Camp Bucca: la prison américaine qui a fait naître Daesh

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« Le berceau du groupe terroriste État Islamique ». C’est le surnom de Camp Bucca, une prison américaine située au sud de l’Irak. Elle a accueilli au moins neuf cadres de Daesh, dont Abou Bakr al-Baghdadi, l’actuel dirigeant de Daesh.

Le Camp Bucca est la plus grande prison de l’Irak à avoir été gérée par des forces américaines. Selon Associated Press, elle a accueilli 100.000 détenus en six ans, et jusqu’à 22.000 rien qu’en 2007.

Le Camp Bucca a été ouvert en avril 2003 avant d’être fermé en novembre 2009. En 2010, il a été partiellement transformé en hôtel par une société irakienne qui a construit un quartier d’affaire tout autour.

Abou Bakr al-Baghdadi
Au moins neuf hauts dirigeants de Daesh ont été emprisonnés au Camp Bucca. En novembre 2014, l’entreprise de consultant en stratégie internationale The Soufan Group a regroupé leurs noms dans un rapport intitulé « The islamic state ». Parmi eux, on retrouve Abou Bakr al-Baghdadi. Le 29 juin 2014, ce djihadiste irakien s’était autoproclamé calife de l’Etat Islamique. Il a été capturé « par hasard », le 4 février 2004 selon certains dossiers militaires américains révélés en février 2015.

« Avant leur détention, Abou Bakr al-Baghdadi et d’autres étaient déjà des radicaux violents, résolus à attaquer les Etats-Unis. Le temps qu’ils ont passé en prison a renforcé leur extrémisme et leur a donné l’opportunité d’élargir leur base de disciples », Andrew Thompson, vétéran de guerre américain

« Il y a eu des choses extrêmement graves. Cela reste une obsession des gens de l’Etat Islamique, ils en parlent en permanence. Les tortures, viols, humiliations, sont au coeur de leur revanche. Ils s’adonnent aujourd’hui aux mêmes exactions qu’ils condamnaient », Myriam Benraad, spécialiste du monde arabe

« Il aurait rejoint l’insurrection en Irak peu après l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, et aurait passé quatre ans dans un camp de détention américain », annonce avec prudence l’AFP.

« Retenu pour des raisons de sécurité »
Selon le Business Insider, qui a publié le dossier d’Abou Bakr al-Baghdadi et cite le livre ISIS: « Inside the Army of Terror de Michael Weiss », il n’était pas membre d’une force armée ou une milice mais il a été retenu pour des « raisons de sécurité ».

Abou Bakr al-Baghdadi n’a pas toujours été à la tête de Daesh. « La formation de l’Etat Islamique n’est pas un processus linéaire, mais la conjonction d’un certain nombre de facteurs. Les années 2003-2004 vont être décisives dans ce qui va devenir ensuite l’Etat Islamique d’Irak en 2006 », a précisé Myriam Benraad, spécialiste de l’Irak et du monde arabe dans les Inrocks.

Le camp Bucca a été rebaptisé en hommage au pompier Ronald Bucca tué pendant les attaques du 11 septembre 2001. Cette prison a été la « cible d’accusations d’abus sur ses détenus par des associations de défense des droits de l’homme, qui ont notamment dénoncé l’emprisonnement de détenus pendant des années sans aucune charge retenus contre eux », précise encore Associated Press.

« Des choses extrêmement graves »
« Il y a eu des choses extrêmement graves. Cela reste une obsession des gens de l’Etat Islamique, ils en parlent en permanence. Les tortures, viols, humiliations, sont au cœur de leur revanche. Ils s’adonnent aujourd’hui aux mêmes exactions qu’ils condamnaient », souligne Myriam Benraad.

En mars 2009, grâce à un reportage du Time, on apprenait que le Camp Bucca était séparé en deux secteurs: une partie ouverte, une partie très sécurisée. Le premier secteur permet aux « centaines de détenus de se mélanger dans des vastes cours de récréations, d’avoir accès à des livres, à la télé, à des plateaux d’échecs, et ne sont pas enfermés la nuit ». L’autre partie de la prison, située en bord de mer, est formée par des contenairs maritimes dans lesquels peuvent s’entasser jusqu’à sept prisonniers. C’est beaucoup plus austère.

Radicalisation
Dans le New York Times en 2014, Andrew Thompson, vétéran de guerre américain, assurait que les risques de radicalisation au Camp Bucca étaient un « challenge ».


« Avant leur détention, Abou Bakr al-Baghdadi et d’autres étaient déjà des radicaux violents, résolus à attaquer les Etats-Unis. Le temps qu’ils ont passé en prison a renforcé leur extrémisme et leur a donné l’opportunité d’élargir leur base de disciples. Au camp Bucca par exemple, les figures les plus radicales étaient emprisonnées à côté d’individus moins menaçants, dont certains n’étaient même pas coupables de crimes violents. Les prisons de coalition sont devenues des centres de recrutement et des centres d’entraînement pour les terroristes que les Etats-Unis combattent aujourd’hui. »

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