Achat et réfection du nouvel avion présidentiel : Un trou d’air de 39 milliards dans la transparence

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Aux 21 milliards du prix d’achat, il faudra ajouter 18 milliards pour la remise en état à Bordeaux. Montants auxquels vont s’ajouter d’autres milliards pour la maintenance et les frais divers. Et dont on ne sait quelle part du Budget va les prendre en charge.
Le nouvel avion acquis par le Président Abdoulaye Wade n’a pas encore fini de susciter des commentaires de divers ordres, surtout quant à la manière peu orthodoxe qu’ont nos dirigeants de gérer les finances de l’Etat. Le journal Le Populaire dans son édition d’hier, rappelait opportunément qu’au prix de la réfection de «La Pointe de Sangomar», le Sénégal avait les moyens de s’offrir un avion tel celui qu’il vient d’acquérir auprès du Président Sarkozy.
Or, ce nouveau bijou, de huit ans d’âge, que vient de s’offrir le chef de l’Etat, a été conduit à Bordeaux, pour des travaux de remise en état. Ces travaux, taxés au contribuable sénégalais, vont revenir officiellement, à 18 milliards de francs Cfa. Ajouté au prix de l’avion, ce montant porte le prix de l’aéronef d’occasion à peu de choses près, au niveau d’un appareil sorti d’usine. Tous les experts en question aéronautique affirment en effet qu’avec une avance de 39 milliards de francs Cfa, Boeing, Airbus, Dassault, Northrop Grumman, le Canadien Bombardier, ou tout autre constructeur, serait plus que disposé à donner un avion à crédit.

Frais de maintenance
Or, si on ajoute à ces 39 milliards que l’Etat dépense pour le confort des airs de notre Chef suprême, les nombreux autres milliards que le Trésor public a dû prendre en charge pour les déplacements du chef de l’Etat à travers le monde, il y a longtemps que le chef aurait eu son appareil, et cela nous aurait peut-être épargnés certaines crises.
On sait en effet que les locations d’avions pour le compte du Président Wade constituent une bonne part de la dette due par la défunte Air Sénégal international (Asi) à ses créanciers. Au moment de la déclaration de faillite par les Marocains, cette part de la créance de la compagnie aérienne s’élevait à 6 milliards de francs Cfa. Malheureusement, à ce jour, ceux qui connaissent le montant exact de ces locations d’avion n’ont pas encore accepté de les révéler. Cela serait pourtant utile de les communiquer, afin que l’opinion soit édifiée sur les dépenses que la Nation a dû ainsi supporter pour le confort de son chef.
Malheureusement, on ne pourra même pas se consoler, en pensant qu’une fois son nouvel avion acquis, le Président accordera quelque répit au Trésor, déchargé de la location d’avions. Que Nenni !
Si le Président Wade ne réduit pas le rythme de ses déplacements à l’Etranger, le contribuable devra prendre en charge, de manière régulière, outre le prix du carburant de l’avion, les frais d’atterrissage, de survol et de stationnement de celui-ci, dans différents pays. Et il lui faudra également mettre la main à la poche pour sa maintenance. Tout cela ne se chiffre pas à moins de plusieurs dizaines de millions de francs Cfa…

Et la transparence ?
Et il ne faut pas écarter les risques de dérapages financiers. Car il semble que la négociation et l’acquisition de cet avion se soient faites dans la plus grande opacité, car c’est une fois que l’acquisition a été réalisée que l’on a appris que c’est le propre fils de son père, le ministre d’Etat Karim Wade, qui a piloté le dossier, avec les autorités françaises. Or, on se rend facilement compte que l’achat d’un avion présidentiel n’est inscrit dans aucune rubrique du budget de l’année dernière, et encore moins de celui qui est en discussion à l’Assemblée nationale. Il y a donc lieu de se demander, d’où sortiront les fonds qui vont servir à son règlement. Et l’on ne peut nous invoquer l’argument de l’urgence, car cette affaire semble avoir été bien planifiée.
On se souvient qu’il y a quelques semaines, le chef de l’Etat était revenu de voyage dans un avion de la République française. A ses ministres venus l’accueillir à l’aéroport, il avait lancé, sous forme de boutade : «Puisque vous ne voulez pas m’acheter un avion, mes amis m’en prêtent un.» Or, c’est ce même aéronef qu’il vient d’acheter. On peut donc se demander si ce vol avec un avion «prêté», n’était tout simplement pas un «essayage», comme on essaie en cabine un vêtement que l’on a l’intention d’acquérir ? A l’époque, la chose avait juste semblé mineure. Elle prend aujourd’hui toute sa signification. Vous avez dit transparence?
lequotidien.sn

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