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Pour une alternative médiatique : les leçons du 25 mars 2012
La défaite de Wade à ces dernières élections présidentielles et l’avènement de Macky Sall à la magistrature suprême du pays sont riches en enseignements. Au moment où, les Sénégalais scrutent un avenir enrobé d’espoirs et d’incertitudes, il est important d’interroger certaines pratiques des acteurs afin d’en tirer des leçons pour mieux aborder l’avenir. Nous demeurons convaincus que les attentes ne doivent pas être uniquement fixées sur le nouveau président de la république. Mais, comme du reste, l’a souligné Macky Sall, chaque citoyen est attendu sur ce qu’il doit faire. Sous ce rapport, il nous plaît, une nouvelle fois, de jeter un regard sur les média à la lumière des enjeux, des logiques et des stratégies de acteurs, à travers une démarche qui se veut à la fois rétrospective et prospective.
Dans les démocraties modernes, la presse est un des rouages essentiels du jeu démocratique. Le Sénégal, n’a pas échappé à cette règle. En effet, la presse a largement participé à la vitalisation du débat démocratique. Depuis l’avènement de l’alternance en 2000, le paysage médiatique sénégalais a connu de profondes mutations. Aussi bien au niveau de la presse écrite dans celle dite de l’audiovisuel, on a noté une floraison d’entreprises et d’initiatives. Du reste, l’entreprise de presse a changé et de forme. Elle n’est plus le monopole des professionnels de la presse, formés à la bonne école. Mieux, et paradoxalement elle emprunte à la fois les voies de la banalité, à l’image de n’importe quel prestataire de service et mais elle a également tendance à se valoriser. En effet, l’entreprise de presse devient un gigantesque dispositif de propagande politique, un moyen de pression. Sous cet angle, les risques de manipulation du citoyen sont réels.
Pourtant, dans les années 80, les lignes de démarcation étaient nettes entre la presse dite politique et la presse dite d’ « informations ». On se souvient du journal Taxaw du RND du professeur Cheikh Anta Diop, de Sopi du PDS, Jaay dole bi du PIT, etc. A l’opposé, aujourd’hui, on assiste à un brouillage systématique des lignes éditoriales, d’autant plus que le citoyen non averti a du mal à distinguer ce qui relève de la propagande politique et ce renvoie à l’information. Une certaine presse ne se contente plus de rendre compte de « l’opinion publique », pis elle crée de façon systématique sa propre « opinion publique » dans un dessein de manipulation.
Ainsi, dans le recueil et le traitement de l’information, le journaliste se trouve parfois piégé ou bien il adopte la posture d’un complice actif ou passif, de jeux d’acteurs politiques aux enjeux obscurs. Le journaliste engagé dans cette aventure n’a plus le recul critique nécessaire pour analyser sereinement et objectivement l’information. Pourtant, comme me le soulignait un ami journaliste, le porteur ou le donneur de l’information n’est pas toujours désintéressé. En effet, la « médiatisation » devient une arme de pression, un outil de déstabilisation.
Si, c’est pour dénoncer des injustices et défendre des principes démocratiques, il n’est pas interdit au journaliste de prendre position. Cependant, le journaliste doit inscrire son action dans les limites de l’objectivité. L’histoire récente a montré que la presse a été au cœur des combats démocratiques, elle est, du reste, un rouage essentiel du jeu démocratique. Les dérives apparaissent lorsque la presse sert des intérêts crypto-personnels et des enjeux obscurs.
C’est justement dans le champ politique et parfois syndical que le journaliste court le plus de risques d’être manipulé, à moins qu’il n’accepte délibérément de se prêter à ce jeu. Tel ministre limogé ou tel homme politique ayant maille à partir avec la justice s’empresse d’actionner ses militants. Les points de presse sont souvent l’occasion de jouer sur « l’effet presse » permettant d’amplifier les forces réelles ou supposées des mouvements politiques ou syndicaux dont ils sont porteurs. Sous ce rapport, dans la bataille d’opinion, « l’effet presse » sert de stratagème à des acteurs de la vie politique ou syndicale pour négocier un positionnement ou des prébendes, une force de dissuasion pour jouir de l’impunité.
Il est évident que la chute du régime de Wade sonnera inéluctablement le glas à de nombreux organes de presse. Dans les semaines à venir, sans nul doute, de nombreux titres de journaux disparaîtront des kiosques. Les pontes du régime défunt qui assuraient leur survie financière, dans la perspective d’une traversée du désert certaine et coupés de l’appareil d’Etat pourvoyeur de ressources ne pourront plus assurer leur financement.
Espérons que le nouveau personnel politique au pouvoir ne reproduira pas ces tares du régime défunt, lesquels participent à la dévalorisation du métier de journalisme en réduisant les professionnels du métier à de simples mercenaires. Il est tant de rompre avec cette « presse aux ordres » en s’adossant aux principes sacro-saints de la profession.
Dans un passé récent, la presse sénégalaise a vu émerger des hommes et des femmes de valeurs, qui, dans un professionnalisme à tous égards nous ont appris à aimer les média. Dès lors, ce serait regrettable que certains enjeux dénaturent l’essence des média, en réduisant le journalisme en une simple affaire de mercenariat.
Mamour Amina Fall
Grand Diourbel
[email protected]

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