Amath Dansokho. (Par Moctar Fofana NIANG).

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Décédé vendredi 23, aout 2019  est et restera une référence pour sa génération et celle montante. Son parcours mérite d’être conté aux jeunes qui se destinent à s’engager en politique. Je livre ici un extrait brut de mon ouvrage en édition à cet effet en attendant de revenir sur cette icône patrimoine politique du peuple sénégalais.
Dans l’émission de la RFI, diffusée le samedi 31 Mars 2012 : « La Marche du Monde : Portrait d’un révolutionnaire Amath DANSOKHO » se raconte. Il est né en 1937 à Kédougou, Région du Sénégal Oriental à plus de 500 km de Dakar, la capitale.
Amath avise et insiste : « Je ne suis pas un révolutionnaire d’occasion » Déjà en 1951, à 14-15 ans, Amath, élève précoce, se comptait parmi les jeunes contestataires à Saint-Louis surnommés « les va nu pieds ». Il abandonnait les classes de temps en temps pour une préoccupation politique.
À 15 ans, il entre en politique par passion et admiration de Léopold SEDAR SENGHOR, leader du Bloc Démocratique Sénégalais (BDS). Il était particulièrement attiré par les idées des nationalistes arabes du FLN d’Algérie et, ceux d’Asie.
Amath s’adonnera à la lecture politique avec un livre que lui avait offert un militant actif du BDS, élevé par son père : « L’ENFANT DU PEUPLE » (SIC) (IL S’AGISSAIT DE « FILS DU PEUPLE ») de Maurice THOREZ qu’il parcourait plusieurs fois. Il adhéra ensuite au mouvement de la jeunesse du Parti, l’UDS, de SENGHOR.
Son père, le vieux Dansokho, était un grand notable socialement serviable respecté de tous, des populations autochtones comme de l’administration. Il était le point de chute des ressortissants qui venaient du « nord ».
L’élève Amath Dansokho, « un casseur » provoquera et conduira la première grève de dimension territoriale au Lycée FAIDHERBE de Saint-Louis, en 1955. Elle fut réprimée par la police et, pour la première fois, les populations locales découvrirent l’effet des «bombes lacrymogènes que lançaient les agents des forces de l’ordre. Amath était élève non boursier, à Saint-Louis, logeant chez un ami de son père, Mbagning DIOUF. Quand Amath, l’enfant chéri bien aimé, revenait au domicile familial, il était reçu jovialement par les femmes du coin au son d’exclamations en cœur de « BABA GOULO KO ARI, BABA GOULO KO ARI » (en langue pular= BABA GOULO (du nom de sa mère) est arrivé !
À 20 ans, Amath participera, pour sa première fois au défilé, justement le lendemain des échos de l’extraordinaire exploit des indépendantistes Vietnamiens avec le général GIAP à DIEN BEN PHU.
Le Parti Africain de l’Indépendance (P.A.I.) est créé durant les vacances, le 15 septembre 1957, lorsque Amath se trouvait en vacances chez son père à Kédougou.
Il a suivi le discours de Ly Tidiane Baïdy au congrès des jeunes du RDA. Dès son retour à Dakar, étudiant à l’Université de Dakar, il se porta à la librairie de la rue de Bayeux pour adhérer au P.A.I. et obtenir sa carte de membre des mains de Majhemout DIOP, gérant de la librairie.
Amath fut élu Vice-Président de l’AGED, de l’UGEAO à côté de Daouda Sow, UPS qui deviendra plus tard, le Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal indépendant. À l’interdiction de leur journal « DAKAR Étudiant » dont il était l’un des rédacteurs, il allait l’imprimer en Guinée de Sékou TOURE et le ramener à Dakar pour diffusion. Avec d’autres étudiants militants et sympathisants du P.A.I. ils transformèrent la Cité Universitaire, en « un bastion inexpugnable du P.AI. » Il vivra 13 ans en exil forcé sans papiers, par expulsion et interdiction de séjour, décision illégale, de Senghor. Amath Dansokho profita de cette occasion pour travailler à la « REVUE INTERNATIONALE » à Prague en Tchécoslovaquie. Il y célèbrera son mariage avec une charmante dame Elisabeth Feller que nous appelons affectueusement Babette et qui a été pour notre Secrétaire Général comme pour le Parti à une époque donnée, un soutien précieux. Ils ont eu quatre (4) enfants dont un garçon du nom d’un des frères d’Amath : ALCALY, qui travaillait à l’ASECNA avant de décéder.
Amath Dansokho a représenté le P.A.I. dans l’espace du Camp Socialiste et du mouvement national démocratique international. Il s’est employé à assurer les liaisons entre les structures du Parti sur l’échiquier externe au Sénégal. On ne peut s’empêcher de reconnaître qu’il fut sur une longue période, le « complice éclairé » de Majhemout DIOP et les deux ont participé à plusieurs rencontres et missions au nom du Parti Africain de l’Indépendance du Sénégal.
Artisan principal des rassemblements et/ou coalitions, Amath DANSOKHO a offert le salon de son domicile pour y tenir les réunions étant de ce fait l’un, des hommes politiques sénégalais, le plus accepté et capable de recevoir en même temps et au même endroit, certains leaders politiques au passé conflictuel permanent, au point d’être considéré et déclaré par une certaine presse, le « MANDELA SENEGALAIS. » Amath a sérieusement contribué à nouer les meilleures relations P.A.I.- travailleurs et, il est reconnu comme le maître d’œuvre et l’artisan par les responsables syndicaux, de telle sorte qu’il fut toujours le bienvenu dans les défilés du 1er Mai, et intégré dans la délégation syndicale que recevait le Président de la République du Sénégal au cours de ses manifestations, Cela, même lorsqu’il était Ministre de la République.
Amath deviendra, au fil de l’évolution politique du pays, Secrétaire Général élu du P.I.T au Congrès de 1984, Ministre dans le Gouvernement de Majorité Présidentielle Elargie d’Abdou DIOUF, puis « défenestré » pour son franc parler et à cause d’une Déclaration de son SEPO. IL redeviendra Ministre dans le gouvernement d’Abdoulaye WADE à la première alternance et, est présentement ministre d’État Conseiller du Président Macky SALL.
Dans WALF QUOTIDIEN du vendredi 05 février 2010, lors d’une,interview, Amath déclare « Les péripéties de mon engagement, vous ne pouvez même pas l’imaginer. J’ai fait beaucoup, beaucoup de sacrifices. La partie la plus belle de ma vie, je ne l’ai pas passée dans mon pays, mais en l’exil. Le président Senghor m’avait proposé une amnistie à condition que je renonce à la politique, mais j’ai refusé. Et quand, j’ai décidé de rentrer au pays, il ne pouvait plus rien faire contre moi, car il n’en avait plus les moyens. J’ai circulé effectivement pendant neuf ans avec de faux papiers. Mais tant que je vivrais, je lutterais contre l’injustice ».
 Pour saisir et se convaincre du patriotisme et de l’engagement affirmé de Dansokho, il faut relire son discours lors des événements Sénégalo-Mauritanien- de 1988, sous le président Ould TAYA. 
Dansokho fut un incontestable leader d’une très grande conviction et d’actions patriotiques remarquables. 
Dans le même quotidien il dira plus tard que la mort est la chose la plus démocratique au monde et qu’il n’en a pas peur.
Amath repose en paix ,
Moctar Fofana NIANG

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