Cheikh Bamba Dièye: Je ne suis dans aucun camp

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ENTRETIEN AVEC CHEIKH BAMBA DIEYE
« Il faut mettre fin à la corruption »

PAR Mame Fatou Faty

Dans cet entretien, le Maire de Saint Louis, Cheikh Bamba Dièye évoque la gestion de sa marie, son ambition pour la ville. Il se prononce également sur l’actualité politique, notamment la querelle qui fait rage au sein de Bennoo ainsi que l’affaire Sudatel et livre ses convictions sur d’autres questions.

La Sentinelle : Monsieur le maire, pouvez- vous nous faire un bilan d’étape de votre gestion de la municipalité de Saint Louis ?

Cheikh Bamba Dièye : Je pense qu’aujourd’hui, nous sommes dans la même dynamique, avec la même ferveur et la même envie de transformer radicalement la ville de Saint Louis. Quand nous sommes arrivés, nous avons constaté un nombre important de déficits que nous sommes en train de corriger. Notre point de vue sur cette question, est de passer par la requalification du personnel de l’administration de la commune, la redéfinition des priorités de la ville que nous avons commencé à faire. Depuis un moment, nous avons initié déjà avec les ateliers internationaux de maîtrise de la ville en direction de « Saint Louis 2020 ». Je pense que quelque part, il fallait nous donner les moyens d’exhumer les véritables potentialités de la ville de Saint Louis, qui tournent autour du secteur de la pêche, du tourisme et de l’agriculture, qui est le maillon essentiel du pays.

« Nous sommes en train de relever les défis »

Il y a des défis que nous sommes en train de relever. Nous faisons des efforts considérables que les populations apprécient positivement. C’est par exemple le nettoiement pour rendre la ville de Saint Louis plus propre. Heureusement, aujourd’hui, nos efforts sont visibles par la population. Deuxièmement, c’est la prévention des risques d’inondations, pour cela, nous avons initié la formation des jeunes par rapport à ces risques. Nous avons pris toutes les dispositions pour anticiper les risques d’inondations. Nous avons commencé depuis plus de trois mois et nous avons déroulé le premier programme qui nous a permis d’amener dans la ville au moins 12 mille mètres cubes de sable et nous avons remblayé pas mal de quartiers. Nous avons déjà organisé des rencontres avec les services déconcentrés de l’Etat qui interviennent dans le domaine des inondations pour nous préparer aux pluies qui vont arriver afin de permettre à la ville d’y faire face.

Ensuite, nous avons un important programme concernant l’éclairage public, avec un marché déjà attribué. L’exécution est liée à l’autorité de la Dsp. Je pense même que dans la semaine, cela va se réaliser. Cela nous permettra de réhabiliter l’éclairage de la ville de Saint Louis. Nous envisageons également d’organiser au mois de décembre prochain des réflexions sur les problématiques du changement climatique quand on sait que la région est souvent confrontée aux problèmes du changement climatique.

L.S : Si on vous demandait de juger la gestion de vos prédécesseurs ?

C.B.D : Je pense que la question est jugée par les populations elles- mêmes Je ne veux pas épiloguer là-dessus. Pour ce qui est de l’état des lieux, les populations l’ont déjà fait. Aujourd’hui, j’ai hérité d’une situation désastreuse et je me bats pour rendre la ville plus efficace, plus reluisante. Pour cela, j’ai des résultats probants. Le budget de mes prédécesseurs était de 1 milliard 400 millions. Ils ne recouvraient que 60 %. Aujourd’hui, ce budget est passé à 1 milliard 700 millions. En moins de huit mois, nous avons eu 12 % des recettes. Je pense que c’est assez éloquent par rapport à notre engagement que nous avons pour la ville. Une mairie qui n’avait pas de service de recettes, et qui aujourd’hui, bénéficie de l’accompagnement de l’ensemble des agents de la mairie et l’Afd. Parce que nous sommes tellement qu’ils soutiennent notre position. Pour moi, ce qui est important, c’est de se focaliser sur les besoins réels des populations et travailler pour faire de Saint Louis, la région la plus belle du Sénégal.

« Mes adversaires politiques, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de l’agitation politique »

L.S : Monsieur le maire, vous dirigez la ville de Saint Louis, qui, à elle seule, compte quatre ministres. Ne subissez- vous pas des blocages de la part de vos adversaires politiques ?

C.B.N : Mais non ! Je pense qu’à ce niveau, il faut relativiser. Je pense que mes adversaires politiques, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de l’agitation politique. C’est la règle en démocratie. Cela ne peut pas me gêner dans ma démarche, ni dans mon ambition de développer la ville. Je pense que j’ai été élu sur un contrat très clair. Mon objectif, c’est de rassurer les populations sur ma capacité à gérer la ville, ma capacité à faire de la ville soit la capitale culturelle et artistique du pays où il fera bon vivre. Pour moi, c’est ça qui est prioritaire et non mes adversaires politiques. Je ne pense pas que quelles que soient les agitations des uns et des autres, que cela puisse bloquer l’ambition que j’ai pour cette région.

L.S : M. Dièye, parlons maintenant politique, la querelle fait rage au sein de Bennoo, notamment sur la candidature unique. Quelle appréciation faite –vous de la situation ?

C.B.D : Je le regrette. Parce que je pense que 2012, c’est encore loin. Je pense qu’il y a des priorités pour le Sénégal et pour les populations, c’est-à-dire améliorer leurs conditions de vie, leur cadre de vie et leur pouvoir d’achat. Je pense que les populations veulent sentir dans le camp de l’opposition, de la sérénité, de la hauteur et du dépassement. C’est ce qu’ils doivent montrer aux Sénégalais.

« Le plus urgent, c’est de se débarrasser des dérives du pouvoir ».

Le plus urgent, c’est de se débarrasser des dérives du pouvoir. Je pense qu’il est important que nous nous rapprochions des populations, que nous massifions nos formations politiques, et que nous créions plus d’adhésions entre les populations et nos structures politiques pour que la majorité des Sénégalais, et de manière définitive, soient ancrée dans l’opposition. Evidemment, il s’agira plus tard, de mettre des bases très claires en vue des élections. En ce moment, je pense que les gens devront le faire en toute responsabilité. En définitive, il appartient aux Sénégalais et aux Sénégalaises de décider, qui parmi les supposés candidats réels, a de leur points de vue, les aptitudes, l’intégrité, l’expertise, le désintéressement et la solidarité active vis-à-vis des populations. Le cas de Bennoo, il ne sert à rien d’aller dans un sens ou un autre. Gardons le cadre, battons nous pour la transparence électorale, la régularité des élections et la massification de nos formations politiques. Si demain, nous n’arrivons pas à avoir un candidat unique, acceptons la candidature plurielle au sein de l’opposition.

« Au niveau de notre parti, nous avons une option libre qui consiste à travailler pour l’élection de 2010 pour une candidature unique. »

L.S : Il y a deux camps au sein de Bennoo concernant la candidature unique ou plurielle. Vous êtes de quel camp ?

C.B.D : Je ne suis dans aucun camp. Moi je ne suis pas un dogmatique. Aujourd’hui, l’option de mon parti, c’est d’avoir une candidature unique. En ce qui me concerne, je vais travailler sur cette option. Je ne vais pas aller au-delà de ça.

L.S. – Serez- vous sur la liste des candidats à la Présidentielle de 2012 ?

C.B.D : Ecoutez, dans une formation politique, il y a une option de base. Nous constatons à la fin si nous avons une candidature unique pour la (Ndlr : l’option de base) matérialiser. Je ne me focalise pas sur ma candidature à la présidentielle de 2012. Parce que, j’ai des priorités. Aujourd’hui, ma priorité ce n’est pas l’élection de 2012. Je voudrais vous dire en termes de capacité, j’ai les capacités. J’ai les moyens aussi, ce n’est un problème. Nous, au niveau de notre parti, nous avons une option libre qui consiste à travailler pour l’élection de 2012, pour une candidature unique. Nous allons y travailler jusqu’à ce que nous constations que la candidature unique ne peut prospérer. C’est en ce moment que nous déterminerons notre option. Mais pour l’instant, je ne peux pas parler de cette dynamique

« Un homme politique ne doit pas céder aux sondages »

L.S : M Dièye, vous êtes au courant du sondage qui vous met derrière Macky Sall comme un candidat potentiel à l’élection Présidentielle. Quel est votre commentaire ?

C.B.D. – Je n’ai pas de commentaires à faire. Je crois qu’un homme politique ne doit pas céder à l’émotivité des sondages ou des options dans l’espace politique sans interférer sur la crédibilité. Ce qui est plus important, c’est de dire de Cheikh Bamba Dièye, comment de par sa position, il peut apporter des suffrages pour l’avènement d’une alternative. Je le réitère : les leaders de l’opposition ne doivent pas céder à l’émotivité. Ce sont des personnalités qui ont une histoire politique, qui ont bataillé et qui représentent énormément de choses dans la vie politique du Sénégal. Dakar n’est a pas tout le Sénégal, même si c’est certes une partie non négligeable du Sénégal. Mais ce n’est pas tout le Sénégal. Alors, il faut relativiser et redescendre sur terre. Il faut être sobre et très humble.

Je pense que si nous nous battons, c’est pour que notre pays change positivement. En ce qui me concerne, ma motivation principale, ce n’est pas la promotion de Cheikh Bamba Dièye, c’est la promotion de l’homme sénégalais. Aujourd’hui, même si par ailleurs, un autre sondage arrivait et qu’on me classait dernier, cela ne changerait absolument rien à ma détermination, à mon ardeur, et au travail que je dois faire. Je voudrais que nous, les leaders de l’opposition, que nous nous mettions dans la situation de raffermir nos liens, de nous rapprocher les uns et les autres, de faire en sorte que nous puissions être une alternative politique réelle. C’est cela la priorité. Mais Cheikh Bamba Dièye, premier, deuxième, ou troisième, ou un autre premier ou troisième, cela ne veut absolument rien dire, parce que Cheikh Bamba Dièye vient tout juste d’arriver, ce n’est pas cela qui doit être déterminant.

L.S : La presse fait état de scandales financiers, de corruption etc.. Quelle analyse en faites vous ? Surtout sur l’affaire des 20 milliards qui défraie la chronique ?

C.D.B. – Vous savez, la corruption est comme le cancer. On ne peut rien construire dans un environnement corrompu parce qu’à ce moment- là, on perd nos repères et l’homme a besoin d’évoluer dans une société organisée. Si voulez comprendre pourquoi nous pataugeons à chaque fois que nous fournissons des efforts dans n’importe quel secteur et que les résultats ne suivent pas, c’est parce que la corruption est comme de l’acide sur les tissus. On est en en train de saper les efforts que nous avons fournis. Nous ne pouvons pas avancer si nous n’avons pas pris les dispositions de mettre un terme à la corruption. « Mettre un terme à la corruption »

Quand j’appelle à mettre un terme à la corruption, j’estime que c’est du ressort de monsieur le président de la République en premier et toutes les institutions de la république, en passant par le système judiciaire en prenant ses responsabilités en ce qui le concerne. L’Assemblée nationale, on l’a dit et redit, elle doit assurer son rôle, sa mission. Un pays ne se développe pas à partir de l’effort d’un seul individu. On ne peut se développer si nous ne conjuguons pas les efforts de tous les citoyens dans un cadre organisé avec des règles précises.

Ne cherchez pas ailleurs notre état de sous développement, il est dans la corruption. Ne cherchez pas les explications de la dislocation de notre tissu de valeurs, c’est avec la corruption que nous les avons perdues. Si le sénégalais manque de repères, c’est parce que la corruption est passée par là. Et c’est la corruption qui a détruit l’effort mérité. La corruption a détruit le respect de l’autorité. Il est temps d’arrêter et je pense que c’est un très bon motif pour l’opposition aujourd’hui, de bâtir sa stratégie sur la bataille contre la corruption et toutes les formes de corruption. C’est à tous les niveaux. Je pense que toute la république et la société civile doivent se réunir pour éliminer ce problème. Je pense que c’est toute la société, l’administration globale, le système maraboutique, toutes les couches sociales qui doivent se remettre en cause.

L.S : Aujourd’hui, les mouvements citoyens sont d’actualité. Est-ce que vous n’avez pas le sentiment que cela traduit l’échec des politiques ?

La politique n’est pas l’exclusivité des politiciens. La politique, c’est aussi l’affaire des citoyens, parce qu’en définitive, c’est le citoyen qui vote, alors pourquoi s’offusquer ou parler d’une forme d’échec. Je pense, en ce qui me concerne, que c’est avec énormément de plaisir que je constate le phénomène dont vous faites allusion. C’est une richesse pour la politique au Sénégal de voir des personnalités s’impliquer individuellement dans l’espace politique du pays pour apporter leur savoir faire. Il faudrait que les gens comprennent que la démocratie est un jeu de participation de tous les segments de la société. Je trouve que l’avènement des mouvements citoyens est une très bonne chose.

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