Les autorités cherchent les moyens d’amortir les effets sociaux et économiques de la mesure, mais il est certain que la décision a déjà été prise de procéder à la hausse du sucre. Et l’annonce en sera faite très bientôt. Par Mohamed GUEYE
On ne pourra y couper plus longtemps, et le sucre est bien parti pour connaître une hausse très bientôt. Au ministère du Commerce, comme à la Primature, les autorités cherchent encore le moyen d’amortir socialement le choc, avant de lâcher la bombe sur la tête des consommateurs. Cette fois-ci, la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) n’y est presque pour rien ; c’est la conjoncture internationale qui commande.
Et pour ceux qui suivent les cours du marché, la tendance était prévisible depuis un bon bout de temps. Depuis déjà le dernier trimestre de l’année dernière. La denrée a atteint des niveaux de hausse jamais égalés, et il était évident qu’elle ne pouvait se vendre plus cher sur le marché international et rester longtemps stable au plan local, sans que personne n’en supporte les conséquences. Dans l’entretien qu’il a accordé au journal Le Quotidien, le Dg de la compagnie sucrière, André Froissard, estime (voir ci-dessous), qu’il leur faudra environ 60 000 tonnes de plus à importer, pour couvrir les besoins du pays. On ne peut pas demander à des capitalistes de venir vendre à perte.
Et la situation actuelle étant bien différente de celle de 2008, on ne peut espérer voir l’Etat prendre en charge, par des subventions à la consommation ou à l’importation, le différentiel de coût. Donc, la vérité des prix va certainement jouer, au détriment des consommateurs.
Mais quelque part, cela ne vaudrait-il pas mieux que de ne pas disposer de sucre sur les étagères de nos boutiques ? Car il est certain que si le sucre local coûte moins cher que celui que nos voisins consomment, le phénomène qui, il y a une époque, avait failli pousser la Css à fermer, va reprendre, mais dans le sens inverse. Les contrebandiers vont littéralement piller les stocks de sucre ici, pour alimenter les échoppes de Banjul, de Kaédi ou de Selibaby.
Mais puisque le prix du sucre va se saler, souhaitons qu’il le restera dans les limites du supportable. Et c’est sans doute ce qui retardera encore pour quelque temps, l’annonce officielle de cette hausse prochaine. Pour les gros consommateurs de sucre que sont les Sénégalais, 50 francs Cfa de hausse par kilo sont déjà énormes pour certains budgets.
mgueye@lequotidien.