Wade lance la croisade contre la polygamie

Les difficiles conditions de vie des femmes, souvent causées par un système traditionnel rigide qui affecte les relations entre les genres, la faiblesse du cadre législatif et ses implications négatives en la matière sans compter la violence basée sur le genre indisposent Wade. Plaidant hier à l’occasion de la conférence internationale sur la parité la cause de la femme souvent reléguée au second plan, Wade estime qu’il est temps pour les hommes de rompre d’avec la pratique consistant à avoir plusieurs épouses, pour se consacrer aux enfants.

Les images diffusées en boucle avant-hier sur les chaînes de télés aux fins de célébrer la journée de l’Enfant africain, ont fini par payer. Même s’il n’a à aucun moment parlé de suppression de « la polygamie » en prononçant son discours à la conférence internationale sur la Parité, le président de la République reste convaincu que la condition des femmes, surtout dans nos sociétés actuelles, doit être l’objet d’une grande réflexion. Dénonçant le laxisme et la démission de certains, Wade estime que pour ce qui est du partage des responsabilités dans l’éducation des enfants et la transmission des vertus, les femmes se donnent plus que les hommes. Du moins, au Sénégal.

La fibre maternelle toujours en avant, les femmes sont même prêtes à assumer les tâches les plus ardues. Au moment où, peste Me Wade, les hommes confortablement installés à la maison, passent tout leur temps à faire des enfants. Et pire, pour ne jamais s’en occuper. « Le peu qu’ils gagnent, ils n’ont qu’un seul souci avec : épouser des femmes », charge-t-il les polygames. Avant d’ajouter : « quand on fait des enfants, le minimum voudrait que les parents s’en occupent. Mais pas de les laisser errer comme des animaux à la recherche de pâturages dans les artères de la capitale, les rues ou au niveau de la Corniche ».

À en croire le locataire du Palais qui dit être profondément affecté par la fuite en avant des chefs de famille, l’Etat a les moyens de corriger un tel déséquilibre. Il serait même prêt à prendre une loi dans ce sens. Parce qu’« il faut que cette responsabilité des parents revienne. Et ce ne sont pas des lois pour la faire appliquer qui manquent », a-t-il dit. Insistant particulièrement sur le sujet (tout en annonçant s’attendre à ce que cela barre la Une des journaux d’aujourd’hui), Wade affirme que son discours n’a rien de politique. « Ce n’est pas de la politique. Moi, tant que j’ai la force, je gagne ». Et pour gagner justement, au regard des informations qu’il a révélées sur le départ de Mame Madior de la tête de la Primature, c’est comme si tous les moyens sont bons.

Une femme de la société civile pour présider aux destinées de l’Observatoire

Rappelant la peur qui l’habitait du temps où il lui fallait matérialiser sa décision de nommer Mame Madior comme Premier ministre, devant la réticence de certains hommes et marabouts, le chef de l’Etat dit reconnaître avec tout le monde que cette dernière n’est pas partie d’elle-même. « Ce n’était pas un zèbre politique et j’avais besoin de quelqu’un de politique…Comme je devais gagner… C’est pour cela qu’elle est partie », a-t-il dit à l’assistance. Avant d’annoncer que tout en faisant siennes les principales recommandations qui seront issues de la conférence internationale sur la Parité, il voudrait aussi que les femmes sachent que la loi sur la Parité sera effective à partir de 2012.

Il a révélé qu’un Observatoire national de la parité a été mis en place. « Il sera installé dans les prochains jours. Il sera dirigé par une femme issue de la Société civile, qu’il apprécie beaucoup ». L’Organe, selon ses dires, « ne servira pas seulement à voter des lois, mais ce sera un mécanisme institutionnel ». Et « aux élections législatives de 2012, l’Observatoire sera un Organe de veille et d’alerte à charge de veiller sur la mise en œuvre et l’application de la parité ». Tout un programme !

Madou MBODJ, lasquotidien.com