Dans le paysage chaotique des médias sénégalais, RFM et L’Observateur apparaissent comme des exemples de professionnalisme. Les journalistes y disposent de conditions matérielles supérieures à la moyenne, et d’une évidente liberté de ton. Ils sont d’ailleurs chacun les champions de l’audience dans leur catégorie.
« Wade a l’habitude d’acheter les journalistes. Mais il a peur de nous, car nous ne nous considérons pas comme ses employés ni ceux de son fils », résume un rédacteur. Selon de nombreux observateurs, le duel oppose « citizen N’Dour » non seulement au président mais aussi à son fils Karim, réputé tout-puissant. De fait, les deux hommes ont accumulé les contentieux.
Le principal s’est cristallisé le 6 septembre 2005 à la « une » de L’Observateur. Un article confus annonçait que Wade junior avait été interpellé à Paris en possession d’une importante somme d’argent. Furieux, Karim Wade a obtenu en justice la condamnation de L’Observateur. A la barre, le fils du président avait accusé Youssou N’Dour d’avoir fait rédiger cet article pour punir son père d’avoir refusé de lui octroyer une subvention en échange des bonnes grâces de ses médias. Ce que Futurs Médias dément avec la dernière énergie. Jamais exécutée, la condamnation à payer 40 millions de francs CFA (61 000 euros) constitue une épée de Damoclès entre les mains de Karim Wade.