Le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Pr Abdou Salam Sall a été remplacé le 30 septembre dernier par le Professeur Saliou Ndiaye. Un départ après 7 ans de règne empreint de vives tensions avec les étudiants. S’il est vrai que ces derniers ont vécu une atmosphère de « guerre froide » sous le régime réformateur de Sall- LMD, nouvelles filières etc.,- ils se sont farouchement opposés à la tentative de celui-ci de les « civiliser » par la dissolution pure et simple des amicales ou encore la traduction de certains d’entre eux devant la justice. Mais son limogeage n’est pas seulement dû à la grande « rébellion » de 2009 à la suite de laquelle des étudiants ont été sanctionnés pour avoir saccagé le Rectorat.
La question de l’orientation des nouveaux bacheliers a été une divergence de taille entre les autorités politiques et le prédécesseur de Saliou Ndiaye. Le professeur Sall a déclaré, dans Le Soleil du 17 Juillet 2010, que cette orientation « se fera en fonction des places disponibles ». « Je ne vois aucune disposition mise en place pour absorber le surplus de nouveaux bacheliers. Avec les problèmes que nous avons actuellement, il n’est pas question, pour l’Ucad, de prendre un certain nombre de bacheliers », avait-il indiqué au quotidien national en marge de l’inauguration du Centre d’apprentissage libre et à distance (Aled). Le désormais ex-recteur avait promis que « son » institution « ne compte pas le faire tant qu’on ne verra pas » les mesures d’accompagnement dont la mise en place de nouvelles structures d’accueil, la Fsjp (la Faculté des Sciences juridiques et politiques) et la Flsh (Faculté des Lettres et sciences humaines), véritables fourmilières estudiantines, étant « déjà pleines ». Ce que les Amicales d’étudiants ne sont pas près d’accepter puisque c’est cette limitation des étudiants qui était à l’origine de leurs mouvements d’humeur en 2009. Les grévistes avaient alors réclamé la tête du recteur pour « stabiliser » l’université. Si le Pr Sall a dû lâcher du lest en acceptant un bon nombre d’étudiants à l’époque, cette fois-ci son refus a dû inquiéter au plus haut sommet du pouvoir libéral.
PEUR DE LA SANCTION
Cette détermination d’Abdou Salam Sall lui a été fatale. Dans un contexte social en ébullition, le régime libéral ne pouvait organiser son propre « suicide » à 15 mois seulement de la Présidentielle de 2012. L’université étant une « mine » très convoitée par les politiques, tous les partis s’activent à y bâtir leur propre hégémonie. Et c’est un lieu qui abrite les meetings des candidats à chaque scrutin. C’est pourquoi, après les précédentes années universitaires tumultueuses, le gouvernement a promis de caser tous les bacheliers de 2010. Une démarche en parfaite contradiction avec la politique de désengorgement de l’université de Dakar lancée depuis quelques années. Même si les collèges universitaires régionaux entrent dans ce cadre. Le ministre de l’Enseignement supérieur, des Universités, des Centres universitaires régionaux et de la Recherche scientifique, le Pr Amadou Tidiane Bâ, l’a si bien flairé qu’il a annoncé, en juin dernier, à qui veut l’entendre. Le recteur peut-être ? que « tous les 30 000 bacheliers seront orientés ». Une note discordante mais, en réalité, dictée par le président de la République en personne qui lui a donné des instructions » allant dans ce sens. « Il m’a envoyé une lettre dans laquelle il me demande d’accueillir dans les structures universitaires tous les bacheliers et de lui en rendre compte », a-t-il révélé dans Walfadjiri Quotidien du 10 juin 2010. Et le professeur Bâ d’exprimer son « optimisme » quant à la possibilité d’accueillir toute la cohorte de nouveaux bacheliers estimées, cette année, à plus de 42%. Le ministre dit compter sur les nouveaux bâtiments de la Fst (Faculté des sciences et techniques) et de la Flsh. Mais qui de Amadou Tidiane Bâ ou du recteur est le mieux placé pour juger de la capacité d’accueil de l’Ucad ? Abdou Salam Sall a déjà décliné sa décision sur un ton catégorique. Pas de surplus ! De quoi faire peur à un pouvoir qui cherche encore une assise dans le grenier électoral de l’université. La tête du recteur en vaut le prix…politique.
lagazette.sn
Hamath KANE
qu’est ce que Wade ne fera pas pour se faire élire,descendre si bas et être pret à tout;N’importe quoi !