Avec le décret 91-2011 portant conseil national de l’éléctricité : Karim Wade Bis Pésident du Sénégal

Date:

Prenant prétexte la résolution de la crise électrique, le Président taille à Karim Wade un décret sur mesure, pour le doter de tous les pouvoirs dans la République. Au grand dam de certains. La crise de l’énergie qui affecte si fortement le pays a, semble-t-il, donné des idées à la famille Wade, pour accroître encore au possible, les pouvoirs dévolus au fils aîné, par ailleurs, ministre d’Etat, chargé de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures, et de l’Energie. Ce dernier a convaincu le président de la République de décréter la création d’un Conseil national de l’énergie (Cne). Et sous le prétexte de la réalisation du plan d’urgence «Takkal», destiné à relancer de manière durable ce secteur de l’énergie, de lui accorder une autorité sur toutes les structures publiques et privées de ce pays, ainsi que sur tous les agents de l’Etat.

Le décret 2011-91 du 24 janvier 2011, qui institue le Conseil national de l’énergie, est plus que clair sur les prérogatives accordées à Karim Wade. Dans son article 2, il précise les missions du Cne : «Coordonner, superviser, contrôler, évaluer la mise en œuvre du Plan et des acteurs ; fixer les orientations, arbitrer, réorienter les mesures, les financements et l’ensemble des moyens nécessaires à la mise en œuvre du Plan d’urgence ;…» L’article 3 indique que l’organe exécutif de ce Cne est un Secrétariat permanent, qui sera créé par arrêté conjoint des ministres de l’Energie et des Finances.
L’art. 5 précise que le Secrétariat permanent est «l’organe opérationnel chargé de la mise en œuvre des décisions prises par le Conseil national de l’énergie, ainsi que du suivi quotidien de l’exécution des mesures du Plan». Si l’organe est dirigé par un secrétaire permanent nommé par arrêté conjoint des deux ministres de l’Energie et des Finances, il est néanmoins logé au ministère de Karim Wade, dont il reçoit les instructions, et qui fixe l’ordre du jour des réunions régulières du Cne. Et il faut croire que ceux qui ont eu l’idée de cette nouvelle structure ne doutent de rien, car ils l’ont dotée de pouvoirs littéralement exorbitants.
En son art. 7, le décret 2011-91 précise : «Pour les besoins de la mise en œuvre du Plan d’urgence, toutes les structures privées ou publiques sont soumises à l’autorité du Secrétariat permanent.» Bien entendu, ces besoins ne sont pas précisés, et ne sont donc pas limités. Ils sont laissés à la seule appréciation d’un individu. Ce même individu peut, quand il lui plaît, «confier toutes missions aux agents de l’Etat», tout aussi indistinctement. Ce qui est clair, c’est que les ressources nécessaires au fonctionnement de ce Secrétariat, et à l’accomplissement de ses missions, lui sont fournies par le ministre des Finances (art. 9). Mais ses ordres ne viendront certainement pas de là.

Ce qui est admirable, c’est que cette structure dont les attributions ont été ainsi développées, n’a pas encore connu de vie. Sans vouloir présumer que cela est dû à un désaccord entre les deux ministres concernés sur le contenu des attributions, ainsi que sur le visage qui devrait personnifier cette structure, on ne peut que constater que Karim Wade a confié l’autorité suprême sur toutes les structures publiques et privées du Sénégal, à une institution qui n’a pas encore d’existence légale, parce que n’ayant pas encore vu le jour. En attendant son existence, qui va donc être appelé à exercer ses prérogatives ? Le ministre de l’Energie lui-même ?

En plus des problèmes légaux et institutionnels que ce décret soulève, notamment quand il s’agira de soumettre des privés à l’autorité et à l’arbitraire d’une structure aux pouvoirs nébuleux, il y a la part qu’il accorde à des structures déjà existantes. On se rappelle qu’il n’y a pas longtemps que le ministre d’Etat Karim Wade a mis en place son Conseil de restructuration et de relance du secteur de l’énergie dans lequel il avait imposé qui il voulait. Ce «machin» que certains de ses membres avaient déjà commencé à quitter, se retrouve aujourd’hui représenté par un de ses membres, dans le Cne, au même titre que les directeurs de la Senelec et de la Sar, ainsi que des représentants du Sénat, de l’Assemblée nationale, des «travailleurs du secteur de l’énergie», de ceux du Conseil économique et social, des associations de consommateurs, et même… des paysans.

Sans paraître vouloir minimiser le savoir de nos parents paysans, on peut se poser la question de savoir, de quelle expertise ils peuvent se prévaloir, pour parler de la crise énergétique ? Et au regard du foisonnement du mouvement paysan au Sénégal, quels seront les critères de choix de ce représentant paysan ?

Ce décret, beaucoup en sont convaincus, même dans les allées du pouvoir, semble avoir été inspiré par Karim Wade pour se doter de pouvoirs exceptionnels, et avoir un droit de regard sur toutes les activités dans ce pays. Ses termes sont tellement généraux que le ministre sous l’autorité duquel le Secrétariat permanent du Cne est placé, peut s’en servir pour leur faire dire tout ce qu’il lui plaira de dire. Car, à part le président de la République, tout le monde est placé sous son autorité. Bref, un véritable président de la République bis !

Cela n’a pas échappé à certains, qui ont cherché les moyens de contrebalancer ses pouvoirs, quitte à en rajouter encore à la cacophonie. Ainsi, le ministre d’Etat Abdoulaye Diop et Mme Aminata Niane, ont proposé l’adoption du décret 2011-111, qui accroît et étend les compétences de l’Apix, pour englober «la réalisation, la mise en œuvre et le suivi des investissements structurants de renforcement des capacités dans le secteur de l’énergie, notamment dans le sous-secteur de l’électricité, par l’augmentation des capacités de production de l’énergie électrique». Quasiment, les mêmes finalités que le Cne conçu par Karim Wade.

lequotidien.sn

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE