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Viva Diva !

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La grande faucheuse a encore frappé. Yandé Codou Sène, la diva de la chanson sérère, n’est plus. Elle est partie des suites d’une longue maladie. Cette triste nouvelle a envahi le Sénégal hier en début d’après, plongeant tous les amoureux de la musique traditionnelle sérère, et tous ceux qui l’avaient connue, dans la consternation et la tristesse. Mais, c’est cela aussi la vie. Absurde et ingrate qu’elle, elle a toujours le plaisir de nous ravir ceux que nous aimons, au mauvais moment.

Sa belle voix jazzy qui évolue entre tantôt le rauque, tantôt le fluet, rappelait à certains moments, cette « voix grave de contralto », qu’aimait chanter son compagnon et fidèle ami Léopold Sédar Senghor. Cette voix qui égayait les séjours des hôtes du poète président et l’accompagnait aussi celui-ci dans ses pérégrinations à travers le monde, s’est tue à jamais.

Née en 1932 à Somb, Yandé Codou avait acquis ses lettres de noblesse grâce à sa belle voix et à la qualité de ses prestations. De son vivant, elle était la seule à pouvoir interrompre le président Senghor en plaine allocution pour louer ses mérites. Ce qui revigorait ce dernier. Certains allaient même jusqu’à dire qu’il y avait une sorte de « complicité mystique » entre eux.

C’est aux cotés de sa mère Amadjiguène Gningue, que Yandé Codou s’est initiée à la chanson. Elle s’est révélée dans cet art à travers les chants pour les circoncis de Boof Poupouye, un village situé à 6 km de Diakhao dans le Sine. Elle n’avait à l’époque que 15 ans. Le véritable déclic de sa carrière est cependant intervenu à Gossas lors de sa rencontre avec le Président Léopold Sédar Senghor qui fit d’elle sa cantatrice sérère préférée. Yandé Codou Sène était dotée de réelles qualités que sont : « l’inspiration constante, la technique idéale, la rapidité dans la mise en œuvre des idées, l’intelligence, la mémoire, la curiosité, la clarté et la sainteté de son esprit ».

Ce qui en avait fait selon Laurence Gavron, une cinéaste française qui a réalisé un film sur elle en 2007, « une brave femme symbole de l’époque de Senghor, un des derniers piliers de la pure tradition griotte qui aimait rappeler les généalogies ».

Yandé Codou a dédié « sa vie à la valorisation de l’oralité africaine à travers la poéticité, la rhétorique et l’esthétique de ces chants et louanges ». Connue pour la chanson traditionnelle, elle s’est aussi essayée à la musique moderne en travaillant avec Youssou Ndour, dans un album qui, bien que datant de 1993, n’en continue pas moins à occuper les sommets des hits.

Yandé Codou n’a vécu que pour l’art en général et la musique en particulier. Laurence Gavron : « la dernière fois où je l’ai filmée c’était lors d’un festival à Evry en France. Malgré le poids de l’âge et de la maladie, lorsque les djembés ont retenti, elle a été incapable de s’asseoir plus longtemps. Elle s’est alors levée et les a accompagnés. Elle ne savait pas rester insensible à l’appel des djembés ». Elle est partie rejoindre son ami Senghor dans les prairies célestes à l’âge de 78 ans, laissant à sa fille aînée Aïda Mbaye la charge de maintenir le flambeau qu’elle a déjà allumé. Elle est certes partie. Mais le chantait le poète : « son écho va retentir au-delà de nos frontières ». Yandé Codou a été inhumé dans son village natal de Somb dans le département de Gossas. Que la terre lui soit légère.

A sa famille la Sentinelle présente ses condoléances les plus émues et les plus sincères.
http://www.africanglobalnews.info

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