NETTALI.NET – Le site web Wikileaks vient de faire de nouvelles révélations sur des notes diplomatiques américaines. Cette fois, ce sont des comptes rendus de l’ambassade des Etats-Unis au Maroc, alors que le capitaine Moussa Dadis Camara, blessé par son aide de camp Aboubacar Toumba Diakhité, le 3 décembre est évacué vers le royaume chérifien, luttait pour ne pas trépasser.
Les câbles diplomatiques révélés par le site remontent du 12 décembre 2009 au 15 janvier 2010. Une période cruciale pour les Américains qui tenaient à conduire la transition vers des élections acceptables par la communauté internationale.
Selon Wikileaks, les Marocains ont décrit aux Américains Dadis Camara comme étant une personne « mentalement instable et ivrogne ». Les dépêches diplomatiques des Américains au State Départements, analysées par Bill Heenan, un spécialiste des affaires du monde arabe, montrent qu’il y avait initialement une certaine panique quand, les Américains se sont rendus compte qu’ils avaient très peu d’influence sur les militaires guinéens et les évènements dans le pays, alors que le vieux dictateur Lansana Conté venait de décéder. Pour les Marocains, la crainte était de voir la sous-région s’enliser dans des querelles inter-ethniques.
Dans le premier de la série de six câbles diplomatiques révélés par Wikileaks, l’ambassade américaine a déclaré qu’elle venait d’apprendre que la santé de Dadis Camara s’est améliorée et que sa sortie de l’hôpital pourrait être imminente. Mais les Marocains ne voulaient pas ramener le capitaine en Guinée. Selon un officiel marocain Dadis Camara aurait demandé de l’assistance pour enregistrer une déclaration télévisée à destination des Guinéens. Cette demande avait alarmé ses hôtes Marocains.
« Le retour de Dadis ne résoudrait pas les problèmes de la Guinée parce que l’armée y est divisée en factions et le potentiel de conflits ethniques dans la société guinéenne est réel », a déclaré aux responsables américains, le ministre des Affaires étrangères marocain Taieb Fassi Fihri qui ajoute qu’« il y a un besoin désespéré d’élections libres et équitables en Guinée et Dadis Camara doit être maintenu ici au moins jusqu’à la fin du mois ou jusqu’à ce que d’autres arrangements soient faits pour lui. » Les États-Unis, la France, et d’autres pays ont suggéré d’exiler le leader guinéen vers le Gabon, le Congo, le Sénégal, la Libye, voire l’Arabie Saoudite.
Par la suite, un câble indiquait clairement que les Marocains ont pris au dépourvu les Etats-Unis, en envoyant Dadis Camara au Burkina Faso. Le câble diplomatique écrit : « nous avons été surpris d’apprendre la brusque décision du gouvernement du Maroc d’envoyer par avion sanitaire Dadis à Ouagadougou. » lui même a été pris au dépourvu, car les marocains ont admis qu’ils lui avaient dit qu’il se dirigeait vers « la maison ». Cette décision de ne pas le laisser retourner en Guinée comme le demandaient ses proches qui l’accompagnaient, a été renforcée après qu’il ait dit aux Marocains qu’à son retour en Guinée, il allait « couper des mains et des têtes ».
Le câble diplomatique final indique que « le timing de la décision du roi Mohamed VI a été surprenante et inattendue. Le GOM – (Gouvernement du Maroc en Anglais) avait toujours dit qu’il avait besoin d’une base juridique pour garder le capitaine Dadis Camara et ne voulait pas qu’il soit présent au Maroc, lorsque le Conseil de sécurité examinera le rapport sur le massacre du 28 Septembre 2009. »