Jennifer Bricker avait un rêve d’enfant: devenir gymnaste. Tout comme son idole, la championne olympique Dominique Moceanu. Née sans jambes, le défi à relever n’était pas gagné d’avance. Pourtant, Jennifer devient gymnaste et même championne du monde de tumbling. Sa carrière va de surprise en surprise et l’intrépide jeune fille s’essaie contre toute attente au football et au basket, avec succès. Mais la plus grande surprise de sa vie allait arriver à ses 16 ans…
Née sans jambes, Jennifer est abandonnée toute petite par ses parents biologiques en raison de son lourd handicap. Par bonheur, elle est adoptée par une famille pleine d’amour qui ne se formalise pas de recevoir un enfant sans membres inférieurs. Chez les Brickers, qui vivent dans un petit village de l’Illinois, une seule règle prévaut: « Ne dis jamais que tu ne peux pas y arriver ».
Du trampoline dans le jardin à Britney Spears
Mais malgré toute la ténacité qu’on lui a inculquée, l’objectif de Jennifer pose un problème purement technique: elle veut faire de la gymnastique acrobatique. Des saltos pour une cul-de-jatte? L’idée en aurait fait rire beaucoup, mais la famille d’accueil de Jennifer tient bon et, conformément à ses principes, la soutient pleinement. Elle s’entraîne sans relâche en commençant tout simplement avec son père adoptif à faire des saltos sur le trampoline familial. La petite fille n’a qu’une chose en tête: marcher sur les traces de son idole, la médaille d’or de gymnastique des Jeux olympiques de 1996 à Atlanta, Dominique Moceanu.
Et à force d’entraînement et de détermination, elle réussit son pari. Elle devient championne de gymnastique acrobatique de l’état d’Illinois et joue au baseball et au basket. Pour l’anecdote, elle fera partie des acrobates de la tournée « Circus » de la chanteuse Britney Spears.
Un handicap? Quel handicap?
« Handicapée? Elle ne se sent pas ‘handicapée’. Lorsque quelqu’un lui a dit qu’elle l’était, elle a répondu que ce n’était pas le cas. Quand cette personne lui a dit qu’elle était quand même en chaise roulante, elle a répondu: ‘Seulement pour ne pas me salir’… », se souvient Gerald, le père de Jennifer.
Le jour de ses seize ans, comme beaucoup d’enfants adoptés, elle est pleine de questions sur sa famille biologique. Elle demande donc à sa mère Sharon: « Y a-t-il quelque chose que je doive savoir sur mon adoption, mes parents naturels ou quelque chose que vous ne m’ayez encore jamais dit? ». Sa mère opine et lui conseille de s’asseoir. « Mais je suis toujours assise Maman », répond l’adolescente avec philosophie. « Donne-moi plutôt mon véritable nom de famille ». « Justement, tes parents biologiques s’appellent Moceanu », lui annonce sa mère.
De l’adoration au lien fraternel
Ce jour-là, Jennifer Brickers apprend non seulement qu’elle porte le nom de son héroïne mais qu’elle est en plus sa soeur. Avec le recul, la ressemblance entre les deux femmes est frappante, et son admiration pour son aînée s’explique. Jennifer écrit immédiatement une lettre à sa soeur biologique à laquelle elle joint les documents officiels de son adoption et une photo en guise de preuves. Dans un premier temps sous le choc, la championne olympique ne doute cependant pas un seul instant que Jennifer est sa soeur. « Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à ma soeur cadette, Christina », confirme l’athlète.
« Parler avec votre idole de jeunesse, c’est déjà très particulier. Mais apprendre qu’en plus c’est votre soeur, c’est incroyable », explique Jennifer. « Dans sa lettre, Jennifer m’explique qu’elle est athlète, acrobate », explique pour sa part Dominique Moceanu. « Plus tard, au téléphone, elle ajoute comme un détail de la conversation: ‘Oh, et je n’ai pas de jambes’. J’ai énormément de respect pour elle. Son acharnement pour réaliser son rêve et tous les obstacles qu’elle a surmontés, c’est formidable. Et c’est ma soeur! », s’exclame la championne olympique.