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Wadophilie, Wadophobie par Momar Gassama

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Le retour au pays de l’ancien président Wade suscite dans la société Sénégal un sentiment qui va de la Wadophilie à la Wadophobie. Et au-delà, aux extrêmes de ces deux états, la wadolâtrie qui étreint les inconditionnels du “pape du Sopi“ que l’on peut rencontrer surtout dans son parti et un anti-wadisme primaire parfois limite qui ne s’embarrasse d’aucune civilité républicaine et encore moins de logique démocratique. Des anti-Wade qui ne se surprennent même pas de tomber dans l’intolérance …juste verbale heureusement évoquant pour le moins la mise en résidence surveillée.

Pourquoi pas en maison de retraite comme en Europe pour un retour en exil à Versailles?

Il est une autre catégorie qui s’est penchée sur le cas Wade : des wadologues en tout genre dont certains sont prêts à nous conter les derniers rêves de l’ex-président. Des gens qui nous ont servi des cours magistraux en communication sur les techniques utilisées par le …maître. Le ton de certains d’entre eux les classerait dans les wadophiles. Des gens qui connaissent son livre de chevet pour nous décortiquer sa stratégie ou font dans la sémantique du discours pour décoder des appels à la révolution. Un bijou dans le genre à titrer avec une citation de ..Trotsky en chapeau : “Que faire de Wade?”

Que dire des acteurs du secteur de la presse dans cette semaine de la journée mondiale dédiée à la presse? Eux qui ont contribué à faire le buzz y sont allés pour beaucoup d’une curieuse production que l’on croirait sortie des états-majors des partis politiques au pouvoir. Pour ne pas leur faire offense, on les mettra juste dans la catégorie des wadophobes et non des anti-Wade… Chez nos analystes politiques-maison pas wadophobes, c’est un bel unanimisme sur les mobiles du retour à la maison du pape du sopi : sortir son fils de prison. Ses déclarations urbi et orbi d’un “retour hautement politique” seraient pour remettre de l’ordre dans son parti mais …pour remettre le fils prodige en selle.

Wade avait parfaitement le droit imprescriptible de rentrer à la maison. Comme il l’a fait, dans la manière qu’il souhaitait. L’adage ouoloff dit que le retour d’exil, – économique, politique ou autre -requiert une détermination supérieure et apparemment le vieil opposant presque nonagénaire en a à revendre. Un esprit malin, camp du pouvoir ?, a cru malin de prêter une interrogation toute en désapprobation sur son retour à son prédécesseur au pouvoir. Pour mieux faire passer ce retour pour saugrenu et Wade pour irresponsable. Un adepte de l’anti-wadisme ferait la démonstration que ce coup tordu ne peut être que du “Wade” fomenté pour faire porter le chapeau au pouvoir.

L’histoire des autorisations administratives de rentrer à la maison ont relevé d’un vaudeville qui n’a pas non plus grandi le pouvoir, c’est le moins qu’on puisse dire. Obliger presque toute la République à un exercice de réponses à une demande d’explications qui ne lui a pas été servie est possiblement un coup tordu de …maître. Si c’est du “Wade”, ce serait du super Wade et les wadolâtres sont en droit de se pâmer. D’autant qu’à l’arrivée, le film du retour qui nous est offert semble sorti des cartons d’un maître scénariste digne d’être de toutes les nominations aux palmarès de la filmographie du vieux et du nouveau continent.

Du coup, notre écosystème politique connaît une effervescence digne des événements préélectoraux de la présidentielle de mars 2012 avec ses dégâts collatéraux dramatiques. Le secrétaire général du PDS débarque dans ses grands habits de chef de l’opposition que personne ne peut lui contester. “Retour hautement politique“, il avait pourtant bien annoncé la couleur dans un grand média international. Rien de fourbe donc dans la démarche, seulement, la presse locale avait souvent crié “au loup” : retour redouté? espéré? Du coup, la démocratie consensuelle ronronnante qui nous était proposée est en émoi. D’où, bien des inquiétudes. Justifiées?

Sûrement exagérées.

Il y a quelques années sous Diouf, contexte d’années de braise, le Pr Djibril Samb interrogé sur la fragilité du système démocratique livrait une analyse toute de sagesse et de finesse opposant l’apparente fragilité de la démocratie, le moins mauvais système garant de toutes les libertés, à la solidité trompeuse de l’autre système de la dictature. Contexte pour contexte, le retour de Wade ne présage en rien un retour aux années de braise et, en tout état de cause, l’option de fermeté serait la plus dommageable pour l’image de vitrine démocratique du Sénégal en Afrique. Et la plus contre productive pour le régime.

Momar Gassama

sudonline.sn

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