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Pr. Ibrahima Thioub : « La culture de prédation, principale cause de la transhumance politique »

L’origine de la transhumance politique est à rechercher dans la culture de la prédation qui caractérise nos sociétés, soutient l’historien, le Pr. Ibrahima Thioub.
Tout juste auréolé de ses habits de lumière – il vient d’être élevé au grade de docteur honoris causa de l’Université de Nantes (France) – l’historien sénégalais, Ibrahima Thioub, a animé, hier, une conférence sur le thème : « Politique et violence en Afrique : enfance de la démocratie ou culture de la prédation ». Ladite conférence a été organisée par le Centre de recherche ouest africain (Warc en anglais). Après un long développement sur l’imaginaire du pouvoir en Afrique à travers les mythes fondateurs de plusieurs royaumes (Ghana, Walo, Djolof), le Pr. Thioub en vient à cette conclusion : « historiquement, en Afrique, le pouvoir a toujours eu deux fonctions : une fonction guerrière et une fonction nourricière et législative ».
Seulement, « le pouvoir politique a abdiqué sa fonction nourricière, s’est militarisé et a fini par donner naissance à un Etat prédateur ». Se posant la question à savoir pourquoi un candidat sortant a souvent du mal à l’emporter au second tour dans notre pays, le Pr. Thioub explique que les lignes de partage (entre les différents partis politiques) ne sont pas idéologiques, mais sont dictées simplement par une culture de prédation. « Celle-ci est le lit du clientélisme et de la transhumance politique, avec des coalitions idéologiquement disparates dont le positionnement des uns et des autres s’explique uniquement par la prédation ». Mais, « la prédation ne se situe pas seulement au niveau des élites, elle se pratique à toutes les échelles », soutient Mohamed El Habib Kane. La prédation peut aussi prendre la forme du mode de production et de consommation.
Les violations constitutionnelles pour s’accrocher au pouvoir ne datent pas d’aujourd’hui. Le Pr. Thioub cite l’exemple du Cayor. L’histoire est jalonnée de combats populaires pour imposer aux gouvernants un minimum d’humanité. Souvent par la violence. Mais, les violences ont « leur propre histoire ». Une révolte populaire n’est pas comparable à une répression policière pour protéger un pouvoir prédateur. Ainsi, la violence a été souvent un obstacle à l’enracinement d’une culture démocratique. En Afrique contemporaine, la mort est parfois au rendez-vous lors des élections. Toutefois, « la violence peut être accoucheuse de l’humanité et, très souvent, elle l’est ». Il y a aussi d’autres formes de contestation non violentes : « Le soufisme a été l’une des critiques les plus radicales du mode de consommation prédatrice », explique Ibrahima Thioub.

LE SOELIL

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