L’Administration pénitentiaire a tenu, hier, la réunion de coordination élargie aux chefs de division, service et directeurs d’établissement pénitentiaire. Une rencontre à l’issue de laquelle, le rapport annuel d’activités 2014 de la population pénale a été dévoilé.
Les détenus augmentent d’année en année, mais les locaux de détention restent les mêmes. Ce qui rend très difficile leurs conditions de détention. Le Rapport annuel 2014 d’activités de l’Administration pénitentiaire relève une population pénale de 36 028 personnes dans les 37 établissements pénitentiaires. Soit une hausse de 1 411 prisonniers par rapport à 2013 où la population carcérale s’élevait à 34 617. L’Administration pénitentiaire a rendu public ce Rapport annuel 2014 à l’issue de la réunion de coordination élargie aux chefs de division, service et directeurs d’établissement pénitentiaire, hier. L’Administration pénitentiaire a annoncé des solutions en vue d’améliorer le sort des détenus par, notamment, la construction de nouvelles prisons et l’augmentation de l’indemnité d’entretien du détenu qui est passé de 635 FCfa en 2014 à 720 FCfa en 2015. Le dDirecteur général Cheikh Tidiane Diallo explique d’ailleurs les conditions difficiles des détenus par le manque de prisons. «Les conditions de détention sont difficiles compte tenu de la vétusté des établissements pénitentiaires. Depuis l’indépendance, aucune nouvelle prison n’a été construite. Il s’agit simplement de locaux réaménagés pour servir de prisons. La première prison de Saint-Louis a été construite en 1863 et celle de Reubeus en 1929. La solution demeure la construction d’établissements pénitentiaires», a-t-il relevé.
Dakar «case» la moitié des détenus, Ziguinchor concentre le plus faible taux
Dakar est la capitale du Sénégal à tout point de vue. La population pénale estimée à 36 028 personnes est répartie dans les 37 établissements pénitentiaires. Mais la région pénitentiaire de Dakar concentre, à elle seule, presque la moitié de cette population. Au total, ce sont 17 315 personnes qui sont détenues à Dakar, soit 48% de la population carcérale générale. Ensuite, vient la région pénitentiaire de Thiès-Diourbel avec 21%, suivie de Kaolack 10%, Saint-Louis avec 8%, Tambacounda 7%. La région pénitentiaire de Ziguinchor détient le plus faible taux de détenus avec seulement 6%. Conscient de ces problèmes, l’Etat compte faire une série de recrutements d’agents pour renforcer l’effectif de l’Administration pénitentiaire.
Le vol et la drogue, les premières infractions
Il y a plusieurs infractions qui conduisent à la prison. Mais le vol et le trafic de drogue restent les infractions les plus récurrentes. Ces deux infractions constituent environ 60% des détenus. Dans le rapport d’activités de l’Administration pénitentiaire, le vol et recel concentre 34%, suivi du trafic et usage de drogue avec 25,6%. L’escroquerie et l’abus de confiance sont estimés à 9,7%, et les coups et blessures volontaires à 7,8%. Le viol et l’attentat à la pudeur, pourtant très récurrents dans notre société, ne sont crédités que de 2,04%. L’homicide involontaire s’élève à 2,07%. Le vagabondage et la mendicité avec 1,98% talonnent les menaces, violences, voies de faits et injures qui ferment la marche avec 1,85%.
Les longues détentions, le talon d’Achille de la justice
Le problème reste et demeure. Les longues détentions, longtemps décriées, restent le talon d’Achille de la Justice sénégalaise. Dans le Rapport annuel 2014 d’activités de l’Administration pénitentiaire, les longues détentions représentent 46,55% de la population pénale, soit presque la moitié. Mais les détenus provisoires ayant dépassé trois ans sont au nombre de 428 personnes. Le Directeur général de l’Administration pénitentiaire précise que cela ne relève pas de sa compétence. Mais Cheikh Tidiane Diallo a promis de travailler de sorte que «certaines infractions ne conduisent pas immédiatement à la prison». Durant l’année 2014, 853 détenus ont bénéficié de la libération conditionnelle. Cette formule est aussi une solution dans le désengorgement des prisons.
Les femmes, encore loin de la parité
Les femmes sont encore loin d’égaler les hommes en prison. Mais le nombre croît. La population pénale des femmes pour l’année 2014 est de 1 557, soit 4,32% de la population pénale générale. Elles sont encore très loin de la parité qui est souvent revendiquée en milieu politique. La hausse vertigineuse du nombre de prisonnières inquiète. Par ailleurs, la population pénale des mineurs s’élève à 1 781 détenus, dont 48 filles, soit 4,95%.
50 cas de décès «justifiés»
Les cas de décès dans les prisons sénégalaises ont toujours soulevé des vagues de contestations. L’opinion nationale les assimile souvent à des mauvais traitements dans les Maisons d’arrêt et de correction. Dans le Rapport annuel 2014 d’activités de l’Administration pénitentiaire, les cas de décès sont estimés à 50. Mais le Directeur général de l’Administration pénitentiaire a lavé à grande eau ses agents. «Nous examinons les incidents qui sont de deux ordres : les évasions et les cas de décès. Tous les 50 cas de décès sont constatés et sont d’une mort naturelle», a justifié Cheikh Tidiane Diallo. Le patron de l’Administration pénitentiaire n’a pas manqué de relever les efforts faits pour mettre un terme à ces cas de décès. «Nous nous efforçons chaque année à prendre des mesures idoines afin d’éviter les décès dans les prisons», a-t-il indiqué. Les évasions ont baissé pour l’année 2014. Les cas d’évasion sont au nombre de 29 en 2014 et 38 en 2013.
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