Le président gambien Yahya Jammeh a prédit sa réélection à l’occasion du scrutin de ce jeudi dont les conditions ont été critiquées par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Les 800.000 Gambiens inscrits sur les listes électorales devaient départager leur président sortant et ses deux adversaires.
Opposé à Hamat Bah, candidat soutenu par quatre partis, et à Ousainou Darboe, un juriste formé au Canada, Jammeh, au pouvoir depuis le coup d’Etat de 1994, semble assuré de remporter un nouveau mandat de cinq ans.
« Je pense que je l’emporterai avec une large majorité », a dit à la presse l’ancien militaire, âgé de 46 ans.
« Les gens savent ce que j’ai fait pour la Gambie ces 17 dernières années, en terme de développement. Les Britanniques qui sont restés 400 ans ne l’avaient jamais fait. »
Ses dix-sept années à la tête de l’ancienne colonie britannique ont été marquées par une répression brutale des manifestations et des arrestations de masse dans les rangs de l’opposition.
La Cédéao a refusé d’envoyer une mission d’observation en Gambie, estimant que « les préparatifs et l’environnement politique (…) n’incitent pas à la tenue d’élections libres, justes et transparentes ».
L’organisation régionale dénonce notamment la répression et les pratiques d’intimidation contre l’opposition.
MISE EN GARDE
Alhagie Mustapha Carayol, qui dirige la commission électorale gambienne, a jugé que les affirmations de la Cédéao étaient « absurdes et nulles ».
« La Cédéao dresse un tableau erroné du climat politique dans notre pays », a-t-il dit, l’accusant de semer le trouble avant le scrutin. « Tout ce qui pourrait se passer en Gambie, la Cédéao en sera responsable. »
A 46 ans, Yayah Jammeh a remporté les trois élections organisées depuis le coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir, obtenant il y a cinq ans son meilleur score avec 67% des voix au terme d’un scrutin émaillé d’accusations de fraudes.
La méthode de vote, inchangée depuis l’époque coloniale, consiste à donner une bille à chaque électeur, qui la jette dans le tambour correspondant à son candidat. La bille fait sonner une cloche, ce qui est censé empêcher les votes multiples.
La participation était importante dans la capitale Banjul et ses environs. Plusieurs bureaux de vote sont restés ouverts après l’heure de fermeture prévue (16h00 GMT).
Les premiers résultats sont attendus plus tard dans la journée.
Jammeh a affirmé qu’il n’y aurait pas de coalition à l’issue de ces élections.
« L’opposition ne veut pas le bien de ce pays. Ils courent le monde pour salir son nom. Ils ne veulent pas la paix, ils veulent les ennuis. Et je les attends après l’élection », a-t-il lancé à la radio en guise de mise en garde.
Pap Saine; Henri-Pierre André pour le service français
nouvelobs.com