Ce n’est pas le chemin par Vieux Savane

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Le chef de l’Etat a réuni à la Salle des banquets du palais de la République, jeudi 7 février, les directeurs généraux des structures publiques affiliées à sa formation politique, l’Alliance pour la République (Apr), ainsi que deux autres alliés pour, entre autres directives, les avertir de ce que, ce qui est valable pour les ministres l’est aussi pour eux. A savoir « celui qui perd sa localité perd son poste ».

Par cette mise en demeure, le Président Macky Sall, outre le lieu choisi pour cette réunion partisane, s’est révélé sous un jour différent de ses promesses de campagne. Il s’est plutôt inscrit dans le sillage de son prédécesseur en voulant tout subordonner au calcul politique. Ainsi donc, les directeurs de société risquent d’être remerciés parce qu’ils ne seront pas descendus sur le terrain politique et n’auront pas gagné leurs localités. C’est une voie ouverte au détournement d’objectifs puisqu’on les encourage à utiliser les moyens mis à leurs dispositions, notamment les voitures de service, les bons d’essence, les chauffeurs, à des fins politiques et partisanes.

Comment comprendre que de telles missions soient dévolues aux directeurs de société au moment où, précisément, la question de la traque des biens mal acquis est posée comme une priorité absolue. La contradiction est on ne peut plus évidente pour la simple raison que la directive de Macky Sall est une incitation à se servir des positions de pouvoir pour des objectifs partisans. Et l’on sait que c’est cette posture qui ouvre grandement les portes de la mauvaise gestion, de la gabegie et de la concussion. Après cette directive présidentielle, « la patrie avant le parti » tant clamée par Macky Sall se révèle une profession de foi à géométrie variable. Le slogan de la campagne électorale en prend un sacré coup. La « patrie avant le parti » (Ndlr : Voir l’Observateur du vendredi 8 février dernier) devenant ainsi le parti avant la patrie.

Oubliant qu’il est le Président de tous les Sénégalais, Macky Sall a revêtu les habits de chef de parti. Et c’est bien regrettable puisqu’il n’a pas été élu pour cela et que les espérances placées en lui par ceux et celles qui l’ont porté à la magistrature suprême dépassent ces petits calculs. C’est bien la preuve que le président de la République doit se conformer aux recommandations des Assises nationales en se débarrassant de sa casquette de chef de parti. L’expérience a montré que cette confusion des rôles était grosse de dérives.

Il serait donc plus inspiré, quoi qu’en pensent les courtisans, de voir son parti désigner une autre personne à sa tête, susceptible de s’en occuper exclusivement. Le chef de l’Etat doit se mettre par contre, totalement et exclusivement, au service des Sénégalais. Ce qui est attendu de lui, de son gouvernement et des directeurs généraux des établissements, c’est de travailler pour les Sénégalais et les Sénégalaises sans distinction politique, raciale ou religieuse. On comprend bien qu’une telle disposition d’esprit ne peut être au rendez-vous si le président de la République ne fait que penser à un deuxième mandat au lieu de se consacrer à la réalisation des engagements.

Qu’il veuille être réélu peut se comprendre, est légitime pour peu qu’un tel désir s’inscrive dans ce que dit la Constitution. Sans compter qu’il ne faut pas se tromper de chemin : celui des réponses concrètes à apporter aux attentes des populations.

Les jeunes qui constituent plus de la moitié des 12 millions de Sénégalais rêvent de pouvoir s’en sortir. Elèves et étudiants veulent pouvoir bénéficier d’un bon enseignement et d’une bonne formation qui puisse leur offrir des opportunités d’emplois. Les travailleurs conjoncturés veulent voir une amélioration de leur pouvoir d’achat. Dans les régions, les populations rêvent de pouvoir travailler, se nourrir et se soigner sur leurs terres sans se retrouver confrontés à l’urgence de migrer sur Dakar et d’y vivre dans des conditions de grande précarité. En somme, elles veulent que leurs zones souvent délaissées soient transformées en des pôles de développement.

Il se développe aujourd’hui une conscience citoyenne qui est en avance sur une certaine vision qui croit qu’avec l’argent, il est possible de tout faire. Les gens comprennent de plus en plus qu’il vaut mieux être autonomes que dépendants. C’est pourquoi tout le discours autour d’un déficit de communication pour expliquer l’absence d’adhésion des populations aux mesures gouvernementales pêche par quelques endroits.

La meilleure communication, ce sont les actions menées sur le terrain pour transformer le quotidien des populations, notamment les plus démunies. Les actions engagées pour assurer un mieux être. Ce n’est pas mobiliser les télévisions, les radios et les journaux pour dire à satiété que le gouvernement a fait ceci ou cela qui changera le cours des choses. Bien au contraire, c’est à l’aune des réponses concrètes apportées aux attentes des populations que va s’apprécier la gouvernance de Macky Sall. C’est pourquoi, au moment où il est question de rendre difficile les biens mal acquis, le chemin indiqué aux directeurs des établissements publics n’est assurément pas le meilleur des chemins.

sudonline.sn

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