Audits de l’Armp et de l’Artp, Rots-de-vin dans l’affaire Sudatel, Rapports de l’Ige et de la Cnlcc,…
Ils seront nombreux les délinquants à col blanc qui vont jubiler à l’idée de voir Cheikh Tidiane Sy reprendre le ministère de la Justice. Le Président Wade en a décidé ainsi et devra l’officialiser au prochain remaniement du gouvernement.
Ils seront nombreux les délinquants à col blanc qui vont jubiler à l’idée de voir Cheikh Tidiane Sy reprendre le ministère de la Justice. Le Président Wade en a décidé ainsi et devra l’officialiser au prochain remaniement du gouvernement. Cheikh Tidiane Sy est la personnalité toute trouvée pour sauver les protégés de la famille Wade, mais aussi son propre fils Thierno Ousmane Sy, du glaive de la Justice.
Par Madiambal DIAGNE
Le Président Wade va remanier le gouvernement. Il a entamé ses consultations. Certains entrants et sortants ont déjà été briefés dans ce sens. Le nouveau remaniement de l’équipe dirigée par Souleymane Ndéné Ndiaye devra intervenir avant le départ du Président Wade pour la Malaisie où il doit effectuer une visite de travail. Mais l’un des faits les plus marquants de la prochaine mue de l’équipe gouvernementale est le retour de Cheikh Tidiane Sy au département, ô combien stratégique, de la Justice. Cheikh Tidiane Sy reprendra ses bureaux à la chancellerie qu’il avait occupés de mai 2005 à avril 2008. L’actuel président du Conseil d’administration de la Société africaine de raffinage (Sar) a réussi un lobbying intense qui a décidé le Président Wade à accepter de le faire revenir dans le gouvernement, qui plus est, à un poste très important dans le contexte actuel. En effet, nombreuses sont les personnalités de l’appareil du Parti démocratique sénégalais (Pds) qui voulaient le départ de Me El hadji Amadou Sall du ministère de la Justice et surtout le faire remplacer par une personnalité à même de «gérer», à leur convenance, certains dossiers sensibles. La gestion judiciaire de nombreux dossiers va être au menu du prochain garde des Sceaux. Ce sont notamment les dossiers de la gestion de la Lonase, des audits de l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), des rapports de l’Inspections générales d’Etat, des scandales de commissions qui éclaboussent certaines hautes sphères de l’Etat relativement à la vente de la troisième licence de téléphonie mobile à Sudatel, ainsi que les rapports de la Commission nationale de lutte contre la corruption, la concussion et la non transparence. Le ministre El hadji Amadou Sall a fait montre de transparence et de courage dans le traitement des dossiers judicaires impliquant certains responsables de l’Etat. Avec Me Sall, de grands pans de l’impunité ont été abattus comme dans le dossier de l’agression par des policiers des journalistes Karamokho Thioune et Boubacar Kambel Dieng, mais aussi dans l’affaire du pyromane Mouhamed Mansaly, entre autres. Mieux, une cellule de «parquetiers» est à pied d’œuvre au ministère de la Justice depuis plusieurs semaines pour étudier la question de la traduction devant les tribunaux des auteurs de malversations épinglés par les audits de l’Armp. Plus de soixante dix dossiers sont en cours d’examen par un trio de magistrats. Dire que cela fait peur dans les chaumières gouvernementales, surtout avec les affaires sulfureuses du ministère de la Famille avec Awa Ndiaye, de l’Environnement avec Djibo Kâ, entre autres. Me Sall est accusé de mollesse, de manque de poigne. Quel personnage le Président Wade voudrait-il maintenant au ministère de la Justice ? Une personnalité à même de pouvoir mettre sous le coude, sans coup férir, de tels dossiers dont l’ouverture de poursuites judiciaires n’avait été ordonnée que pour satisfaire les bailleurs de fonds devenus on ne peut plus exigeants, pour ne pas dire intransigeants, sur les questions de bonne gouvernance ? Le Président Wade a-t-il fait passer pour «pertes et profits» la gestion décriée de Cheikh Tidiane Sy au ministère de l’Intérieur. Une gestion épinglée par le rapport du cabinet Mamina Camara sur les dépassements budgétaires. Quid de cette sulfureuse affaire des assurances éventée par la presse ?
Si dans certains milieux du pouvoir politique, on jubile déjà à l’idée du retour de Cheikh Tidiane Sy à la Chancellerie, les magistrats, pour leur part, rongent leurs freins. En effet, un Cheikh Tidiane Sy au ministère de la Justice, dans un contexte où l’on parle de plus en plus de l’éventualité de poursuites contre son fils Thierno Ousmane Sy, pose problème. Mieux, Cheikh Tidiane Sy s’était illustré par une gestion cassante de certains dossiers judiciaires. D’ailleurs, cela l’avait mis en mal avec de nombreux secteurs de la Justice. C’est en raison de ses relations difficiles avec ses collaborateurs magistrats et greffiers que le Président Wade avait été obligé de le remplacer par Me Madické Niang aux fonctions de garde des Sceaux.
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