[Audio] Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste et Macky Sall, ancien Premier ministre libéral, candidats à la présidentielle au Sénégal

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« Ma priorité consistera à travailler pour réduire les prix des produits de grande consommation : le riz, l’huile, le sucre et le gaz… Et réduire également le train de vie de l’Etat en luttant contre la corruption et l’impunité » (Ousmane Tanor Dieng)

« Ma priorité sera un primat du social avec comme première mesure, ce que j’ai appellé la bourse de sécurité familliale. Elle sera octroyée aux femmes de famille mono-parentales ou pauvres pour leur permettre de prendre en charge l’éducation des enfants. » (Macky Sall)

Lire la version écrite ci-dessous.

Au Sénégal, près de vingt candidats sont en lice pour la présidentielle du 26 février. Réaction aujourd’hui de deux des principaux adversaires du président sortant Wade : le secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, et l’ancien Premier ministre libéral, Macky Sall.

Entretien avec Ousmane Tanor Dieng

RFI : « Je pars dans un combat sans rival », affirme Abdoulaye Wade. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Ousmane Tanor Dieng : Je pense que nous sommes là dans le cadre des frasques et des fantasmes d’Abdoulaye Wade ! Tout ça n’est pas très sérieux et il doit, au contraire, respecter ses adversaires. Parce qu’il risque d’avoir une surprise très désagréable.

RFI : Il dit que vous savez vous-même que vous ne faites pas le poids. La preuve, dit-il, vous faites tout pour qu’il ne puisse pas se présenter.

O.T.D. : Non ! Ce n’est pas nous, c’est la Constitution qui le dit ! La majorité des constitutionalistes d’une part, et d’autre part les rédacteurs de la charte de cette Constitution, tout le monde a dit qu’il n’avait pas droit à un troisième mandat.

RFI : Et si le Conseil constitutionnel valide quand même sa candidature, comment réagirez-vous ?

O.T.D. : Je serais très étonné que le Conseil constitutionnel puisse valider sa candidature !

RFI : Mais si jamais le Conseil ne va pas dans le sens que vous souhaitez, est-ce que vous appellerez à manifester ?

O.T.D. : Mais bien sûr ! C’est normal, quand même. On doit appeler à manifester, si la décision qui est prise ne nous convient pas.

RFI : Abdoulaye Wade dit : « Mon bilan est excellent ». Vous, vous affirmez que sa gouvernance est calamiteuse. Est-ce que la vérité n’est pas entre les deux ?

O.T.D. : Non ! La vérité c’est que sa gouvernance est calamiteuse ! Son bilan se réduit à une corniche qu’il a élargie et embellie, d’une part, et d’autre part, sur la VDN, Voie Dégagement Nord, pour sortir de Dakar. Et il a mis, autour de ces deux infrastructures, près de 1 000 milliards. Alors que le tiers aurait suffi, et les deux tiers devraient être utilisés pour désenclaver le reste du pays.

RFI : Et quelle sera votre priorité, si vous êtes élu ?

O.T.D. : La priorité c’est de travailler à réduire les prix des produits de grande consommation : le riz, l’huile, le sucre, le gaz, le carburant… Ça, c’est essentiel ! Et c’est aussi en réduisant le train de vie de l’Etat, d’une part, et d’autre part, en luttant contre la corruption et l’impunité. Il y a aussi la Casamance. Bien sûr, là, il faudra revenir à des fondamentaux. C’est-à-dire que c’est un problème qui intéresse nos pays voisins, la Gambie et la Guinée-Bissau, qui de notre temps étaient des pays garants.

RFI : Est-ce qu’il faut parler avec Salif Sadio, le rebelle casamançais ?

O.T.D. : Il faut parler avec tout le monde !

RFI : Abdoulaye Wade dit que Salif Sadio, le rebelle, a été soutenu par votre ami socialiste ivoirien Laurent Gbagbo. Comment réagissez-vous ?

O.T.D. : Je n’en sais rien ! C’est lui qui le dit ! Comme de toute façon Laurent Gbagbo ne peut pas répondre, il peut dire tout ce qu’il veut !

RFI : Mais vous avez l’air sceptique…

O.T.D. : Je n’ai aucune preuve ! Mais s’il le disait c’est que Gbagbo était là et un président de la République comme lui, bon…

RFI : Ousmane Tanor Dieng, longtemps, vous avez été contesté à la tête du parti socialiste. Des gens disaient « Tanor a été parachuté, Tanor manque de charisme ». Est-ce que ça vous a handicapé cela ?

O.T.D. : Pas du tout ! La preuve est faite que les gens qui le disaient allaient vite en besogne. J’ai prouvé, après le départ de Diouf, que je pouvais tenir le parti la tête hors de l’eau, et en faire l’un des partis les plus attractifs de notre paysage politique. En tout cas, aujourd’hui, il c’est clair que nous sommes le premier parti, non seulement de l’opposition, mais presque du pays, du point de vue de notre ancrage dans la société.

RFI : Oui, mais enfin, vous avez été contesté dans le parti. Est-ce que vous vous êtes durci dans le combat ?

O.T.D. : Oui ! C’est normal, quand même, que je sois contesté dans les conditions dans lesquelles j’ai accédé aux fonctions qui sont les miennes !

RFI : Est-ce que vous êtes plus costaud qu’en 2007 ?

O.T.D. : Oui, tout à fait ! Mon séjour dans l’opposition m’a permis d’avoir une carapace plus résistante, en faisant face à ce que vous appelez les contestations au sein du parti et face au pouvoir. Tout ceci mis ensemble, ça m’a permis d’être effectivement plus costaud, comme vous dites.

Entretien avec Macky Sall

RFI : Quand Abdoulaye Wade dit qu’il n’a pas de rival, ça vous fait sourire ou ça vous énerve ?

Macky Sall : Ca me fait sourire plutôt, puisque ce sont des propos qui cachent une haute réalité, une inquiétude plutôt. Je considère cela comme une incantation, puisque il a en face de lui trois anciens Premier ministres, qui ont travaillé avec lui, sans parler du candidat du camp socialiste. Je pense que là, parler du premier tour, c’est vraiment faire une incantation.

RFI : Abdoulaye Wade dit que vous voulez l’empêcher de se présenter parce que vous avez peur de lui.

M.S. : Vous savez, on n’a pas peur d’Abdoulaye Wade, puisque c’est un président sortant. Il y a l’usure du pouvoir et il y a surtout le bilan calamiteux au plan social. Donc le débat n’est pas là. Le débat c’est que nous sommes des républicains. Donc, nous sommes pour le respect de la Constitution.

RFI : Si le Conseil constitutionnel valide sa candidature, est-ce que vous descendrez dans la rue ou pas ?

M.S. : Si le Conseil constitutionnel valide, nous apprécierons, par rapport à la situation du pays. C’est tout ce que je peux dire pour le moment.

RFI : Et si vous êtes élu, quelle sera votre première priorité ?

M.S. : D’abord un prima du social. La première mesure, ce que j’ai appelé « la bourse de sécurité familiale ». Elle sera octroyée aux femmes de familles monoparentales, ou en tout cas aux familles vraiment pauvres, qui sont aujourd’hui autour de 250 000 à 300 000 familles au Sénégal. Pour ces familles, nous donnerons un revenu minimum de solidarité devant permettre de prendre en charge l’éducation des enfants. Je mettrai en œuvre également une couverture maladie universelle, à partir des économies substantielles, qui seront générées par la réduction du train de vie de l’Etat. Et à cela, il faudrait ajouter des revenus tirés de certains secteurs comme les télécommunications, les transferts d’argent, et d’autres secteurs économiques.

RFI : La candidature Youssou N’Dour, est-ce que ce n’est pas une pierre dans le jardin des hommes politiques comme vous ?

M.S. : La candidature de Youssou N’Dour intervient dans un contexte effectivement de crise des valeurs, dans le contexte de l’émergence d’une société civile, avec un contrôle citoyen plus accru. Il faudrait plutôt voir à travers cette candidature une vitalité de notre démocratie. Et je pense que les politiques auront de plus en plus de mal à faire ce qu’ils veulent, puisque la société civile émergente, qu’elle soit candidate ou pas, restera une vigie. Youssou N’Dour est un artiste de renommée mondiale. Il est connu et respecté. Maintenant, il est entré dans un terrain nouveau, celui de la politique. Attendons de voir ce qu’il proposera, et comment nos compatriotes le considèreront. Pour ma part, je lui dirais seulement : « Bienvenu dans l’arène ».

RFI : Le conflit casamançais… Qu’est-ce que vous pourrez faire de mieux qu’Abdoulaye Wade, si vous êtes élu ?

M.S. : Je pense que ce que je ferais de bien, c’est d’abord, avec humilité, de mobiliser toutes les forces vives de la Casamance. Nous allons travailler également avec nos pays frontaliers, qui sont la Gambie et la Guinée-Bissau, et travailler également à travers une réponse économique, avec des projets structurants, tant dans le désenclavement que dans la perspective d’emplois pour les jeunes Casamançais. Donc je crois que là, il faudra une sorte de plan Marshall, immédiatement régler vraiment la continuité territoriale entre la région du sud et le reste du Sénégal, et surtout donner des perspectives avec tous les acteurs impliqués.
rfi.fr

INV AFR -09/01- TANOR DIENG + MACKY SALL SENEGAL

(06:45)

 
 

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