(APS) – L’artiste-musicien ivoirien Tiken Jah Fakoly a déclaré vendredi à Dakar que le président Abdoulaye Wade ‘’n’était pas au courant’’ de l’interdiction de séjour au Sénégal dont il faisait l’objet depuis plus de deux ans et demi.
Le président ‘’n’était pas vraiment au courant de cette situation (…) Vous savez que j’ai été interdit de séjour au Sénégal en 2007 par le ministre de l’Intérieur de l’époque (Ousmane Ngom)’’, a déclaré l’artiste interrogé par la télévision publique (RTS), au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat sénégalais.
Tiken Jah Fakoly avait été déclaré persona non grata au Sénégal, le 13 décembre 2007, suite à des déclarations jugées ’’fracassantes, insolentes et discourtoises’’ qu’il avait faites sur la situation politique au Sénégal.
’’Le ministre de l’Intérieur a pris un arrêté d’interdiction d’entrée et de sortie contre l’artiste ivoirien. A partir d’aujourd’hui Tiken Jah Fakoly est déclaré persona non grata au Sénégal’’, indiquait le communiqué publié à ce sujet.
A Dakar pour un concert prévu samedi, Tiken Jah Fakoly dit avoir profité de son séjour pour rencontrer le président de la République. Il a précisé avoir parlé avec lui de ‘’beaucoup de questions concernant la jeunesse africaine, les Etats-Unis d’Afrique, le développement du continent’’.
‘’Nous avons discuté pendant presque trois heures et j’ai appris beaucoup de choses’’, a dit le chanteur, signalant que c’était ‘’une rencontre très intéressante’’ au cours de laquelle il affirme avoir posé ‘’toutes les questions’’ qu’il voulait au président Wade.
La veille de la mesure d’interdiction de séjour, jour où il avait donné un concert à Dakar, dans le cadre du Festival Hip Hop Awards, Tiken Jah Fakoly avait demandé au président Abdoulaye Wade de ’’quitter le pouvoir s’il aime le Sénégal’’.
’’Laissez votre fils (Karim Wade) à la maison, si vous ne voulez pas qu’il soit auditionné par l’Assemblée nationale’’, avait déclaré le chanteur de reggae qui faisait allusion à la polémique née de la décision de la Commission des infrastructures d’entendre les responsables de l’Agence nationale de l’Organisation de la Conférence islamique (ANOCI) présidée par Karim Wade.
Le ministre sénégalais de l’Intérieur de l’époque, Ousmane Ngom, avait qualifié de ’’fracassantes, insolentes et discourtoises’’ les déclarations de Tiken Jah Fakoly. Celui-ci avait en outre dit que le Sénégal est ’’en danger’’ au même titre que la Côte d’Ivoire l’était avant de connaître la guerre entre 2002 et 2007. Le pays était divisé en deux, suite à une tentative de coup d’Etat contre le président Laurent Gbagbo.
’’A mon avis le Sénégal est en danger, avait-t-il déclaré. Comme les Sénégalais, les Ivoiriens aussi se disaient qu’ils étaient des frères et des sœurs, mais on a vu comment les choses se sont passées. Il faut donc faire attention parce qu’on est toujours surpris quand les choses tournent mal.’’
Tiken Jah Fakoly, 42 ans, s’illustre depuis le début de sa carrière au milieu des années 1990 par des prises de position sur la politique africaine, tant dans ses œuvres musicales que dans ses entretiens avec les journalistes.
Ses critiques de la gestion du pouvoir en Côte d’Ivoire, par les hommes politiques, l’avaient contraint à s’exiler à Bamako, la capitale du Mali où il est toujours installé.