Oui Mansour.. !
Abdoulaye Wade a rendu les clefs du Palais de la République, au terme d’une matinée sobre et empreinte d’émotion. Au soir du 25 mars, il n’avait pas attendu la confirmation des tendances pour appeler Macky Sall et le féliciter. Par ce geste, il reconnaissait sa défaite et s’inclinait devant le verdict des urnes. Il y avait de quoi se réjouir. Parce qu’il s’agissait là d’un dénouement inattendu, eu égard à l’escalade dangereuse de ces dernières semaines. Parce qu’au même moment, chez le voisin malien, un obscur capitaine nous rappelait, béret au chef, que les bastilles conquises pouvaient être remises en cause. Si par un ultime sursaut, son coup de fil devait sonner le glas de cette Alternance aventureuse, le pragmatisme commande de le saluer comme tel. Nous n’attendions plus rien de ce vieil homme, pas même une once de sagesse. Pourquoi bouder notre plaisir ?
Pour autant, il faudrait mettre un bémol à cet angélisme débordant. L’acte gratuit, Abdoulaye Wade ne connaît pas. Ses déclarations peuvent paraître improvisées, truculentes et souvent à l’emporte-pièce. Mais elles sont lourdes de calculs, les plus mesquins qui soient. Le dire ne relève pas de la paranoïa ou d’un « anti-Wade » primaire. Nous avons observé l’homme. Nous avons soumis sa démarche à l’épreuve de la sémiologie du verbe et de l’image. Pour le moins, les actes posés depuis son entretien avec le président élu, ses allocutions surréalistes faites à Tivaouane et à Touba, sa contre-offensive sur les élections législatives font peser de sérieux doutes quant à la sincérité de son geste.
De l’effacement de Diouf en 2000 à l’activisme présent de Wade
Avant d’aller plus loin, un bref aperçu des personnalités de Diouf et Wade ne serait pas de trop. Même si au demeurant, les Sénégalais ont une idée assez claire de l’abîme qui sépare ces deux hommes d’Etat. Abdou Diouf s’exprimait peu, mais il savait le faire en cas de nécessité. Abdoulaye est volubile et la gaffe n’est jamais loin derrière ses interminables discours. Diouf était posé, élégant dans le geste et la parole. Wade est un excité à la mimique roturière. En 2000, Abdou Diouf avait assorti sa défaite d’un silence éloquent qui forçait le respect et permettait une passation en douceur du pouvoir. En 2012, Abdoulaye Wade, bien que battu plus sévèrement, multiplie les déplacements et les déclarations intempestives. Autant Diouf était digne dans la défaite, autant Wade donne l’impression d’une bête assommée qui va dans tous les sens. Or, la posture la mieux indiquée pour un président sortant… sorti avec moins de 35% des voix serait de raser les murs ou tout au moins de faire profil bas. Ses adieux forcés aux chefs religieux, un trémolo dans la voix, sonnent creux. En décembre 1980, un simple discours avait suffi à Senghor pour prendre congé de son peuple. Il y avait suffisamment de panache et de solennité. Dès le 20 mars 2000, Abdou Diouf avait fini d’enjoindre les services de l’Etat de préparer sans délai la passation des pouvoirs. Abdoulaye Wade qui cette année-là avait trouvé « des caisses pleines » nous fait comprendre que nous nous acheminions vers une cessation de paiement. Diouf (comme Senghor avant lui) est parti sans tambours ni trompettes. Wade, lui, ne se gênera pas d’un simulacre de Conseil des Ministres. Nous ferons l’impasse sur la mise en scène ubuesque et dangereusement antirépublicaine. Idem pour les élans d’oraison funèbre, comme si, en toute sérénité, les usages républicains et la dignité humaine ne permettaient pas une simple transmission du pouvoir.
Duplicité et manœuvres politiciennes
Dans ces conditions précises, des doutes légitimes s’imposent à notre esprit. La précipitation avec laquelle le président sortant a appelé son challenger masque difficilement son désarroi et sa volonté de court-circuiter la déferlante «Macky» qui se dégageait des urnes. Abdoulaye Wade avait tout le loisir d’attendre la consolidation des résultats pour émettre son « appel téléphonique libérateur ». Abdou Diouf l’avait félicité au matin du 20 mars 2000, sans précipitation aucune, avec le recul qui sied à tout acte de cette nature. Nous serions peut-être moins dubitatifs si, tout au long du processus, Me Wade avait fait signe du moindre bon sens, s’il n’avait pas fait montre d’un entêtement aussi incompréhensible pour un homme de son âge et de son rang. Des lors, en lieu et place d’une élégance de sa part – comme ses partisans veulent nous le faire croire – nous voyons plutôt une bête politique blessée dans son orgueil et qui use d’expédients pour atténuer l’impact psychologique d’un « Waterloo électoral » qui a balayé sa « Grande Armée libérale ». Les justifications maladroites de sa défaite, les charges désespérées contre l’opposition et le M23, les propos « off » sur son vainqueur ne sont qu’une tentative vaine de prolonger un combat que les Sénégalais ont tranché de façon très nette le 25 mars 2012.
Abdoulaye Wade et son camp ont été humiliés. Le « maître » a complètement raté sa sortie. Son arrogance et sa fuite en avant l’ont conduit à se risquer dans un combat de trop. Il y a laissé tout crédit, toute gloire. Le jugement de l’Histoire sera implacable pour cet homme qui préféré le destin de Philippe Pétain à celui de Nelson Mandela. De Pétain on ne retient pas le brillant général vainqueur des allemands à Verdun, mais le vieux maréchal collabo qui a mené son peuple vers l’abîme. Le Wade du 19 mars 2000 n’est plus. Il ne subsiste que le vieil homme fourbe et méprisant que la déculottée du 25 mars a réduit au statut de relique. Ceux qui voudraient voir en lui un geste d’élégance républicaine, un geste d’élégance tout court, devront déchanter. Il n’y en a point chez cet homme.
En vérité, la guérilla politico-médiatique que semblent mener Abdoulaye Wade et ses affidés témoigne d’une panique sourde qui s’est emparée de nos « Alternoceurs ». L’heure des comptes a sonné. Certains devront rendre gorge. Le spectre des Législatives est pour eux une porte dérobée qui mène vers une improbable immunité parlementaire. Autrement dit un sursis au cours duquel ils pourraient négocier leur « reddition » avec le moins de dommages possibles. Faudrait-il lâcher leurs alliés en rase campagne et les « répudier » sans ménagement, comme ils l’ont fait le 31 mars au CICES. Pour Wade, même une minorité de blocage est à prendre. L’essentiel pour lui est de sauver la tête de son fils et accessoirement, celles de ses collaborateurs les plus proches.
Faux démocrate, vrai autocrate
Si au crépuscule de sa vie, Abdoulaye Wade est réduit à ces basses manœuvres, c’est que l’homme n’a jamais été à la hauteur de ses charges. Il a eu le mérite de créer un parti politique et de le transformer ensuite en parti de masse. Mais il n’en a jamais fait un ensemble cohérent où les différentes structures pouvaient interagir de façon harmonieuse, comme dans toute organisation démocratiquement constituée. Oh que nenni ! Tout s’est résumé à la volonté du « Maître » : la seule constante. Les militants et les structures du parti ne sont que des variantes qui n’existent que par et pour lui. Cela s’est traduit par ce que le Président Mamadou Dia, dans une déclaration prémonitoire, qualifiait de « bonapartisme rampant, de type personnaliste et sans équivalent historique ». Cette dérive hégémonique a plombé l’élan du PDS avant de gripper le fonctionnement de l’Etat. Le Secrétaire Général du parti a liquidé tous ses « numéro2 » (Fara Ndiaye, Serigne DIOP, Marcel Bassène, Ousmane Ngom, Idrissa Seck, Macky Sall). Le désormais ex-Président de la République a grillé autant de Premiers Ministres (Moustapha Niasse, Mame Madior Boye, Idrissa Seck, Macky Sall, Aguibou Soumaré, Souleymane Ndéné Ndiaye). Seules importent sa personne, ses idées ou sa prétendue « vision ». Ousmane Ngom avait raison de dire que « Me Wade pense en démocrate mais agit en autocrate ». Son arrogance et son égo surdimensionné ne lui permettent pas de concevoir l’altérité. Les biens de l’Etat, les projets infrastructurels sont sa propriété exclusive. Il décide de leur affectation. Il a droit de vie et de mort sur la plèbe. Après lui c’est le déluge. Nous avons commis l’erreur de croire en ses vertus supposées. A vrai dire une légende savamment entretenue par une propagande dont même Goebbels aurait honte : « le plus diplômé du Caire au Cap » … le détenteur de la solution ultime « le plan oméga » « la Wade formula » … le « Président Inaugurer, encore inaugurer » et toutes sortes de lubies. Ses derniers courtisans (que le ridicule ne tue pas) nous feront même croire que des institutions internationales sont en train de démarcher ses services. Lui-même entretient le même mensonge à propos de son « prodige » de fils. Mais la réalité est moins reluisante. Cela fait longtemps que Wade et son clan sont au ban de la communauté internationale. Soutenir le contraire relève de la fantaisie et de la mythologie. Elles n’engagent que ceux qui y croient.
En fin de compte, une ultime comparaison nous donnerait l’exacte mesure de la situation. L’Afrique du Sud et le monde retiennent leur souffle, chaque fois que Mandela entre à l’hôpital. Abdoulaye Wade peut panser ses blessures. Les Sénégalais ne le regretteront pas.
…..Oui Mansour, je confesse, Abdoulaye Wade m’a traumatisé !
Samba Kandji/ Rouen
Bien dit Mr Kandji, Wade nous a tous traumatisé mais maintenant il appartient au passé.
Bien dit Kandji j allais gire que tu m as marche sur la langue . Les mensonges de 3w ne datent pas d aujourdhui C est malntenant que le commun des mortels l accepte . Figurez vous que ses 26 ans d opposition n existent pas . Et pour cause je vous renvoie a sa premiere declaration d apres formation de son parti je dis bien son parti et je souligne N avait il pas dit que mon parti est un parti de CONTRIBUTION pendant 4ans . Et lors dela presidentielle de1978 son adversaire de campagne n etait autre que le premier ministre d alors . Au moins 2ans de cohabitation dans le gouvernement de Diouf fait qu on ne doit pas parler d opposition .Si on fait le compte on se retrouve avec 20 ans d opposition .Et j ajoute il se reclame toujours d etre l ami de Senghor en effet il a aide ce grand monsieur a integrer l Internationaliste sociale .