XALIMA NEWS – Les sénégalais aiment rompre le jeûne avec du pain chaud, assaisonné de saucisson ou de fromage gruyère. Le ramadan reste un bon prétexte pour remplir cette condition. Souvent, à l’approche de l’heure de la rupture, les jeûneurs se lancent à la recherche de pâtisserie pour se ravitailler en pain. Ainsi, le décor imposant de la boulangerie Sandaga, à pareille circonstance, illustre la détermination des jeûneurs. S’approvisionner à cette boulangerie qui refuse du monde exige une certaine vigueur physique. Mais aussi, une détermination à braver avec témérité l’imposante réalité de l’offre de pain.
17 heures, Sandaga refuse du monde. L’heure est aux achats de pains pour la coupure du jeûne. Chacun veut manifestement être servi en premier. Et, les revendeurs qui squattent les abords de la boulangerie Sandaga, avec des sacs remplis de pains, attire l’attention des passants. Ils s’alignent, juste, à l’entrée de la boulangerie.
Souvent en posture assise ou debout, à coté de charriots de pain. Face à ce scenarii, l’inquiétude anime le passant qui se poserait souvent la question, du pourquoi un tel engouement autour du pain. Du coup, au fil du temps, une agglomération humaine se dresse. Une foule, exigeant patience s’agite dans un fond sonore, constitué d’une multitude de dialectes. Symboliquement, une représentation du Sénégal en miniature apparaît.
Mais, certains les yeux rougis par les effets de la faim qui prédominent. Rien ne se pardonne. Les distributeurs de la boulangerie engagent le « dispatching » de la production. Ainsi, commencent les séquences de bousculades qui font monter la tension, tout en réchauffant les nerfs de certains clients.
L’engouement autour du pain
L’engouement autour du pain donne des idées aux revendeurs. Ils profitent de la situation, en complicité avec la boulangerie pour corser les prix.
Vu que le client a amoindri ses difficultés en s’offrant du pain à l’extérieur de la boulangerie ; les revendeurs trouvent normal qu’il met un petit plus. C’est ce mode opératoire qui installe une incidence négative sur les prix du pain qui haussent de manière exponentielle. Habituellement, la boulangerie fixe à l’intérieur les prix de ses différentes variétés de pain. Ils sont cadrés entre 100 Fcfa, 150 Fcfa et 200 Fcfa.
Mais, l’extérieur, occupé par les revendeurs, développe une autre grille tarifaire. Et, le pain qui s’y offre, connaissant une hausse de 50 Fcfa, fait l’affaire des raquetteurs, établis à la devanture de la boulangerie Sandaga.
« Ici, il faut de la patience pour avoir du pain. Nous sommes nombreux à venir se ravitailler en pain croustillant et chaud. Qu’importe le prix à payer, nous sommes prêts pour rentrer avec ce format de pain enrichi », se détermine Adja Diallo, une jeune fille de 25 ans, mandatée par sa mère.
Cette jeune demoiselle, un peu froide de nature, est déterminée à rentrer au bercail avec ce pain chaud et croustillant. Rien ne semble l’ébranler ou la détourner de son objectif. A cet effet, la forte affluence notée aux alentours de la boulangerie, conduit à des prix déraisonnables. Et, les revendeurs occasionnels, juste le temps d’un ramadan, observe un rajout de 50 Fcfa, unité, au lieu de 25 Fcfa recommandés.
Ces derniers, donnant la miche de pain à 150 Fcfa, 200 Fcfa et 250 Fcfa, cherchent à faire un bon chiffre d’affaires, durant le mois de ramadan. «On ne vend pas nos pains au même prix que la boulangerie, parce que ce sont eux qui nous les fournit. Même si, l’augmentation dépasse ce qui est recommandé, on est obligé de le faire pour pouvoir s’en sortir », explique Abou Faye, un jeune sérère, natif de Fatick.
Le statut de revendeur, Abdou Faye est loin d’être le seul dans le périmètre à se l’approprier. Il partage l’espace avec d’autres camarades d’infortunes, parmi lesquels, Issa Ndiaye, âgé d’à peine 14 ans.
Ce dernier, œuvrant à l’appel d’une clientèle, précise avec fermeté qu’ils ne peuvent pas revendre le pain, aux mêmes prix que les boulangeries. Seulement, l’activité de commerce parallèle trouve aussi, ses racines dans le fait que le temps de la rupture n’attend personne. La fuite du temps, les oblige à chercher à prendre les devants.
L’offre, inférieure à la demande
Autrement, le commerce parallèle opéré par des jeunes revendeurs, est la résultante de l’offre qui est inférieure à la demande. Et, par ricochet, les enfants, « ventre affamé », n’auront pas à pardonner l’absence de pain autour de la table familiale. Ce serait un « pêché » pour n’importe quel responsable de famille qui ose le faire.
« Achetez chers clients mon pain. Et, vous n’allez pas le regretter. Je ne fais que revendre pour gagner un bénéfice. Donc, c’est très normal qu’il y’ait divergence de prix », tranche Bineta Mbaye, la trentaine révolue. Elle promet aux passants un pain croustillant et succulent pour attirer de potentiels clients qui voudraient s’attarder à accéder à l’intérieur de la boulangerie.
Bineta avec son teint, atteint de dépigmentation chronique, promet rapidité et qualité de service aux clients pour justifier ses prix de reventes. « Je trouve dérisoire les prix fixé par mes collègues. Ils en font un peu trop à cause de l’affluence qu’il y’a en ce mois de ramadan. Il devrait en profiter pour faire le bien au lieu de profiter de ces quelques jours pour amasser le maximum d’argent.
Mais vu que les gens sont pressés à ces heures et ne peuvent pas faire la queue pour acheter, ca fera leurs affaires. Personnellement, je ne change pas mes prix de vente, je respecte la norme », s’alarme Amadou Diallo, retrouvé devant son charriot de pain. Le jeune revendeur ne valide pas l’augmentation des prix de pain, dont excellent ses camarades.
Ramadan oblige… Chers ou pas, les clients payent le prix qu’il faut pour rentrer avec du pain. Certains clients, à quelques heures du « Ndogou », pour assouvir la faim journalière, ne s’attardent pas sur des détails de 25 à 50 Fcfa.
Grand Place