Cet enseignant va être RADIÉ. (par Daouda Gueye)

Date:

C’est en 2006 qu’il est entré dans l’enseignement, recruté comme professeur vacataire. Il venait de valider sa licence et s’était déjà inscrit en maîtrise. L’État qui l’a recruté était confronté à un besoin important d’enseignants dans la matière qu’il a étudié à l’université. Lui a déposé un dossier à la suite d’une campagne de communication de L’État pour encourager les étudiants titulaires de Licence dans cette matière à aller répondre pour aider à combler le gap. Recruté comme vacataire, il n’avait droit à un salaire que pendant l’année scolaire. Durant les trois mois de vacances, il ne recevait rien. En principe, après neuf mois de dur labeur, le travailleur doit accueillir les congés avec bonheur. Ce n’a jamais été son cas pendant les deux années de vacation où il tenait des classes d’examen et faisait face aux mêmes obligations professionnelles que ses collègues fonctionnaires.
Après deux années de vacation, il est devenu professeur contractuel avec un salaire légèrement amélioré et sur douze mois. Seulement, contrairement à ses collègues fonctionnaires, son salaire tombe vers le 08 du mois, et peut aller parfois jusqu’au 14. Mais comme au temps où il était vacataire, il gérait avec son bailleur pour le loyer et le boutiquier d’à côté pour la ration. Sa famille, elle, est habituée à attendre.
En 2009, il se réinscrit à la Fac distante de 186 kilomètres de la localité où il est affecté. En 2010, il valide avec la mention Très bien la Maîtrise. En 2011, il obtient son diplôme professionnel à la Fastef. Alors, il devait faire encore une année comme professeur contractuel. Après cette année, il devait automatiquement être intégré dans la Fonction publique avec une mise en solde et un rappel.
Ses collègues et ses amis ne cessaient pas, chaque fois que l’occasion se présentait – pendant une discussion où à l’occasion d’un mariage ou du baptême d’un enfant d’un collègue ou ami- de lui asséner cette phrase : « Boy, il faut te marier. Tu vieillis ». Il ne disait rien. Il voulait bien se marier. Il ne pouvait pas le faire. Son père décédé, toutes les charges de sa famille reposait sur ses épaules. Mais il se disait à lui-même et le confiait aux intimes parmi ses amis, que dès qu’il est titularisé la première chose qu’il fait c’est de trouver un terrain où construire pour loger sa mère et ses frères, et prendre une femme.
Alors naturellement, quand son décret d’intégration est sorti, cela a engendré un espoir incommensurable. Il s’est marié en 2015. Lors des discussions avec la belle famille, il a été convenu de ne s’acquitter que des dépenses relatives au scellement du mariage (wareefu jàkka). Mais il devait verser à sa femme la dot avant que celle-ci ne rejoigne le domicile conjugal. Quand sa dame est tombée enceinte, pendant neuf mois il oscillait entre l’anxiété et l’espoir. Il était anxieux parce que des tantes de sa dame lui ont signifié qu’avant de penser baptême il devra d’abord payer la dot (waru gar). Il avait de l’espoir parce qu’il pensait que l’État allait le rétablir dans ses droits.
Jusqu’à maintenant, il court après la mise en solde. Je ne vous dis pas par quoi il est passé quand sa dame a donné naissance à un joli bébé, il y a une dizaine de mois.
Ils sont des dizaines de milliers d’enseignants à travers le Sénégal, affecté en des endroits où les conditions de travail sont infernales, dans des abris provisoires, dans des enclavées, et qui, depuis 2011 courent après une intégration, une mise en solde, un rappel d’intégration, un avancement, j’en passe. Chaque grandes vacances, ces vaillants fils du pays, au lieu de profiter d’un repos bien mérité auprès des leurs, sont obligés de venir à Dakar squatter les couloirs et bureaux des ministères de la fonction publique et des finances. Depuis 2011, RIEN !
Chaque année, les syndicats d’enseignants déposent des préavis de grève pour dénoncer cette injustice et appeler l’État à profiter des vacances pour corriger cette iniquité. Chaque année, l’État fait la sourde oreille. Chaque année, à partir de Janvier, les mots d’ordre de grève tombent. Chaque année, ni l’État, ni les parents, ni la société civile, ne disent rien. Chaque année, tout le monde attend la proximité des examens pour ruer dans les brancards exigeant des enseignants qu’ils arrêtent la grève, de penser aux enfants. Chaque année, les enseignants finissent par céder dans l’espoir que tous ces médiateurs vont exiger de l’État le respect des accords signés avec eux. Chaque année l’État n’en fait rien. Et chaque année les enseignants, après dépôt de préavis, reprennent la grève.
Cette année encore, face à la nolonté de l’État relative à la matérialisation des accords signés avec les syndicats, les enseignants ont remis cela, avec cette fois ci la détermination à aller jusqu’au bout. Les Demandes d’explications (D.E) ne le les ont pas fait fléchir. Les lettres d’avertissement ne les ont pas fait frémir. Les réquisitions illégales servies par l’État ne les ont pas fait plier. Les convocations à la police ou à la gendarmerie ne les ont pas ébranlés.
Ces accords dont les enseignants demandent l’application ne sont signés ni sous Abdou Diouf ni sous Abdoulaye Wade. C’est des accords signés jugés « réalistes et réalisables » par le Président Macky Sall, le 17 Février 2014. Il n’ont pas de nouvelles revendications.
Les enseignants vont maintenant être radiés.
Daouda Gueye de Pikine
Professeur de Philosophie
Lycée de Ouakam
[email protected]

13 Commentaires

  1. Mais on en a cure de cet Enseignant!la centrale syndicale ‘n a qu a payer pour lui il cotise non! Ici en Europe c est le syndicat qui paie Le salaire en cas de greve du moins ici en Allemagne a quoi sert les cotisations?

    • Tu es un imbecile pour parler de cette facon. cette enseignant a le droit de vivre dans la dignite et le respect. il se decarcasse pour l ecole et l avenir des enfants. Du respect!

      • C’est toi l’imbécile.
        Cet enseignant n’est pas plus méritant que moi,ou le paysan dans nos villages,ou le mécanicien,le menuisier,l’immigré,l’infirmier de Faafa Kourou,qui se tuent à la tâche pour servir leur pays et nourrir leurs familles.
        Les fonctionnaires (moins de 200 000 sur une population de 14 millions d’âmes) nous emmerdent en prenant en otage le reste de la population.

  2. Un article tres poignant. L etat est irresponsable. pendant ce temps on veut creer un conseil des collectivites locales avec des meilleurs a se partager entre politicier. c est inacceptable. il faut vraiment resister. Aller jusqu au bout. L etat peut persister dans l’absurdite en radiant tous les enseignants. Jusqu’au bout, faut pas lacher.

    • EN PLUS CES ENSEIGNANTS SONT DES NULLARDS.
      Il faut les fréquenter et discuter avec eux pour se rendre compte de leur carence et niveau de culture générale.

  3. C’est cela le diaye dolé…Diouf n’a pas signé les accords, Wade n’a pas signé les accords. C’est Macky qui s’est engagé, donné sa parole et signé ces accords. Il n’a qu’à honorer sa parole et son engagement et nous éviter encore un wax waxeet. Ou bien, il soumet cette question au référendum ou conseil constitutionnel pour voir si le wax waxeet sera validé par le peuple ou le conseil constitutionnel.
    L’histoire que vous venez de relater est très émouvante. Cet enseignant, comme des milliers d’autres enseignants, a fait un parcours remarquable, patriotique et méritant. Parmi nos actuels gouvernants (président, ministres, députés, DG, juristes, PCA …), je ne pense pas que les mentions très bien à la maitrise, surtout dans un domaine rare que vous décrivez, y soient nombreuses. Nous sommes de tout cœur avec vous et soutenons votre cause. Mais, si l’hypocrisie est généralisée dans une société, l’injustice et la tyrannie vont y proliférer.

    • « C’est Macky qui s’est engagé, donné sa parole et signé ces accords…. »
      Tu sembles oublier ce que vaut la parole de Macky Sall?
      – 500.000 emplois par an? –
      – Les milliers de milliards promis à chaque région, lors des conseils de ministres décentralisés?
      – « Si vous m’élisez, je réduirais mon mandat à 5 ans »
      – etc.,
      – etc..,

  4. M. Daouda Guèye, vous devez avoir honte d’évoquer des wareefu jakka et des waru garr pour justifier les problèmes sociaux des enseignants et par ricochet leurs grèves répétées. L’enseignant que vous donnez en exemple a fini par avoir un « salaire amélioré sur 12 mois ». Quel est le paysan sénégalais qui a ça ? Quel est le pêcheur sénégalais qui a ça ? Quel est le soldat sénégalais qui a ça ? Quel est le petit commerçant sénégalais qui a ça ? L’enseignant sénégalais est-il plus méritant que le paysan, le pêcheur, le soldat ou le commerçant ? Pourquoi devez-vous être une petite minorité qui doit s’accaparer de l’essentiel du budget de l’État ? M. Daouda Guèye, toi et tous les enseignants sénégalais d’aujourd’hui n’êtes que de vulgaires égoïstes, vous ne revendiquez que pour votre nombril, pour financer des ngenté, des deudj, des niaarel, des niattel, dess wareefu jakka et autres waru garr. Jamais pour votre performance intellectuelle, pour la production de documents didactiques ni pour une formation de qualité des enfants sénégalais. Les valeureux enseignants sénégalais des années 70, 80 et 90 avaient la vocation du métier, la passion de la classe, le souci de former de bons élèves, en plus d’être d’excellents intellectuels, de grands lecteurs cultivés et de grands orateurs en français. Plusieurs d’entre nous se souviennent toujours de leurs maîtres ou professeurs d’il y a 10, 15, 20, 30 ans ! Ces maîtres et professeurs n’ont jamais justifié leurs revendications par des wareefu jakka et des waru garr. Or, quel type d’enseignants voit-on aujourd’hui dans les classes ? Des modous-modous de l’école, nuls en français, amateurs de télés, de lutte et de grand-places, lecteurs de journaux au lieu de lire des livres. Dans toute l’Afrique de l’Ouest, ce sont les enseignants sénégalais qui comptent le plus grand nombre de jours de grève par an. J’appelle cela de la désertion. Vous ne pouvez pas manquer autant de jours de travail et réclamer toujours plus d’argent à l’État. Je suis désolé M. Daouda Guèye, mais des enseignants qui privilégient leurs wareefu jakka et leurs waru garr au détriment de milliers d’enfants méritent la radiation. L’État ne doit surtout pas reculer devant cette perspective car c’est une occasion en or pour faire le ménage, pour restructurer ce secteur et ne garder que les enseignants qui ont l’amour du métier et qui sont prêts à faire leur job malgré les difficultés.

    • Vous, aussi, Lemzo!Vous croyez que c’est honnête, de votre part, de vous focaliser sur un exemple illustratif, un seul (les préalables au mariage, « wareefu jakka » et « waru garr »), pour déverser votre bile sur les enseignants?
      La crise est donc mono-causale, et le maître d’oeuvre, l’État, n’a rien à se reprocher?
      Qu’en est-il des autres aspects de son discours?
      Que faites vous de l’équité dans le traitement des agents de l’État?
      Qui fait plus de sacrifices que les enseignants? Jusqu’à quand doivent-ils l’accepter?
      Qui a recruté ces enseignants que vous abhorrez? Sur quelles bases contractuelles?
      Votre tête de turc, « Daouda Gueye », il a un niveau de BAC + combien d’années d’études?
      Votre ` »paysan » (ou « pêcheur »), il a été « recruté » sur la base de Bac + combien?
      Il n’y aurait pas eu de grèves dans les années 80 et 90? C’est nouveau! Quand le SUDES originel est-il né?
      La baisse du niveau des enseignants (et, donc, de celui des apprenants) est due à qui, sinon à l’État qui a saboté le système publique (d’ailleurs privatisé en catimini), avec des vacataires, contractuels, double-flux, etc…?
      L’État peut-il radier plus de la moitié de son service public? …?
      Entre plein d’autres questions qu#Il faut se poser au lien de donner dans des invectives unilatérales, donc injustes, donc passant à côté des vraies solutions.
      En tout état de cause, il faut savoir raison garder, de part et d’autre, mais d’abord de la part de l’État. Et, cette fois, un exemple est assez édifiant, un seul: BICTOGO!

  5. La réquisition pour la continuité des services publics essentiels est une clause légale et règlementaire.Tout agent refusant de déférer à son ordre s’expose à des sanctions règlementaires. La justice et les lois sont les dispositions légales qui régissent toute société pour sa pérennité et sauvegarde objectives. Nul n’est sensé ignorer la loi et à chacun d’agir en conséquence

  6. En tout cas ces enseignants qui ont un role d’éducateur sont entrain de foutre en l’air l’avenir académique de toute une génération. En somme ce qu’ils font c’est ca: Etat, donnez nous ce que nous VOULONS ou nous sacrifierons les enfants.
    N’est pas éducateur qui le veut. Je me dis pas que l’état est blanc comme neige mais ces jangalékat grévistes ne sont pas des patriotes. Il est de notoriété universelle que les enseignants sont les moins payés (partout presque nak) un metier noble mais plein de sacrifice. Je suggère une chose: demissionnez et reconvertissez vous dans quelque chose de moins … Exigeant. Ce pays est pauvre et si votre participation est d’en détruire d’avantage ses enfants désolé mais je ne vous supporte point!
    Que l’etat poses des jalons et fasse signer un contrat a tout enseignant: que ceux qui l’acceptent restent ku beugoul na dem. Manam se faire radié de lui même.
    Le niveau des eleves est tellement bas que j’ai peur pour la relève. Na niou waxanté deugeu rek… Etant un produit de l’école sénégalaise jusqu’à la fin des années 80, j’ai tout le respect de nos instituteurs d’antan. Toujours fauchés mais fiers de former de jeunes têtes. Ils ont choisi ce metier et l’ont assumé. Mais lii ma guiss leggi mom… Pfffff

  7. J’AI HONTE ET J’AI PEUR POUR L’ECOLE SENEGALAISE.
    Est-ce vrai que ce texte a été écrit par un professeur de philo?
    En tout cas Monsieur GUEYE, vous confirmez le niveau déplorable très souvent noté par la population chez vous et vos collègues. Vous auriez dû relire ce document avant de le poster. Vous avez signé ‘Professeur de philosophie’.
    L’on nous parle d’équité entre les agents de l’Etat! Savez-vous que même à diplôme égal, l’on ne court pas les mêmes risques, selon les métiers exercés?
    Qu’est-ce qui vous retient donc dans l’enseignement?
    Vous y êtes SUREMENT allés par nécessité et non par vocation ou par amour.
    Les enseignants sont-ils plus méritants que les braves soldats qui risquent leur vie tous les jours pour défendre la patrie et nous mettre tous en sécurité pour exercer nos métiers? Et pourtant, l’on ne les entend jamais soupirer face à leur quotidien.
    Les enseignants sont-ils plus méritants que les infirmiers qui interviennent aussi dans les villages les plus reculés du Sénégal sans eau courante ni électricité et avec le strict minimum ?
    Arrêtez de nous prendre la tête ! Grandissez un peu et abandonnez vos comportements de jeunes étudiants. Vous n’êtes pas les seuls employés au Sénégal.
    Vous n’avez ni cœur, ni conscience, ni éthique, ni morale.
    Vous pratiquez tous les interdits. C’est à croire même que vous allez en grève, aux fins de profiter du temps libre pour aller monnayer votre maigre talent dans le privé où la plupart d’entre vous avez inscrit vos enfants sans vous soucier des autres petits sénégalais que vous laissez en rade.
    Et pourtant, vous payez les études de vos enfants en réclamant, sans honte aucune, la totalité de vos salaires dont les jours de grève. Mais, votre mental vous le permet. C’est dégoutant !
    Cela ne doit pas surprendre, car votre manque de culture générale et syndicale en particulier (si ce n’est votre malhonnêteté) ne vous permet pas de comprendre que ces jours de grève devraient-vous être payés à un taux convenu par votre Centrale.
    Il n’est pas trop tard pour rejoindre les rangs des patriotes. L’espoir est permis car Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

CAN 2023

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE