Elle renseigne même avoir envoyé balader Bouba Ndour, lorsqu’ils se sont rencontrés pour la première fois. « quand on s’est rencontré, je l’ai envoyé balader en lui montrant qu’il n’y a pas de petit frère de Youssou qui tienne. Il est reparti bredouille. »
« On s’est revu pendant une tournée internationale. », a t-elle ajouté, une manière sans doute pour elle de dire qu’elle avait déjà commencé à faire ses tournées internationales avant de l’avoir rencontré.
Sacré couple, ça balance sec !
NETTALI.NET –
Par son physique, sa voix, son charisme… Viviane Ndour est l’incarnation même de la superstar. Cette «bombe» de la musique sénégalaise fait rêver les hommes, les femmes, les enfants et les vieux. Mais la dame de cœur de Bouba Ndour n’a pas toujours eu une vie toute rose. Pour vous, lecteurs de L’Obs, la reine du Djolof band parle des péripéties de sa vie, sans tabou ni langue de bois. Bonne lecture.
Votre album est enfin sur le marché. Pourquoi il y a eu tout ce retard ?
Oui ! C’est vrai. Mais vous savez dans la vie, il y a parfois des imprévus…(Elle hésite un peu et reprend). Ok ! J’étais mariée à Bouba qui est aussi mon producteur. Il y a eu la séparation. Et voilà quoi ! Ce stand bye par rapport à l’album est peut-être normal. Mais, je continuais à me produire avec mon groupe, j’avais des contrats, les gens ont continué à m’aduler etc. Vous savez, quand on a l’habitude de travailler avec quelqu’un et que ça marche, on ne peut pas le changer juste parce qu’on n’est plus ensemble. Maintenant, Dieu merci, on s’est remarié et bien travaillé comme d’habitude. L’album tant attendu est là. Les gens apprécient. Ça fait un boom !
Justement, comment s’est fait votre remariage ?
(Elle rigole) Non ! Personne n’était au courant. Peut-être que les gens ne vont pas le croire, mais on n’était pas averti. Youssou a fait son devoir. Il a simplement appelé mon frère et ils nous ont remariés.
Et il vous a appelé après !
Voilà ! Il nous a appelés et il m’a dit «félicitation», je vous ai remariés. Et voilà ! Youssou est notre grand frère, on le respecte. Donc, s’il voit quelque chose de bien pour nous, il le fait et nous n’avons rien à dire. Surtout que nous avons des enfants, il y a beaucoup de choses qui nous lient et qui ne datent pas d’aujourd’hui. C’est quelque chose qui devait arriver.
Youssou Ndour a peut-être simplement accéléré la machine… On sait que c’est le grand amour entre vous.
(Elle éclate encore de rires…) N’entrons pas dans ce détail. Vous voulez me faire dire des choses, mais je ne veux pas trop parler de notre couple. Bouba et Viviane, c’est un mariage, c’est un couple. Dieu a fait qu’il y a eu séparation et c’est lui qui a décidé que nous retournions ensemble. On est des êtres humains comme tout le monde, et on a un destin. Mariés, divorcés puis remariés. Chacun de nous a un cœur et on a le droit de s’aimer. On peut s’aimer à la folie comme on peut se détester à la folie. Que Dieu nous en préserve !
Parlons un peu de vous. Vous avez vécu des moments difficiles avec notamment l’accident dont vous avez été victime avec votre père et votre sœur ?
C’est vrai que l’on n’a pas souvent l’occasion de parler de notre jeunesse et des moments difficiles. On nous voit à la télé avec strass et paillettes et on pense que tout est facile pour nous. Alors que nous sommes des humains et avons notre histoire. Notre parcours n’a pas toujours été rose. Et c’est vrai qu’il y a eu des moments dans ma vie, très, très difficiles. Quand Youssou a écouté ma maquette et me cherchait pour travailler avec moi, je venais de faire un accident de la circulation avec mon père et ma sœur (elle arrête brusquement de parler).
Expliquez-nous un peu, Youssou vous cherchait partout à ce moment ?
Oui ! Il me cherchait et vous savez, j’ai toujours adoré chanter. Depuis mon enfance, j’y ai toujours cru. Je suis venue à Dakar et j’ai rencontré un de mes frères, Mbacké Dioum, qui m’a dit que Youssou me cherchait partout et c’est dans la même semaine, à mon retour à Mbour, que j’ai eu l’accident. Et Mbacké Dioum venait souvent me voir à Mbour durant toute ma convalescence, mais aussi quand j’étais à l’hôpital. Youssou aussi prenait de mes nouvelles à travers lui. Une fois, il est venu me dire : écoute Youssou à la radio. J’ai écouté et Youssou, à travers la radio, me souhaitait un prompt rétablissement. Et ça m’a beaucoup touchée et motivée pour me relever. (Elle se tait encore un instant). C’était un accident très grave. Les gens pensaient que j’étais morte. Certains ont même annoncé ma mort. C’était très dur. J’étais avec ma sœur et mon père, c’était des moments très difficiles. Je suis restée dans le coma pendant un mois. Et après, je suis restée encore deux mois à l’hôpital avant de sortir. J’avais une mâchoire fracturée… et des blessures très compliquées !
Votre sœur aussi a eu beaucoup de blessures et votre père est décédé dans cet accident…
Oui ! J’ai perdu mon père dans cet accident. On me l’a caché quand je suis sortie du coma. Mes frères m’ont fait croire que mon père avait une fracture à la jambe. Qu’il ne pouvait pas venir me voir. Au moment de sortir, j’ai dit que je ne sors pas de l’hôpital sans le voir. Il m’ont convaincue en me disant que je le verrais à Mbour. Mais quand, une semaine après, je ne le voyais toujours pas arriver, ils ont fini par m’apprendre la nouvelle. (Elle se tait encore, ravale sa salive, son visage devient de plus en plus triste). Pour nous, ma sœur et moi, qui étions si proches de mon père, c’était difficile…
Où avez-vous trouvé la force pour vous relever ?
Je me suis battue avec la mort. Je n’avais pas le droit de baisser les bras. Comme on dit souvent «yalla buy défar déy mélni kuy yaax (le bon chemin est toujours parsemé d’embûches). Dans la vie, il faut avoir foi en soi pour avancer.
Votre mère était là dans cette douleur ?
Oui ! Mais, au moment de l’accident, ma mère était en Mauritanie. Elle est venue après.
Cela a dû être très dur de perdre son mari, de savoir ses filles blessées, entre la vie et la mort ?
Est-ce qu’on devrait continuer ?
N’est-ce pas cette douleur partagée avec votre mère qui a amplifié votre amour pour elle ? Il paraît que vous ne supportez pas qu’on la touche.
J’adore ma mère.
A cause de ce que vous avez vécu ensemble ?
(Elle hésite) cèy yalla ! (Oh mon Dieu) Vous savez… (Elle hésite encore). Je vais vous dire, à ce moment, ma mère était en Mauritanie…(elle ne termine pas sa phrase et fond en larmes pendant quelques minutes. Elle pleure à chaudes larmes, va se réfugier dans sa chambre quelques minutes. Bouba va la calmer et revient avec elle, un moment après.)
Revenons un peu à ces moments de douleur ?
Non ! En fait comme je vous disais au moment de l’accident, ma mère était en Mauritanie. Elle est venue après. C’était très dur. On vivait avec mon père et ma grand-mère maternelle. Mon papa a laissé un très grand vide. Donc, il fallait une force extraordinaire pour se relever et affronter la vie. Les gens se demandent si on allait s’en sortir d’autant plus que notre maman n’était pas là. Mais, je me suis battue comme une lionne. C’était dur, j’ai décidé de me battre pour continuer ma carrière. Mes frères et sœurs ont fini par rejoindre ma mère en Mauritanie. Moi, je suis restée pour continuer à faire ce que j’aimais : la musique. Je suis restée avec ma grand-mère. Parce que je ne voulais pas lâcher ma carrière pour aller dans un pays que je ne connaissais pas. Je suis restée et je me suis battue.
Mais dites-nous comment vous avez démarré votre carrière musicale, au-delà des prestations en variétés dans les boîtes de Mbour ?
J’avais un frère et un grand ami à Mbour, Alphonse. Il vit maintenant aux Usa. Il faisait de la musique. Il avait tout le temps sa guitare et c’est avec lui que j’ai fait mes premiers morceaux. Un jour, il m’a dit : «Ça ! Il faut qu’on l’amène chez Michaël Soumah.» Vous savez, le jour où je suis allée avec lui chez Michaël Soumah, quand ce dernier a mis un de mes morceaux, les gens ont commencé à appeler, à apprécier. Et quand il m’a posé la première question, j’ai perdu ma langue. Je ne pouvais rien dire. (Elle rigole). Alphonse a fait le tour et m’a dit en me tapotant : «Parle, tu es à l’antenne. Il faut répondre.» Mais j’étais là bouche bée, je ne pouvais pas sortir un mot.
Pourquoi ?
Je n’arrivais pas à réaliser que j’étais là, à la radio, qu’on mettait mes chansons et que les gens appréciaient. C’était un rêve et je ne réalisais pas que cela était devenu réalité. On a remis un autre titre, le temps de me ressaisir, me relaxer et voilà je suis entrée dans le bain.
Et alors ?
C’est à partir de cette maquette que Youssou Ndour m’a découverte à travers les ondes de Dakar Fm et m’a recherchée pour que je lui fasse les chœurs. C’est comme ça que ça a démarré.
Comment se sont passés vos débuts avec Youssou ?
J’ai commencé à lui faire les chœurs avec l’album «Womat». Mais la première fois, c’était avec Lokua Kanza. Tu sais, quand on lui a dit que c’est une Sénégalaise qui fera les chœurs, il a refusé. Parce qu’il pensait qu’il n’aurait pas ce qu’il voulait. Mais quand il m’a entendue faire (elle chantonne), il n’en revenait pas. Après, on a travaillé et ça s’est bien passé. Après ça, Youssou a fait le titre avec Neneh Chery «Seven second». Il a donné à Mbacké Dioum la partition de Neneh Chery pour que je l’apprenne. Je l’ai assimilé très vite et quand Mbacké lui a dit que l’on pouvait commencer à répéter ensemble, il lui a répondu : «Non ! Elle ne peut pas l’assimiler aussi vite.» Mais comme Mbacké a insisté, il a dit ok. On est allé à Xipi. Quand on a démarré, dès que j’ai commencé à chanter, l’orchestre s’est arrêté de jouer. Youssou criait ! Je ne l’oublierais jamais parce que c’était trop nice. Tout le monde était aux anges et Youssou était tellement fier. Je me rappelle qu’il a dit : «Viviane sama Viviane li moom sa yeuf la !» A ce moment, je ne connaissais même pas Bouba. (Bouba la coupe net)
Ah bon ?
En ce moment, Bouba n’était même pas dans la musique. Il était dans d’autres business aux Usa. Lui, on s’est connu pendant une tournée internationale avec Youssou.
Pourtant, on dit que si vous en êtes arrivée là aujourd’hui, c’est grâce à votre union avec Bouba ?
Oh ! Vous savez, les gens disent des choses qu’ils ne maîtrisent pas. Bouba, quand on s’est rencontré, je l’ai envoyé balader en lui montrant qu’il n’y a pas de petit frère de Youssou qui tienne. Il est reparti bredouille. On s’est revu pendant une tournée internationale.
À ce moment, vous cassiez la baraque ?
Bien sûr, je faisais le tour de monde avec Youssou et les gens disaient que j’étais une Américaine. Les gens se demandaient qui j’étais. Je me rappelle que quand j’ai fait ma première émission «Taratata» avec Nagui, il a pris ma main pour savoir qui j’étais. Youssou m’a présentée et c’était nice. Donc, les gens ont même mis du temps avant de découvrir que j’étais bien une Sénégalaise, née ici à Mbour. C’est un talent que Dieu m’a donné et j’ai fait mes preuves.
Mais lorsque vous lui disiez non, vous avez quand même des sentiments naissants pour lui non ?
Non, même pas, parce qu’à ce moment, toutes les filles lui couraient après. Et moi, je ne voulais pas faire partie de la liste de ses conquêtes.
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