L’histoire du Pds ressemble à un film d’horreur où tous les moyens sont permis pour neutraliser ceux qui nourrissent quelque ambition à prendre la place du Calife. Ainsi, après Idrissa Seck, Macky Sall, Aminata Tall, le putsch manqué contre Pape Diop (locales de 2009), c’est autour de Mamadou Seck de goûter à l’amère loi des séries.
C’est connu de tous : entre Mamadou Seck et Aminata Lô, on se supporte plus qu’on s’aime. Et chaque fois que l’occasion leur en a été donnée, les deux gladiateurs de Pikine se sont affrontés dans une lutte sans merci. Ainsi, la permutation opérée, jeudi dernier, entre Aminata Lô et Thérèse Coumba Diop, outre qu’elle consacre le ravalement de cette dernière au rang de maître de cérémonie au sein de l’Hémicycle, peut être analysée comme un coup politique du maître qui, tel un joueur de dames, use à fond de ses pions dans une sorte de machiavélisme politique savamment calculé.
En tous les cas, les observateurs avertis ne manqueront pas d’établir une certaine relation entre ce semi-réaménagement gouvernemental et la situation politique au sein du Pds. En effet, depuis peu, des voix, et pas des moindres, se sont élevées au niveau de cette formation pour appeler à un plan ‘B’, une sorte de solution de rechange au cas où le Conseil constitutionnel invalidait la candidature de Me Wade. Un plan ‘B’ qui, selon certaines indiscrétions, miserait sur Mamadou Seck.
Naturellement, une telle option n’est pas pour plaire à tout le monde. Au contraire, elle a le don de dresser tous les francs-tireurs du Pds contre Seck, devenu, du coup, l’ennemi à abattre. Ces derniers, qui se recrutent principalement autour de l’entourage de Pape Diop, développent des arguments liés au passé politique du maire de Mbao et à sa relative ‘virginité’ politique, libérale s’entend.
D’autres mettent en avant l’incapacité de Seck à tenir tête à Aminata Lô qui, déjà, lui menait la vie dure malgré tous les moyens politiques et institutionnels qui sont les siens. Pour ces derniers, miser sur un tel cheval, c’est servir, sur un plateau d’argent, le pouvoir à ces ‘monstres’ de Bennoo (Tanor, Moustapha Niasse, etc.) qui n’en feraient qu’une bouchée.Une troisième colonne met en cause sa légitimité, vu que Seck n’est pas connu pour être un ‘militant des années de braise’.
Alors, aujourd’hui, tous les moyens sont bons pour le neutraliser. Le premier acte a consisté à l’attaquer sur le terrain de la crédibilité. Depuis quelque temps, en effet, certains députés, apparemment bras armés du pouvoir, ont ourdi une fronde pour dénoncer la convocation, en pleines vacances, d’une session dont l’ordre du jour portait, entre autres, sur le vote de la loi portant création de la très controversée Soprosen. Ils reprochent à Seck d’avoir privilégié ses fonctions de président du Comité de renouvellement de l’Ujlt au détriment de celles de président de l’Assemblée. Sans, toutefois, prendre la peine de se poser cette question simple : à qui la faute ? Ce, vu que c’est Wade lui-même qui avait demandé au Président de l’Assemblée nationale d’aider à mettre de l’ordre dans les rangs des jeunesses libérales.
Alors, dans un tel contexte politique marqué par la multiplication de petits gestes ‘meurtriers’ contre Seck, renforcer les moyens d’intervention politique et sociale de son adversaire alors que lui est en pleine tourmente équivaut à donner à Aminata Lô les armes par lesquelles elle achèvera définitivement le Président de l’Assemblée nationale et, par la force des événements, un des dauphins putatifs du vieux président de 85 ans. Et c’en est là le deuxième acte d’un plan de liquidation devant lequel il faudra à Mamadou Seck, si tant est qu’il se pré-destine à une carrière présidentielle, plus que des arguments politiques, une forte capacité de résistance.