Les Chambres africaines extraordinaires ont retenu le principe de la réparation, allouant 10 à 20 millions de francs Cfa par victime dans le cadre la procédure civile contre l’ancien président tchadien, Hissène Habré, a appris l’APS.
Les CAE statuant vendredi sur ce volet civil ont retenu le principe de la réparation, qu’il s’agisse des victimes de viol et d’esclavage sexuel, des victimes directes ou indirectes, selon un des avocats des victimes, Me Assane Dioma Ndiaye
La juridiction a alloué 20 millions à chaque victime de viol et d’esclavage sexuel, tandis que les rescapés, les détenus arbitraires, les prisonniers de guerre, le montant est 15 millions et pour les victimes indirectes, c’est-à-dire les victimes ayant perdu un mari, une épouse, un proche, 10 millions.
S’agissant de la réparation collective, la chambre n’a pas accédé à la demande de la partie civile, selon l’avocat.
’’Nous attendons la décision des juges pour savoir quelles motivations les a poussées à ne accéder aux réparations psychologiques comme les mémoriaux qui entrent dans le processus d’exorcisation de ces victimes’’, a t-il dit.
Pour Me Jacqueline Moudeina, avocate au barreau de Djamena et avocate principale de l’association des victimes du régime de Habré , ’’ce sont des personnes qui ont souffert pendant des années. Nous nous plions à cette décision mais nous allons discuter avec les victimes’’.
’’Ce n’est pas l’argent qui va réparer toutes les souffrances subies. Nous pensons qu’il y aura des garanties pour que les victimes puissent rentrer dans leurs fonds’’, a-t-elle ajouté.
Dans ce sillage, Me Ndiaye a soutenu qu’’’’il n’est pas exclu’’ qu’ils fassent appel pour ’’la réparation collective’’. ’’On ne peut pas se limiter qu’aux réparations pécuniaires’’, a t-il souligné.
L’ancien dictateur du Tchad, Hissein Habré a été condamné le 30 mai 2016 à la peine d’emprisonnement à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes autonome de torture, viol, traitement inhumain, esclavage forcé, exécution sommaire, entre autres, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) présidées par le juge Gberdao Gustave Kam.
Selon les CAES, M. Habré avait une « connaissance intime et étendue des crimes » commis durant son règne. Il était « membre de cette entreprise criminelle ».
L’accusé a été reconnu coupable d’avoir commis à 4 reprises des crimes de viol.
Ce procès, ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, a duré 56 jours, et vu défiler 93 témoins.Retour ligne manuel
Le procès ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, le tribunal créé au sein des juridictions sénégalaises pour assurer le jugement de l’ancien chef d’Etat, a connu beaucoup de rebondissements.
Jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, M. Habré a comparu de force devant les CAE, en refusant de répondre aux questions des juges et n’hésitant quelquefois pas à commettre des incidents d’audience.
Le tribunal spécial a auditionné des experts, des témoins et une personne citée à témoin par les avocats de la défense.
Hissein Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Ecarté du pouvoir par une rébellion dirigée par l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno, il s’est réfugié au Sénégal.
Après une bataille judiciaire menée durant plusieurs années par desRetour ligne manuelplaignants et leurs avocats, l’ancien chef d’Etat est arrêté le 30 juin 2013, à son domicile, à Dakar.
Il est ensuite inculpé le 2 juillet 2013 par les CAE, une juridiction créée au Sénégal sous l’égide de l’Union africaine (UA) pour la tenue de son procès.