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Actuellement,dans tout le monde musulman on parle de plus en plus de retour à Dieu et donc àla Charia, comme la seule alternative pour un changement de comportement moral,en vue de la résolution d’une demande sociale devenue de plus en pluspréoccupante et de la quête du bien-être que la modernité tarde àapporter ; oui, il est question d’instaurer la Charia un peu partoutet tout cela intrigue les occidentaux qui, dans leur très grande majorité,pensent que l’Islam est incompatible avec la démocratie et l’Etat de droit. Ilest donc nécessaire de rappeler et de préciser ce qu’est véritablement laCharia et surtout de montrer sa parfaite compatibilité avec toutes les valeursuniverselles. Malheureusement, la plupart de nos prédicateurs (imams, oustaz,etc.) en ont une interprétation très discutable, voire rétrograde etpernicieuse, comme en témoignent les récents événements au Mali (amputations demembres, lapidation, etc.). Il urge donc d’apporter les rectificationsdoctrinales qui s’imposent pour, d’une part, rassurer les non-musulmans et,d’autre part, permettre aux musulmans – aux intellectuels en particulier, devivre l’Islam dans toute sa plénitude sans rompre avec la modernité et lesexigences de la communauté internationale.

Envérité, c’est le Droit pénal islamique qui est communément appelé Charia, maisà tort ; car en réalité, la Charia est plus large, moins restrictive ; oui, elle englobe véritablement toute la législationdivine : Coran et Tradition du Prophète (PSL) essentiellement ; ellen’est donc pas descendue en monobloc, mais progressivement, pour apporter unéclairage sur le culte et sur toute chose d’une manière générale [25. Le Discernement : 30-33 –Al-Furqâne]. Et avant la fin de la mission terrestre du Prophète Mouhammad (PSL), toute la Chariaétait descendue et l’Islam agréé comme religion, il y’a déjà quatorze siècles [(5. La Table Servie : 3-5 –Al-Mâ’idah) ; (16. Les Abeilles : 88-90 – An-Nahl)] ; il nereste plus qu’à l’actualiser, à apporter donc à chaque instant l’interprétationla plus appropriée, et ceci jusqu’à la fin du monde. Et certes, nous sommes dans unelogique d’expansion intangible de l’Islam, mais sans contrainte, et donc dans lerespect strict de la liberté de conscience – principe sacro-saint de l’Islam [(109. Les Incrédules : 1-6 –Al-Kâfirûne) ; (2. La Vache : 256 – Al-Baqarah)]. Oui, cetteexpansion n’incombe qu’à Dieu et ne passe donc que par la persuasion ; iln’incombe même pas à un Prophète de contraindre les hommes à être croyants, carpersonne ne peut croire sans la permission de Dieu [(41. Les Versetsclairement exposés : 53 – Fussilat) ; (10. Jonas : 96-100 –Yûnus)]. Ceci devrait tranquilliser tous les non – musulmans et lespersuader définitivement que l’Islam est une religion de paix, de tolérance etde justice. Et contrairement à ce qu’en pensent ses détracteurs, la Charia n’apour objectif que de réconcilier l’homme avec son créateur et avec tout sonentourage ; elle n’est que miséricorde et guérison pour tous les croyants [(17. Le Voyage Nocturne :81-82 – Al-‘Isrâ) ; (10. Jonas : 57 – Yûnus)]. Certes, la Charia est la mêmepour tous les musulmans, mais elle renferme des dispositions qui permettent del’adapter à tous les contextes ; ainsi, il existe une « Charia àminima » et une « Charia à maxima », avec autant de formesintermédiaires que de situations particulières. Il est fondamental de préciserque le Coran n’est pas une constitution « prêtà l’emploi », applicable de façon univoque à tous les musulmans.Non ! … En réalité, il renferme tous les principes qui permettent auxjuristes et aux parlementaires de légiférer, et donc d’établir une constitutionet des lois en fonction du contexte et essentiellement des rapports de forces,comme dans toute démocratie, en préservant donc la liberté de tous, dans leslimites de l’acceptable. Ainsi,le message coranique qui s’adresse à tous les hommes, en tout temps et en toutlieu, ne peut qu’être parabolique, et donc interprétable et adaptable à toutesles situations ; comme le Coran l’enseigne, il s’adresse à ‘’ceux quiréfléchissent’’, ‘’ceux qui sont doués d’intelligence’’ [(29. L’Araignée : 41-44 –Al-Ankabût) ; (35. Le Créateur : 28 – Fâthir) ; (17. Le VoyageNocturne : 8-11 … 43-44 – Al-‘Isrâ’)] ; ce qui fait dire auProphète (PSL) : « la religion, c’est la raison, celui qui n’a pas deraison n’a pas de religion ». C’est dire donc que toute interprétationlittérale ou décalée est inévitablement source d’incompréhensions pouvant mêmeentamer la crédibilité de l’Islam.

Enprincipe, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour les différentescommunautés confessionnelles à s’entendre sur une constitution. En effet, lesobligations religieuses des trois religions monothéistes (Islam, Christianismeet Judaïsme) sont quasi-identiques, dans les principes [42. La Concertation ou LaDélibération : 12-15 – Ach-Chûrâ’]. Oui, le Coran enseigneexplicitement que la Thora et l’Evangile révélés respectivement à Moise etJésus fils de Marie, sont aussi ‘’Direction et Lumière’’ [5. La Table Servie : 15-19 …44-50 – Al-Mâ’idah]. Etdonc à l’évidence, une loid’inspiration islamique ne devrait nullement nuire un chrétien ou unjuif ; de même qu’une loi d’inspiration biblique ne devrait pas dérangerun musulman en quoique ce soit ; dès lors, si les membres de lacommunauté, toutes confessions confondues, se concertent, ils devraient trouverun consensus large, à défaut d’une convergence parfaite ; c’est dire toutel’importance de la concertation et du dialogue en Islam [42. La Concertationou La Délibération : 36-43].

En vérité,en Droit pénal, communément appelé « Charia », la sentence capitale(peine de mort, amputation de membre, flagellation etc.) annoncée dans un premier verset est toujours tempérée par le verset suivant, ou d’autres versetsdans la même sourate ou d’autres, qui préconisent ou proposent la grâce auxrepentants [(2. La Vache : 178-179 – Al-Baqarah) ; (5. La Table Servie :33-34 … 38-40 – Al-Mâ’idah) ; (4. Les femmes : 15-16 – An-Nisâ’) ; (24. La Lumière : 2-5 – An-Nûr)].Ainsi, entre la peine capitale et la grâce, il y a un gradient (échelle) depeines ; et suivant le contexte, le législateur peut choisir une peinesuffisamment dissuasive, mais aussi tenant compte de la clémence et de lamiséricorde de Dieu. Il ne faut pas être plus royaliste que le roi !!!

Et à la lumière de tout ce qui précède, on perçoit très clairement qu’il ne s’agit pas de couper les mains des voleurs, de tuer systématiquement ceux qui ont tué, decondamner à mort ou de flageller les fornicateurs et les calomniateurs. Il ne s’agit que de juger les délinquants selon la réglementation en vigueur établie par consensus par le peuple, toutes confessions confondues ; ce qui n’est pas très différent du ‘’Droit positif’’ adoptépar la quasi-totalité des pays du monde. Enréalité, le ‘’Droit positif’’ n’est pas une invention des occidentaux ;elle dérive de la Thora qui comme le Coran est ‘’lumière, guide etéclaircissement de toute chose’’ [6. Les Troupeaux : 154-155 – Al-An’âm] ;c’est ce qui explique sa conformité avec la Charia dans ses principes. Le‘’Droit positif’’ est cependant susceptible d’évoluer, de se parfaire en sespiritualisant et, à terme, d’atteindre l’idéal islamique. Mais toutemodification devra être consensuelle, en conformité donc avec les principes dedémocratie et de droit de l’homme que tous nos pays ont ratifiés – respect desengagements oblige ! [5.La Table Servie : 1 – Al-Mâ’idah].

C’esttrès clair, le Coran et le Hadith ne plaident pas en faveur de la lecturemaximaliste de la Charia que préconisent les « fondamentalistes » (ou« islamistes »). Et cet islamisme qui gangrène la plupart des paysarabes – et qui frappe à nos portes – n’est que la manifestation d’unetourmente (névrose) liée à une inertie dans la compréhension de l’Islam(égarement manifeste) ; le Prophète (PSL) nous avait prévenu :

– AbdAllah b. Amr rapporte ces propos de l’Envoyé de Dieu – sur lui la grâce et lapaix – : « Dieu ne fera pas disparaître la science en l’ôtant auxhommes, mais Il fera périr les savants, si bien que lorsqu’ils auront disparu,les gens prendront pour guides des ignorants qu’ils interrogeront et qui leurdonneront des fatwas sans aucune autorité ; ils les égareront en s’égaranteux-mêmes. ». (Bukhari)

 

DOCTEURMOUHAMADOU BAMBA NDIAYE

AncienInterne des Hôpitaux de Dakar

Pédiatreà Thiès

Recteurde l’Université Virtuelle ‘’La Sagesse’’ de la Fondation Serigne Babacar SYIhsaan – Bienfaisance (Thiès).

http://sites.google.com/site/universitevirtuellelasagesse/

 

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