Au Sénégal, les régimes se succèdent et se ressemblent. De 2000 à nos jours, beaucoup de responsables politiques ont changé de camp comme ils changent de chemises. Et avec l’arrivée annoncée du leader de l’Urd Djibo leyti Ka dans les prairies marron beige, la transhumance politique a encore de beaux jours devant elle. Ainsi le chef de l’Etat Macky Sall, après avoir mis dans son escarcelle le peuple des Assises nationales, est en train de faire le vide autour de l’ancien président de la République Me Abdoulaye Wade.
Awa Ndiaye ‘’l’intouchable’’
L’ancienne ministre de la Femme, de la Famille et de l’Entrepreneuriat féminin sous Wade a été accusée de détournement de deniers publics. Du moins si l’on en croit le rapport 2008 de l’autorité de régulation des marchés publics. L’Armp avait épinglé la nouvelle alliée de Macky Sall à qui il a été reproché des surfacturations dans l’achat de matériels dont des clés Usb achetées à 97 500 F CFA et des carafes à 47 100 F CFA l’unité. Toutefois, Awa Ndiaye a été blanchie après un non-lieu prononcé par le doyen des juges d’instruction chargé à l’époque de l’instruction du dossier. Aujourd’hui dans le giron de Macky Sall, elle semble humer une nouvelle santé politique.
Innocence Ntap Ndiaye ‘’l’innocente’’
A l’image d’Awa Ndiaye, Innocence Ntap Ndiaye est une ex-responsable du Parti démocratique sénégalais (Pds), devenue entre-temps néo-apériste. L’ancienne ministre de la Fonction publique, du Travail et des Organisations sociales sous Abdoulaye Wade n’a pas en effet mis trop de temps pour rejoindre le camp présidentiel. Cela, après avoir été courtisée pendant quelque temps par Macky Sall. Pion essentiel du président de la République pour renverser les tendances dans la capitale du Sud, Innocence Ntap Ndiaye a été récemment casée à la tête du Haut conseil du dialogue social au mois de février dernier.
Baïla Wane ‘’le blanchi’’
Il fait partie de ces responsables libéraux arrêtés et jetés en prison juste après la chute d’Abdoulaye Wade pour mauvaise gestion et malversation financière. L’ex-directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) a en effet passé plusieurs mois en prison pour enrichissement illicite et détournement de deniers publics présumés. Epinglé par le rapport 2004 de la Cour des comptes, il a été arrêté le 1er août 2012 et placé sous mandat de dépôt en même temps que le président du conseil d’administration de l’époque, Ibrahima Condetto Niang. Poursuivi pour les chefs d’inculpation de détournement de deniers publics portant sur 3 milliards 400 millions, association de malfaiteurs, corruption, faux et usage de faux en écriture privée, faux et usage de faux en écriture publique, abus de biens sociaux, Baïla Wane a passé près d’un an en prison avant d’être libéré le 10 mai 2013. Depuis, il a rallié le camp présidentiel grâce à son mouvement dénommé : ‘’Cercle des amis de Macky Sall’’.
Pape Diouf ‘’le mauvais parieur’’
L’homme renvoie l’image d’un mauvais parieur qui finit toujours par se mordre les doigts. Ancien maire de Bambey, Pape Diouf a en effet claqué la porte du Pds pour suivre Idrissa Seck alors en bisbille avec Abdoulaye Wade, dans son aventure en 2007. L’ancien ministre de la Pêche et de l’Economie maritime passé après ministre de l’Agriculture cheminera ainsi pendant 8 bonnes années avec l’ex-numéro 2 de Pds, avant de lui tourner le dos en 2014. L’édile de Bambey a en effet refusé de suivre la décision prise par son parti, le Rewmi, de sortir de la coalition de la mouvance présidentielle en démissionnant du gouvernement et s’est accroché à son poste ministériel. Tout comme son camarade Oumar Guèye, il a initié son propre mouvement dénommé : ‘’Mouvement pour la démocratie et la République’’ pour rallier le camp présidentiel. Mais il est vite limogé du gouvernement par le président Macky Sall juste après les élections locales de 2014 après avoir été laminé à Bambey par l’actuelle présidente du conseil départemental de la localité, Aïda Mbodj. Depuis, il a disparu du paysage politique après avoir été casé à la présidence du Conseil d’administration de la Société nationale de recouvrement en remplacement de Mata Sy Diallo.
Abdou Fall ‘’l’instable’’
De tous les responsables libéraux, Abdou Fall fait partie de ceux qui ont eu le plus de responsabilités sous le règne d’Abdoulaye Wade. Dans l’exercice de ses responsabilités gouvernementales, il a été nommé ministre de la Santé à deux reprises, puis ministre de la Culture et de la Communication, porte-parole du gouvernement. Il est par la suite passé ministre d’État, puis directeur de cabinet politique de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade avant de démissionner du gouvernement en 2011, peu de temps avant la chute du Pape du Sopi. Après une longue absence du paysage politique, il est revenu avec une nouvelle trouvaille, un mouvement dénommé : ‘’Alternative citoyenne/Andu Nawle’’. Mouvement d’ailleurs qui lui a servi de barque pour ramer vers la mouvance présidentielle qu’il a ralliée via la coalition Macky 2012.
Sitor Ndour ‘’l’indécis’’
S’il y a un homme politique sénégalais qui ne s’est pas gêné pour ravaler ce qu’il avait déjà vomi, c’est bien Sitor Ndour. L’ancien directeur général du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) avait juré publiquement de ne plus jamais retourner à l’Alliance pour la République après l’avoir quittée pour réintégrer le Pds. Mais il ne s’est pas gêné de revenir sur tout ce qu’il avait dit et de rallier le parti présidentiel lorsque l’occasion s’est présentée. Pourtant, il était l’un des premiers responsables libéraux à s’engager à suivre Macky Sall dans son aventure après qu’il eut démissionné du Pds en 2008. Il est même l’un des membres fondateurs de l’Apr. Mais il avait fini par être repêché par Abdoulaye Wade qui l’avait appâté avec le poste de Directeur général du Coud. Défénestré avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, Sitor Ndour a mis en place son propre parti politique, Energie libérale pour une avancée nationale (Elan).
Djibo Leyti Ka ‘’le roublard’’
Il est l’une des personnalités politiques du pays qui a le plus de longévité politique à part Abdoulaye Wade. Djibo Leyti Ka a en effet fréquenté tous les régimes politiques qui se sont succédé à la tête du pays. De Senghor à Macky Sall en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Son ralliement au camp présidentiel annoncé dans la presse ne surprendrait personne. Cela, d’autant plus que l’homme est habitué des faits. Directeur de cabinet du président-poète Léopold Sédar Senghor en 1977 en remplacement de Moustapha Niasse, Djibo Leyti Kâ a pendant longtemps cheminé avec le président Abdou Diouf au sein du gouvernement et au sein du Parti socialiste.
Un parti qu’il a quitté avec fracas en 1996 pour créer son propre parti politique, l’Union pour le renouveau démocratique (Urd). Après avoir réussi à décrocher 11 députés aux élections législatives de 1998, il affronte Abdou Diouf à l’élection présidentielle de 2000 et se classe quatrième à l’issue du premier tour avec 7,1% des voix valablement exprimées. Mais son soutien apporté à Abdou Diouf au deuxième tour face à Abdoulaye Wade a failli lui coûter son parti, lequel a fini par se scinder en deux. Néanmoins, en 2004, il noue une alliance avec Abdoulaye Wade avant d’être nommé ministre de l’Economie maritime puis ministre d’État, ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature, des Bassins de rétention et des Lacs artificiels. Renvoyé dans l’opposition en 2012, il est resté un allié d’Abdoulaye Wade dans l’opposition jusqu’à l’annonce de son ralliement à la coalition présidentielle. Une information jusqu’ici pas démentie par son parti et confirmée par le coordonnateur du Front patriotique pour la défense de la République Mamadou Diop Decroix.
EnQuête
C’est là justement l’occasion de comprendre que la diabolisation par des mensonges, financée par Macky Sall, et dirigée contre tous ceux qui ont été avec Wade n’a été qu’une stratégie terroriste pour les pousser à le rejoindre. Et c’est aussi l’occasion de dénoncer l’instrumentalisation de toute la république pour ce but. Macky a fait travaillé la police, la justice, les IGE, la Cour des Comptes, des ONG, des journalistes, etc, sur le mensonge, rien que sur le mensonge.
J’ai déjà dit que croire que Macky Sall pourra longtemps réussir de cette façon, c’est nier le pouvoir de Dieu. Ce que Macky Sall fait, il va lamentable l’échouer. Je suis prêt à parier.