L’avenir du Sénégal repose sur un développement urbain et économique durable du triangle
Dakar/Rufisque – Thiès – Mbour. Ce triangle accueillera au moins 40 % de la population du
Sénégal en 2022. L’axe Rufisque – Bargny – Diamniadio – Diass est au cœur de ce triangle.
Le triangle est constitué d’un ensemble de territoires divers (Rufisuqe, Bargny, Diamniadio,
Yéne, Diass notamment). Il hérite de l’image d’un territoire à part, qui est considéré et se
considère comme l’arrière cour de l’agglomération dakaroise. Cette image d’un triangle à part
dans l’agglomération dakaroise persiste, alors qu’on observe, depuis une dizaine d’années, des
tendances nouvelles qui la contredisent. Il bénéficie en effet de dynamiques de développement
qui lui confèrent un positionnement spécifique au sein de l’agglomération dakaroise. Le triangle
accueille aujourd’hui d’importants projets structurants (Aéroport International Blaise Diagne et
Zone Economique Spéciale à Diass, palais des congrès, zone industrielle et déménagement du
camp Leclerc à Diamniadio, port et centrale de charbon à Sendou/Bargny, Centre
d’enfouissement technique à Sindia, université du futur à Sébikotane et prolongement de
l’autoroute jusqu’à Thiès et Mbour). L’avenir du Sénégal repose donc aujourd’hui sur
l’aménagement et le développement cohérent des territoires du triangle.
Ces projets, les plus importants du Sénégal de la dernière décennie, vont incontestablement
bouleversés l’organisation territoriale de la région de Dakar. Les territoires du triangle
formeront un système urbain d’envergure nationale et internationale. Ces mutations et
recompositions s’accompagneront d’un développement des flux de personnes et de
marchandises qui transitent par le territoire. Cette situation entraine inévitablement une
concurrence des villes / communautés rurales situées dans le triangle afin de se positionner.
Les collectivités locales du triangle s’activent et font jouer leurs atouts, tout en essayant de
corriger leurs faiblesses pour profiter des dynamiques en cours. Les promoteurs se mobilisent
pour répondre à la très forte demande de logements. Dans cette perspective, deux alternatives
s’offrent aux bargnois :
-Subir la logique de flux et de transit des personnes et des marchandises appelées à se
développer sans en tirer les bénéfices et demeurer une ville dortoir, comme ce fut le cas depuis
toujours,
-Se positionner comme un territoire d’échanges dynamique, au cœur d’un bassin de vie plus
vaste en mouvement.
Notre ville est à l’heure de choix décisifs : décrochage définitif de Bargny ou réveil / sursaut ?
Nous n’avons ni le temps, ni le choix. L’enjeu est grave : nous avons raté la première vague de
décentralisation. A l’heure de l’acte 3 de la décentralisation et des dynamiques de
développement en cours, Bargny est dos au mur. La nécessité de concevoir un projet de
développement cohérent pour Bargny et s’inscrivant en cohérence avec cette nouvelle
dynamique et d’agir à cette échelle est incontestable, reste à définir comment : quel projet,
quelle stratégie et quelle gouvernance territoriale ?
C’est dans cette perspective que j’invite toutes les forces vives de Bargny à s’engager dans cette
bataille. On dit souvent que Bargny regorge de compétence. Mais soyons clair, l’innovation et le
développement d’une ville n’est pas le fait d’acteurs et de compétences isolés, mais de réseaux
/compétences qui se rencontrent et qui partagent des connaissances et les transforment en nouvelles techniques, organisations, en nouveaux produits/services/procédés au service du
développement de Bargny. C’est pourquoi, l’un des enjeux majeurs est de décloisonner les
acteurs et les compétences bargnoises afin de favoriser la fertilisation croisée.
Abou SECK
Expert en urbanisme et en aménagement du territoire
Coordonnateur du projet d’aménagement et de développement territorial de la zone Dakar – Mbour
– Thiès pour le compte de l’Etat du Sénégal
