une vendeuse établi en ce lieu depuis plusieurs années. Le kilogramme de karité s’échange entre 2000 et 3000 francs suivant la qualité et le pays d’origine ; Mali, Burkina, etc.
Mariétou Diop, 10 ans de commerce abonde dans le même sens : « le karité et les encensoirs sont les plus demandés en ce moment ». Cependant elle déplore quelque peu le manque de clients : « la période pouvait être plus rentable, il y a quelque années de cela tout le stock de karité que je faisais convoyer du Mali se terminait très vite mais actuellement avec la crise on a du mal à écouler le stock.
Même les encensoirs ne trainaient pas, maintenant on a de plus en plus du mal à vendre ». Une situation qui se répercute sur leurs bénéfices. « Parfois il nous arrive de descendre du travail avec prés de 25000 francs mais des fois tu as du mal à avoir 7000 francs, cela dépend des jours », note Mariétou Diop.
Sur la clientèle, la vendeuse renseigne qu’hommes et femmes viennent s’approvisionner ; de même que les européens qui selon elle, connaissent mieux les vertus du karité. Rencontrée sur le marché, Mariama Sylla est étudiante dans un institut de la place, elle avoue être accro au karité : « avec le froid, je n’hésite même pas, c’est le karité que j’utilise, comme elle a une odeur particulière, je le mélange avec un peu d’eau et la fouette pour atténuer un peu l’odeur. Avant chaque nuit, je m’en enduis et je me lave au lever du lit, cela te donne un teint doux et resplendissant ».
L’arsenal de séduction pour faire face au froid
Trouvée un peu plus loin, devant un étal où les encens se disputent la grande partie ; Yaye Astou nous fait étalage de sa marchandise : « en ce moment, l’encens de même que les encensoirs sont au top. J’ai plusieurs variétés d’encens, j’ai le ‘’ diguidjeu’’, le ‘’gowé’’ ; les prix varient entre 5000 et 10000 francs, cela dépend. Il y a aussi les ‘’férrs dank ‘’ dont le prix tourne autour de 500 à 1000 selon la grosseur ». Et de nous faire la liste des noms évocateurs à l’intimité provocante : ‘’ Gawal watieuma’’, ‘’songoma’’,’’ kouma niémé’’,’’ teud diotna’’, ‘’sarkhatan’’, tiopet, lalalé, fayal lampbi,…
En plein marchandage devant un assortiment d’encensoirs de différentes tailles, Oumou Khairy,femme mariée y va de son commentaire : « certes il y a la période de froid mais j’ai toujours fait cela car cela fait partie de mon éducation ».
Sur ses trucs et astuces pour faire plaisir à son mari en cette période de fraîcheur, elle renseigne : « je mets beaucoup d’encens pour parfumer toute la maison ; je cuisine aussi de bons plats pour lui, je veille beaucoup a ce que la propreté soit de mise et en ce qui concerne les’’ bine-bine’’, j’en mets aussi ». Son marchandage avec la vendeuse terminée, elle repart avec dans ses bras un encensoir.
La vendeuse du nom de Moussou Kanté nous livre quelque anecdotes sur la vente de ces produits en ces temps de fraîcheur : « vous savez, ce sont des sénégalais bon teint qui viennent s’approvisionner. La fois dernière, je suis tombée sur un homme qui est venu acheter un kilogramme de ‘’Gowé’’ et un encensoir pour sa femme ». Comme quoi, il n’y a pas que les femmes qui sachent faire plaisir à leur homme en ces périodes de fraîcheur.
Marie Lucie Bombolong