Afrique : une opportunité à dompter

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Réservoir de croissance économique et grand marché en devenir, l’Afrique pourrait être le futur principal terrain des investissements internationaux.

Par Sébastien Laye* et Smaïla Camara**

L’Afrique est aujourd’hui comparable à l’Asie des années soixante. La croissance africaine (4 % en moyenne au cours des dernières années) en fait la zone la plus dynamique au sein de notre monde globalisé et multipolaire, bien au-dessus des moyennes mondiales. Commerce, télécommunications, bâtiment, et bien sûr le duo énergie-mines, sont le fer de lance de cette économie. Mais les investisseurs s’intéressent aussi de plus en plus à l’AfricaTech et aux start-up locales : avec un milliard de téléphones dont nombre de smartphones, l’accès à Internet sur le continent est avant tout mobile et par le biais des applications. Une classe entrepreneuriale, notamment dans les start-up et le textile, est en plein essor.

Une classe moyenne prometteuse

La classe moyenne africaine est potentiellement aussi importante que celle de Chine, même si elle est plus variée : avec plus de 326 millions de consommateurs, l’émergence de cette classe moyenne va permettre à la croissance africaine de reposer sur des ressorts domestiques plus sains que la croissance asiatique.
Un continent de près de 2 milliards d’habitants est en train de se constituer. Si la population de l’Europe va en diminuant, l’Afrique, elle, voit sa population doubler tous les 26 ans. Avec une population estimée à 100 millions de personnes en 1900, le continent africain abritait plus de 700 millions de personnes en 2000, et aujourd’hui le consensus l’emporte (ONU, OCDE, FMI) pour tabler sur une population toute proche des deux milliards d’habitants en 2050. Le rythme de croissance est de 4 % par an en moyenne, la baisse de la fécondité étant certes manifeste, mais encore très inégale et surtout très en deçà des progrès qui ont marqué la baisse des taux de mortalité.

Une population active de plus en plus importante

Parallèlement à cette explosion démographique, c’est l’évolution du poids de la population active qui devrait permettre à l’Afrique de bénéficier durant une courte période d’un dividende démographique. La structure économique actuelle africaine qui produit un actif pour une personne dépendante devrait évoluer pour conduire à une situation beaucoup plus favorable faisant état de deux actifs pour une personne dépendante en 2050. Forte de cette explosion démographique relayée par une mutation de la structure économique, l’Afrique est en train de devenir un des plus grands marchés du monde.

Un vaste chantier urbain

L’urbanisation de ce continent est sans précédent : l’Afrique est désormais un vaste chantier, avec un secteur du bâtiment soutenu par une croissance économique vigoureuse et une demande de logements urbains, mais aussi un secteur comme la grande distribution également en plein essor.
L’urbanisation et le dynamisme démographique conduisent à une demande croissante en services, infrastructures et approvisionnement alimentaire. On assiste à une prise en compte de ce dynamisme démographique comme élément déterminant des politiques publiques. Des politiques foncières sont élaborées, des normes, des règles sont mises en place au sein de plans directeurs. Cela concerne l’immobilier et l’urbanisation, mais aussi les infrastructures et l’environnement.

Une gouvernance améliorée

Le recul des conflits armés, les améliorations dans la gestion économique, une amélioration indéniable de la gouvernance politique contribuent à accroître l’intérêt des investisseurs internationaux pour le continent. L’Afrique est sortie de son isolement relatif et s’insère dans la mondialisation du commerce et des flux de capitaux. Les ex-puissances coloniales, les pays européens, sont certes présents du fait du legs du passe, mais paraissent timorés par rapport aux ambitions affichées par les États-Unis ou les émergents (Chine, Inde) qui paraissent avoir gagné la première manche de la nouvelle bataille économique autour des enjeux africains.

Mais cette victoire s’est souvent faite au détriment des intérêts des Africains eux-mêmes. Les Français qui sauront respecter les spécificités du business local et seront plus respectueux des réalités sociales et sociétales seront probablement les principaux investisseurs internationaux dans la nouvelle phase de développement économique qui s’annonce sur le continent.

* Entrepreneur dans les services financiers.

** Chargé de mission dans le domaine de l’énergie.
afrique.lepoint.fr/

1 COMMENTAIRE

  1. Nous venons de le comprendre ? L’Occident l’a compris il y a 20 ans. Et pour continuer d’assurer sa dominance sur nous, pour continuer d’être le seul bénéficiaire de la croissance e l’Afrique, il a trouvé une solution: placer des légionnaires à la tête des pays d’Afrique, et déstabiliser ceux qui refusent cette solution.

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