Cinq ans après son dernier album, Cheikh Lô fait son retour avec l’album Jamm. Un produit pur de la world music où il se rappelle au bon souvenir des grands orchestres africains tels le Bembeya Jazz. Une nostalgie accompagnée de mélodies variées provenant d’Afrique.
Un album 100% World music avec des mélodies empruntées ici et là pour en faire un tout, un style propre. Telle pourrait être la présentation de « Jamm » (la paix, en wolof), le nouvel album de Cheikh Lô sorti le 30 août dernier sur le marché international. Le chanteur mouride aux dreadlocks légendaires a voulu, à travers ce quatrième album, rendre surtout hommage à des groupes phares de la musique africaine tels que le Bembeya Jazz et Maravillas. Et à travers ces formations musicales des personnages comme Tabouley Rochereau, Salif Keita et Mory Kanté sont considérés par la jeunesse de l’époque comme des icônes. Témoin de cet âge d’or de ces groupes musicaux, Cheikh Lô, les regardait comme des « références ». Il raconte d’ailleurs avoir eu souvent le privilège de voir Salif Keita et Mory Kanté jouer ou en pleine répétition à l’hôtel du Gare, à Bamako où il séjournait les vacances avant de se rendre au Burkina où vivait son père. Dans cet hommage, les chantres de la musique cubaine comme Laba Soseh et Bellardo Barrosso ne sont pas en reste.
Nostalgique de ces moments fastes de la musique africaine, Cheikh Lô s’en remémore en faisant une sorte de ballade des airs et des mélodies touareg, du mbalax funky ou encore du flamenco. Un brassage musical qui a toujours été la marque de fabrique de Cheikh Lô. Polyglotte, l’homme chante en Dioula, en bambara, en wolof et en français. Une aisance dans les langues qu’il revendique comme son côté panafricaniste sur lequel il dit n’avoir pas d’égal. Mais au-delà de la nostalgie, « Jamm », c’est avant tout la paix à laquelle ce fervent talibé mouride appelle tout le monde. Car pour lui, sans cette paix, aucune entreprise ne peut se faire. « Tout le monde doit en faire son affaire alors », souligne-t-il. A la jeunesse africaine désespérée jusqu’à utiliser les pirogues pour se jeter en mer, Cheikh Lô lui chante Doni Doni, le morceau fétiche de Bembeya Jazz. Mais aussi c’est une manière à lui de sensibiliser sur l’avenir incertain dans ce pseudo Eldorado qu’est l’Europe. Ces jeunes qui tentent l’aventure, ce sont, à ses yeux, des « tout-risques » à côté des touristes européens venus chercher le soleil et les belles plages en Afrique, sans danger. Dans un autre registre, Cheikh Lô s’attaque à l’argent dans Warico qui, selon lui, ne fait pas toujours le bienfait. Il est aussi source de corruption, de la cupidité des individus. Et de leur malheur parfois. Pour autant, Cheikh Lô ne fait pas l’éloge de la pauvreté, même s’il dit que c’est à travers elle qu’on reconnaît la dignité de certaines personnes.
Artiste plein de facettes, Cheikh Lô fait montre de ses talents d’humoriste à travers le morceau Bourama où il raconte l’histoire d’un petit impudent qui a cassé sa bicyclette. L’histoire, racontée d’une certaine façon fait référence à l’humour naturel des africains.
Ce quatrième album de dix titres, produit par le World circuit Records, la maison de disque londonienne de l’artiste, caracole déjà au sommet des classements. Dans son édition d’août-septembre 2010, le magazine spécialisé londonien Songlines l’a classé numéro 1 sur le Top 70 des albums de la Wolrd music sortis en ce moment. Un bon début.
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