XALIMANEWS- Un individu du nom d’Abdou Lakhad Dieng a été tué à Keur Massar dans la nuit du 18 au 19 juillet dernier. La gendarmerie a ouvert une enquête.
Nuit du samedi 18 au dimanche 19 juillet. Il est 3 heures du matin. Au quartier Cheikh Lô de Keur Massar (lointaine banlieue de Dakar), la plupart des habitants sont confortablement plongés dans les bras de Morphée. Seuls quelques rares noctambules veillent encore dans leur salon, suivant les programmes des chaines de télévision.
Dans ce quartier interlope où les malfaiteurs dictent souvent leur loi, il est hasardeux de s’aventurer dehors à la tombée de la nuit. Lorsqu’un appel au secours retentit, personne ne réagit. Pourtant l’individu en détresse, Abdou Lakhad Dieng, est bien connu dans le coin. Pris à parti par des assaillants, il sera battu à mort, puis jeté dans un dépôt d’ordures.
L’incident s’est passé juste au moment où Abdou L. Dieng s’apprêtait à tambouriner sur la porte de la maison où il vit avec sa famille et des colocataires. «Ouvrez vite la porte, sinon ils vont me tuer», hurle-t-il encore de toutes ses cordes vocales. Les voisins, tirés de leur lit, en ont le ventre noué. Mais tous restent cloitrés dans leur chambre.
Dehors, les coups pleuvent et les hurlements d’Abdou Lakhad retentissent dans le quartier. Puis, au bout de 5 minutes, les cris cessent. Un silence inquiétant pour les voisins qui n’ont pas osé mettre le nez dehors. «On savait bien qu’il se passait quelque chose de grave, mais ici l’insécurité est telle que je n’ai pas osé sortir», témoigne Maguette Ndiaye, une dame d’une quarantaine d’années, colocataire d’Abdou Lakhad Dieng. Terrifiés par les appels au secours, ce n’est qu’à l’aube que ceux qui se sont rués dehors découvrant le corps sans vie du malheureux Abdou Lakhad, baignant dans une mare de sang.
Agression ou règlement de comptes
Au petit matin du dimanche, lorsque les habitants découvrent le corps sans vie d’Abdou Lakhad, ils sont effondrés. «Il a été charcuté de plusieurs coups de couteau avant d’être traîné quelques mètres plus loin», commente l’un d’eux qui s’est penché sur la dépouille de Dieng, peu avant l’arrivée des gendarmes de la Brigade de Keur Massar. Du sang, il y en avait partout, preuve que dans sa tentative de fuite, le défunt a été poursuivi et lardé à coups de couteau. «Sur les murs et partout, il y avait beaucoup de sang», témoigne encore Maguette Ndiaye, le doigt pointé sur un mur que le frangin du défunt avait fini de nettoyer.
Au quartier Cheikh Lô où les populations ont assisté hier à l’isolement de la scène du crime par la gendarmerie aux fins de recueillir des indices, on penche pour la thèse du règlement de comptes. «On peut supposer que l’explication réelle de ce crime est un règlement de comptes, si l’on se fie à l’heure et aux cris du défunt qui a assurément été suivi par des gens qui le connaissent bien», souffle sous le couvert de l’anonymat, un habitant du quartier, qui de sa chambre, n’a rien raté de la mise à mort d’Abdou Lakhad Dieng sans oser intervenir. «J’ai entendu les cris, les coups et tout, mais je ne pouvais pas risquer ma vie», se dédouane notre interlocuteur, dénonçant l’absence d’éclairage public dans le quartier plongé dans une totale obscurité dès la tombée de la nuit.
Abdou Lakhad Dieng victime d’une rivalité entre deux gangs
Ils ont vu juste ceux-là qui, parmi les habitants, avaient privilégié la thèse d’un règlement de comptes. Selon les informations obtenues de sources fiables et confirmées par des proches de l’enquête, Abdou Lakhad connu du milieu interlope serait membre d’un gang qui squatte les abords de la station «Mtoa de Keur Massar». La même source souffle que les auteurs de ce règlement de comptes n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère. «En plus de le tuer, ils l’ont traîné avant de jeter son corps dans un dépôt d’ordures non loin de l’école élémentaire de l’Unité 11 de Keur Massar», indique notre interlocuteur.
Un membre du gang rival arrêté
Du côté de l’enquête, les choses n’ont pas traîné. Le profil du défunt et ses accointances avec le milieu interlope ont mis les gendarmes sur la piste des malfaiteurs connus et qui squattent les abords de la Station Mtoa de Keur Massar où ils ont pris dans leurs filets un membre du gang rival. Ce dernier serait un présumé membre du gang qui a pris part à l’exécution d’Abdou Lakhad Dieng.
L’Observateur