La montée de la violence politique au Sénégal inquiète à l’étranger. La France avait jusqu’ici marché sur des œufs à propos du Sénégal, évitant surtout l’accusation d’ingérence qui tomberait comme du pain béni pour un Wade en bien mauvaise posture. Le Quai d’Orsay a réagi aux événements de Dakar vendredi 23 décembre…
Le vendredi 23 décembre, le vieux président de 86 ans a été confirmé candidat à la présidentielle par un congrès d’investiture de « Fal 2012 », la coalition qui le soutient, mais cette journée a été marqué par le meurtre de Ndiaga Diop, un lutteur habitant Thiaroye, et qui faisait partie de la bande de nervis qui a échangé des coups de feu à Baobab avec le maire socialiste de la commune de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias.
Quelques minutes avant ce drame, la même bande s’était rendue au domicile du Pr Abdoulaye Bathily, le président du directoire de campagne de Moustapha Niasse, pour l’intimider. Ils ont été identifiés comme proches de responsables du Pds.
Plusieurs représentations diplomatiques, organisations politiques et des Ong ont relevé d’un cran leur niveau d’alerte sur le Sénégal après la dégradation de la situation politique, à un mois de la campagne électorale pour un scrutin dont le premier tour est prévu le 26 février. Le M 23 a organisé le même jour un méga-meeting pour rappeler que la candidature de Me Wade est plombée par la limitation des mandats qu’impose la Constitution.
« Nous suivons la situation de près. Nous avons pris connaissance des graves incidents qui se sont déroulés hier près de la mairie de Mermoz et également au domicile de M. Abdoulaye Bathily qui visiblement était poursuivi par des nervis à bord de véhicules. Ces incidents se sont traduits par la mort d’une personne », a déclaré Bernard Valéro, le porte-parole du ministère français des Affaires Etrangères.
La voix officielle de la diplomatie française déplore « cette flambée de violence qui n’a aucune place dans un pays comme le Sénégal. Le Quai d’Orsay indique que son Ambassadeur et tous ses collègues européens à Dakar sont en contact avec les autorités sénégalaises en plaidant pour que toutes les mesures soient prises pour que de tels incidents ne se reproduisent plus. »
Qu’ils ne se reproduisent plus ? Peu probable tellement l’atmosphère est viciée par la radicalisations de tous les acteurs, et la violence des discours…
A propos de la candidature du président Wade qui suscite de fortes contestations par une partie de l’opinion sénégalaise, la France ne veut pas donner une direction. Et Bernard Valéro n’a pas dérogé à la règle.
« S’agissant des perspectives électorales du Sénégal, nous n’avons pas de spéculations à faire sur qui sera ou ne sera pas candidat. Nous nous en remettons à la sagesse des Sénégalais et nous faisons confiance à la tradition démocratique de ce grand pays », a-t-il simplement indiqué.