CHRONIQUE D’UNE CHUTE ANNONCEE : COMMENT SAMUEL A ETE ELECTROCUTE

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SAMUEL SARR QUITTE LE MINISTERE DE L’ENERGIE : Comment Karim Wade a été  mis dans le circuit : guerre de lobbys, Opa sur un secteur à milliards

«Si Wade décide de confier le département de l’Energie à son fils, c’est qu’une solution durable a été trouvée pour résoudre de manière durable ce problème ! » Pour, bien sûr, pouvoir dire plus tard que « c’est Karim Wade qui a réglé le problème de l’approvisionnement en électricité… »

Karim Wade cumule désormais l’Énergie, la Coopération internationale, les Transports aériens et les Infrastructures. L’imagination fertile des Sénégalais intéresserait les auteurs de romans d’espionnage, mais ils n’ont pas toujours tort. Si le départ du gouvernement du ministre d’Etat Samuel Amète Sarr était dans l’air du temps depuis plusieurs semaines, le choix de Karim Wade pour lui succéder ouvre la boîte à idées. Il est constant que cette fois-ci, le président Wade ne pouvait plus ouvrir son parapluie protecteur en faveur de son compagnon d’infortune lors de l’affaire judiciaire qui avait suivi l’assassinat du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Sèye.

Lors des dernières grosses opérations financières enclenchées pour l’approvisionnement en hydrocarbures de la Senelec et, au-delà, dans le cadre du déploiement de la Sar restructurée avec le groupe Bin Laden comme actionnaire principal, de puissants organismes financiers avaient été laissés en rade ou avaient peu apprécié le traitement qui leur avait été réservé. Avec l’appui du ministre d’Etat ministre de l’Energie, Samuel Amète Sarr, la société dirigée de main de maître par Carmélo Sagna avait signé deux conventions déterminantes pour l’approvisionnement du pays en hydrocarbures. Au total, c’est une somme globale de 194 milliards de F Cfa que va recevoir la Sar. Sur ce montant, Ecobank va donner 41 milliards francs, la Boad 25 milliards et la banque nigériane Uba 128 milliards. Dans un premier temps d’ailleurs, Bnp Paribas devait conduire l’opération, avant que ne survienne une mésentente entre elle et le gouvernement. Or, Bnp Paribas, ce n’est pas n’importe qui…

Mais c’est surtout la question de la pénurie d’électricité, qui a détérioré ses relations avec le nouvel homme fort du pays, le ministre d’Etat Karim Wade. La rue et l’opinion réclamaient des têtes depuis belle lurette ; elles devaient se contenter de sous-directeurs de la Senelec pour s’expliquer. Après avoir annoncé en grande pompe en juin dernier qu’elle avait investi 21 milliards de francs Cfa pour garantir aux téléspectateurs sénégalais une Coupe du monde sans délestages, les coupures de courant ont repris de plus belle en juillet, août et septembre, laissant sans voix Samuel Amète Sarr.

Incrédules, les Sénégalais se verront servir comme explication une livraison de mauvais fuel à la Senelec. Les protestations vont reprendre de plus belle alors que le vocabulaire des milliards investis dans le secteur donne le tournis. Paradoxalement, après la Senelec qui a affiché un bénéfice de 6 milliards de Fcfa en 2009, c’était au tour de la raffinerie de renouer avec une situation excédentaire, alors qu’elle était presque fermée en 2006-2007. La Sar a réalisé la même année un bénéfice de 2,450 milliards de Fcfa, malgré une conjoncture difficile. Mais les choses vont se dégrader très vite à nouveau. Comme si une main invisible travaillait chaque jour à rendre le secteur ingérable.

Si, par miracle, le déficit énergétique venait à être résorbé au point de faire des délestages un mauvais souvenir les jours à venir, alors la thèse du complot va prospérer. Créer une crise, l’entretenir, pour en faire tirer le bénéfice politique au leader de la «Génération du concret.»

Samuel Sarr est finalement tombé de son piédestal face aux coups de boutoir de son remplaçant, Karim Wade avec lequel il était entré en conflit ouvert depuis quelques mois, et des puissants lobbys qui encadrent la restructuration du secteur énergétique au Sénégal : un gouffre à milliards qui, paradoxalement, a comme corollaire un réchauffement du climat social après les manifestations de rue organisées un peu partout à travers le Sénégal pour protester contre les délestages. Une manne qui n’empêche pourtant pas la société dirigée par Seydina Kane de vivre de sérieuses tensions de trésorerie. Une nouvelle hausse du prix de l’électricité est fortement demandée par le Fonds monétaire international (Fmi), la Banque mondiale et l’Agence française de développement (Afd), avant la fin de cette année. Une recommandation sur laquelle la Commission de régulation du secteur de l’électricité (Crse) va se pencher à la fin de ce mois d’octobre. Après avoir réalisé un bénéfice de 5,9 milliards en 2009, la Senelec traîne actuellement un manque à gagner de 13 milliards de francs Cfa dû à la hausse du prix des hydrocarbures, au long arrêt des centrales de Gti et de Kounoune durant l’année 2010, ayant entraîné l’utilisation soutenue des centrales plus coûteuses. Aussi, les autorités en charge de l’énergie ont-elles invité l’Etat à compenser les 13 milliards qui plombent déjà la Senelec. Outre cette perte importante, la Senelec court derrière 12 milliards dus par les collectivités locales ; des créances dites «sensibles» de 5 milliards non payées par les hôpitaux et 2 milliards dus par les universités.

Mais Karim Wade semble paré, en tout cas le chemin est bien balisé pour mener à la tâche. Là, il s’installe un peu plus au cœur des puissants ; il a la main sur un secteur vital pour l’économie sénégalaise. Egalement en charge de la Coopération internationale, il regarde beaucoup, en ce qui concerne le secteur de l’électricité, vers la Chine. Avant-hier, la République de Chine a officialisé l’appui qu’elle apporte au Sénégal dans sa politique de résorption du déficit énergétique avec une assistance financière de l’ordre de 58 milliards de francs Cfa, révèle le magazine «Les Afriques». Le projet Boucle de Dakar vise à «résorber le gap énergétique dans moins de deux ans», ajoute le journal. Il s’agit d’une nouvelle «autoroute d’électricité» au Sénégal dont le premier chantier d’envergure coûte 26 milliards de francs Cfa sur un réseau de 90Kw. La deuxième phase de financement, ajoute le journal, «a été lancée grâce à Eximbank of China» pour un montant de 32 milliards de francs Cfa.

EN ATTENDANT LES RESULTATS DU LABO DE PARIS : Le rapport de la Dic défavorable à Samuel Sarr

En attendant la suite judiciaire qui sera réservée au fuel contaminé de la Dic, les premiers éléments de l’enquête de la Brigade des affaires générales (Bag) de la Division des investigations criminelles (Dic), dirigée par le commissaire Adramé Sarr, ne plaide pas en faveur de l’ex-ministre Samuel Sarr. C’est du moins ce qui ressort des conclusions des enquêteurs dans cette affaire. À noter également que la société Itoc Sa, Transport Khoury et le directeur général de la Senelec ont été entendus dans le cadre de l’enquête.

L’enquête sur le combustible périmé a-t-elle précipité le départ de Samuel Sarr de la tête du  stratégique ministère de l’Energie ? Tout porte à le croire. En effet, le rapport  volumineux de la Division des investigations criminelles (Dic) transmis au Parquet sur le mauvais fuel a produit des effets immédiats. C’est ce rapport qui a entraîné la démission du ministre de l’Energie dont la responsabilité dans l’achat du combustible de mauvaise qualité a été retracée. Si l’on sait que tous les responsables de la Senelec entendus ont mis en cause la qualité du combustible importé par Itoc à partir des Usa. Ils ont tous soutenu devant les enquêteurs que les machines ont été endommagées par le fuel d’Itoc Sa. Et selon les recoupements effectués, Trafigura qui est le fournisseur attitré d’Itoc Sa. Rappelons que cette société spécialisée dans les transactions pétrolières a été récemment condamnée aux Pays-Bas pour avoir déchargé des produits toxiques en Côte d’Ivoire. Dans le rapport, les enquêteurs ont pu constater plusieurs manquements au cours des auditions dans le processus d’achat et de livraison du combustible. Des actes considérés comme une négligence de la part de l’ex-ministre de l’Energie. Premièrement, le rapport de la Dic se demande pourquoi l’ex-ministre n’avait pas jugé nécessaire de saisir par écrit la société Itoc Sa chargée du ravitaillement en combustible de la société nationale d’électricité pour l’interpeller sur les lenteurs constatées dans la livraison de la dernière cargaison. Surtout que celle-là a pris beaucoup plus de temps avant de livrer son contenu dans les réserves de la Sar. Deuxièmement, les policiers se sont interrogés sur le parcours emprunté par le navire avant de rallier Dakar. Un fait sur lequel la tutelle a manqué de réaction. La Dic a également émis des réserves sur le partenaire de la société Itoc Sa à savoir la société Trafigura. Laquelle a été condamnée par la justice ivoirienne sur les déchets toxiques d’Abidjan. Selon les enquêteurs, le partenaire de la société Itoc Sa aurait fourni du mauvais combustible lors de la dernière cargaison. Et pour en avoir le cœur net, des échantillons ont été envoyés à Paris dans un laboratoire indépendant pour analyses. Des résultats pas encore disponibles jusqu’au moment où nous mettions sous presse. N’empêche, les policiers de la Dic ont également fouillé chez le transporteur Antoine Khoury. Si l’on sait que la société Transport Khoury spécialisée dans la livraison de carburant a joué un rôle clé dans le transport de la cargaison incriminée. Ce qui a été à l’origine de l’audition des conducteurs. Surtout qu’au début de l’enquête, de forts soupçons pesaient sur les conducteurs de Khoury. En fait, des sources soutenaient que les camionneurs auraient été à l’origine des corps étrangers dans le combustible de la Senelec.

SAMUEL SARR – KARIM WADE : Ça va gicler entre les «enfants gâtés» de Wade !

Samuel Sarr avait demandé récemment, lors d’un échange épistolaire, à Karim Wade de doter l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar d’un groupe électrogène au lieu de lui demander sa mise hors-délestage. La coupe venait d’être pleine. On connaît la suite. Toutefois, il y a fort à parier que le ci-devant ministre de l’Energie ne se laissera pas bouffer aussi facilement à la sauce agrémentée de fuel.

La censure populaire en avait fait ses choux gras. Les rats du Palais ajoutaient, chaque jour que Dieu fait, des anecdotes. D’autres diront même, et à juste titre, leur lot d’indiscrétions. Pour ne pas dire de fuites organisées. Et le dernier exemple en date est la parution dans la presse de correspondances échangées entre le désormais ministre de l’Energie et celui qui, après avoir longtemps lorgné son fauteuil, finira par le court-circuiter. Il n’est, d’ailleurs, un secret pour personne que Karim Wade avait fait du départ de Samuel Sarr une fixation. Au point même d’avoir menacé, dans un passé récent, de partir du gouvernement si son «frère» chargé de l’Energie n’était pas délesté. Le fait de voir l’ancien président de l’Anoci lui ôter, après une démission-limogeage, le pain de la bouche ne fait que confirmer ce que tous les observateurs avertis savaient déjà. Car, c’est une lapalissade de dire que les relations entre les «deux enfants gâtés» de Me Abdoulaye Wade étaient des plus exécrables. Et pour cause !

Pape Samba Mboup reste aux côtés de Wade

Faisant la genèse des relations en dents de scie de «ces deux personnes ayant pour dénominateur commun, malgré des lauriers à eux tressés à satiété par le chef de l’Etat, leur incompétence notoire», une figure emblématique du Parti démocratique sénégalais (Pds) se laisse aller à des confidences : «Le problème entre ces deux loups aux dents longues, c’est que Samuel Sarr, qui n’a pas attendu l’Alternance pour parader dans les palaces et se la couler douce sous les lambris dorés, ne nourrit aucun complexe par rapport au «libéral» de la 25ème heure que se trouve être Karim Wade». Dès lors, la cohabitation entre ces deux «enfants gâtés» du Sopi, surtout dans un espace présidentiel où le désormais ministre de l’Energie écrase tout son monde, devenait de plus en plus impossible. Surtout que les crocs-en-jambe n’ont pas manqué, de la part de Karim Wade, pour mettre du sable dans le fuel de celui qui fut, naguère, le conseiller financier, voire le bailleur de son père quand il était dans l’opposition. Ce qui pose le «cas» du ministre chef de cabinet du chef de l’Etat qui ne cessait de marteler : «Si Samuel part, je m’en vais». Surtout quand on sait que le caractère «froid» de son commerce avec Karim Wade est un secret de polichinelle. Joint, hier, par nos soins, Pape Samba Mboup affirme qu’il reste à son poste car «Samuel Sarr est toujours aux côtés du Président».

Du fuel dans les turbines d’Idy, de Gadio et Macky Sall

Maintenant qu’il est envoyé dans les turbines, surtout de la manière inélégante que l’on sait, il va de soi que Samuel Sarr ne tardera pas à se mettre en posture de gladiateur contre ce qu’il est convenu d’appeler «le projet de dévolution monarchique du pouvoir» au profit du leader de la Génération du concret. Vu sous cet angle, il ne serait pas surprenant de le voir faire jonction avec d’autres «légitimistes étouffés par la boulimie du ministre d’Etat Karim Wade». Bref, Idrissa Seck, Cheikh Tidiane Gadio et Macky Sall, qui sont tous des victimes expiatoires de l’agenda politique du fils biologique de leur ex-mentor, ne tarderont pas à tendre une main fraternelle à celui qui aimait se faire appeler «wadiste éternel». Même si Samuel Sarr a dit hier à ses proches «que pour rien au monde» il ne tournera le dos à Me Wade, il n’en demeure pas moins que l’instinct de survie pourrait le pousser à se radicaliser. C’est, sans doute, pour ne pas le jeter dans les bras de ses «enfants égarés» que le chef de l’Etat s’est empressé de le nommer ministre d’Etat conseiller financier à la présidence de la République. La seule question, à l’heure actuelle, est celle de savoir dans quelle atmosphère se déroulera la passation de service entre ces deux ennemis jurés qui ont pourtant eu, par le passé, à entretenir une extraordinaire complicité. Alors, autres temps, autres mœurs ?

WADE CEDE A LA PRESSION : Chronique d’une chute annoncée

Wade a finalement décidé de se débarrasser de son ministre de l’Energie, que beaucoup d’observateurs avertis avaient fini d’assimiler à un chat avec plusieurs vies. Car depuis plus de deux ans qu’on annonce le départ de Samuel Sarr, il a toujours échappé à la guillotine. Mais cette fois M. Sarr est passé à la trappe. Retour sur le processus d’une liquidation qui a avorté à plusieurs reprises.

«L’entraîneur de l’équipe gouvernementale du Sénégal» s’est encore levé et a procédé à un changement. M. Samuel Sarr, précédemment ministre d’Etat ministre de l’Energie, a été débarqué. Il a été nommé ministre d’Etat conseiller financier auprès du président de la République. C’est désormais M. Karim Wade, ministre d’Etat chargé de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures qui gère l’Energie. Il cède l’Aménagement du territoire à Mme Nafi Ngom Diouf, désormais ministre des Transports ferroviaires et terrestres, et de l’Aménagement du territoire.

D’après des sources bien au fait de ce qui s’est passé, Me Wade a pris cette décision pour redonner de l’espoir aux Sénégalais mais aussi pour régler d’autres problèmes. Depuis quelque temps, il y a plusieurs manifestations à travers le Sénégal contre les coupures d’électricité. Ce qui a constitué une pression énorme sur l’Etat du Sénégal. En plus de cette pression populaire il y a eu une pression familiale exercée par les Wade sur le pater familias. Ils ne pouvaient plus regarder le secteur de l’énergie mettre à néant tous les efforts consentis par le régime sans réagir. Raison pour laquelle ils sont montés au créneau.

C’est pourquoi beaucoup de personnes ont pensé que c’est finalement Karim qui a fait tomber Samuel. Mais, c’est Abdoulaye Wade qui a pris librement la décision de se séparer de lui, après avoir été empêché à plusieurs reprises. Il y a deux ans déjà, des manifestants avaient mis le feu à Dakar pour dénoncer les coupures d’électricité récurrentes. Wade avait décidé de se séparer de Samuel Sarr pour apaiser la tension. Mais des députés libéraux sont partis demander à Me Wade de le maintenir. L’année dernière aussi sa démission avait été annoncée dans la presse. Mais ce n’était qu’une fausse alerte. Au contraire, c’était pour couper court aux offensives des bailleurs de fonds via le ministre d’Etat ministre de l’Economie et des Finances. Ils dénonçaient la façon dont le secteur de l’énergie est géré au Sénégal avec tous ces milliards qui y sont investis. Des offensives répercutées à Wade.

Dernièrement, l’affaire du mauvais carburant a ravivé la tension qui existait déjà entre Samuel Sarr et le ministre de l’Economie. Gâchant par la même occasion les rapports entre Me Wade et son ministre de l’Energie. Là encore, des députés de l’Assemblée nationale ont cherché à lui tendre la perche. Mais d’autres ont demandé tout simplement sa démission. L’affaire du contrat entre la Senelec et Bnp Paribas est venu s’ajouter à la tension qui était dans l’air.

Ce n’est pas tout. Au cœur de cette tension, M. Sarr s’est débarrassé d’un élément de Karim Wade dans le secteur de l’énergie. En l’occurrence Modibo Diop, directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification  rurale (Aser). Le fils du président de la République ne  s’est pas empêché d’aller rendre visite à Modibo Diop durant la Korité, alors que ce dernier faisait l’objet d’une enquête à la Division des investigations criminelles (Dic). Comme pour lui dire : «Tu as toujours mon soutien».

Last but not least, dernièrement Samuel Sarr s’est mis à dos Karim Wade, Abdoulaye Diop, le collectif des imams de la banlieue, mais aussi tous les Sénégalais. Donc par ce geste Me Wade cherche encore à apaiser le climat social. Certainement avec une solution à la crise énergétique, qui a une solution.

COMMENTAIRE : Karim : musculation à l’Energie

Samuel Amète Sarr court-circuité. Il a fait les frais de la récurrence des coupures intempestives d’électricité. Un calvaire qui n’a que trop duré. Samuel Sarr électrocuté. De l’énergie à en revendre. Le fils du Président n’en manque peut-être pas. Karim Wade à quitte ou double. Il remplace  Samuel Sarr selon un décret rendu public hier. Seulement, le tout nouveau ministre en charge de l’Energie devra réussir le pari de fournir aux consommateurs, de l’énergie de bonne qualité et, régulièrement. L’échec n’est pas permis. Réussir le pari ou alors se mettre à dos les Sénégalais. Un pari lourd pour un ministre à mille et une casquettes. Il contrôle déjà les Transports aériens avec, en charge, la Coopération internationale et les Infrastructures. Ministre sénégalais du ciel et de la terre. Et, aujourd’hui du sous-sol. Comme si cela ne suffisait, pas on lui confie un secteur clé comme celui de l’énergie qui engage aussi des compagnies d’assurances. Parmi 12 millions de Sénégalais, pourquoi le choix de Wade sur son fils déjà submergé ? Le nouveau ministre devra faire des pieds et des mains pour faire scintiller la lumière dans le pays. Le pilotage à vue et l’incurie n’ont plus de place dans un secteur aussi vital que l’énergie:  moteur de l’économie du pays. Les intérêts inavoués, étroits et les discours politiciens n’intéressent plus les compatriotes. Place aux actes ! L’amateurisme ou encore l’équilibre précaire doivent laisser la place à des solutions durables et définitives.

Déshabiller Paul pour habiller Pierre. Ce n’est point ce qui intéresse les Sénégalais. Surtout quand cela concerne un secteur capital qui a trop fait mal à des millions de ménages. Pas moins de 500 milliards Fcfa investis dans le secteur depuis 2 000, se targue le pouvoir issu de l’alternance. Un investissement douteux qui fait que les travailleurs n’ont de cesse d’exiger un audit de l’entreprise depuis 2 000 pour apporter la lumière sur l’utilisation de ce pactole. Mille et une échéances avancées pour mettre un terme aux délestages. Que nenni ! Qu’on ne nous pompe plus l’air avec des discours du genre : «Nos prédécesseurs ont mis à genoux le secteur». Ces propos de campagne électorale, les compatriotes ne veulent plus les entendre. Dans un contexte marqué par la mise à terre de la quasi-totalité des entreprises (la crise énergétique aidant), il faut se mettre au travail. Aux problèmes structurels des solutions structurelles. Plus de place pour l’amateurisme. Les problèmes qui gangrènent la Senelec sont connus de tous. Ils ont pour noms : l’insuffisance de la production, la mauvaise gestion du secteur de l’énergie, la fraude, la non-transparence dans l’octroi des marchés, le non-paiement des factures par certaines institutions de l’Etat. Même si depuis 2000, l’Etat a commencé à installer de nouvelles centrales, il est important d’entretenir l’existant. Et comme le rappelle pour s’en désoler Lamine Diarra, secrétaire général de la sous-section Sutelec du Cap des Biches,  ce discours a été tenu à tous les directeurs qui sont passés à la tête de l’entreprise. «Avec Samuel Sarr, on a senti la mauvaise volonté d’entretenir les anciennes centrales. Résultat : ces anciennes machines tombent régulièrement en panne et la demande étant sensiblement égale à l’offre, on est obligé de couper à chaque fois qu’une machine tombe en panne», s’insurge le responsable syndical. Pis, relève-t-il, «il arrive que plusieurs machines tombent en panne en même temps. Jusqu’ici, rien n’est fait concernant la production et le calvaire a encore de beaux jours». À cela s’ajoute la mauvaise gestion du secteur. Tout se décide au niveau de la tutelle. Aucune transparence dans l’octroi des marchés. En atteste le fuel lourd et de très mauvaise qualité, récemment commandé par on ne sait qui et à quel dessein. Sur ce point, les travailleurs exigent toujours la lumière. Les responsabilités doivent être situées et les coupables punis. Ils ont fait du tort à toute une nation. L’entreprise croule également sous le poids de la dette. Des institutions étatiques comme, entre autres, les collectivités locales, les hôpitaux, l’université, ne paient pas régulièrement leurs factures. Le tout nouveau ministre de l’Energie devra mener une politique rigoureuse contre la fraude qui coûte à l’entreprise 20 milliards de nos francs par an. Qu’attend le gouvernement pour faire voter une loi pénalisant cette fraude ? C’est dire que les problèmes sont connus. Pas de solution-miracle. Il suffit d’une volonté politique pour sortir les Sénégalais du noir.

REACTIONS, REACTIONS, REACTIONS…

Hélène Tine de l’Afp : «Karim Wade est disqualifié, il n’a ni la capacité ni la crédibilité pour gérer ce secteur»

«Le constat est que la famille Wade n’a aucun respect pour les Sénégalais. Maintenant, ce n’est plus une affaire républicaine. La gestion des affaires publiques dans ce pays est devenue familiale. Et ça confirme aussi que Abdoulaye est toujours accroché désespérément à son projet de succession monarchique. Nous ne pouvons pas comprendre que pour donner l’occasion à Karim Wade de faire ses preuves en matière de gestion des affaires publiques, on laisse mourir des bébés, on met des sociétés en danger et de faillite parce qu’il n’y a pas d’électricité. On a laissé pourrir une situation qui a causé de morts d’homme et traumatisé le peuple Sénégalais pour nous ramener Karim Wade comme un messie, c’est un manque de respect aux Sénégalais. Ce qui est sûr est que Karim Wade ne pourra pas régler ce problème. Ils vont faire du tape-à-l’œil. Nous exigeons que Samuel Sarr rende compte de ces 800 milliards qu’on a mis dans le secteur. Karim Wade doit, lui aussi, rendre compte des centaines de millions de l’Anoci. Karim est, d’ailleurs, disqualifié. Parce qu’il n’a ni la capacité intellectuelle et technique, ni la crédibilité pour gérer ce secteur. Et tous les Sénégalais le savent très bien.»

Djibril Thiongane spécialiste en énergie : «Si Karim veut réussir, il lui faut de gros moyens et une équipe bien organisée»

«C’est un secteur très stratégique. Il faut le diagnostiquer de façon précise. Karim doit être entouré de gens compétents. La première chose c’est d’abord réunir tous les acteurs du secteur pour connaître leurs avis, leurs préoccupations, leurs problèmes et recueillir toutes les informations possibles pour mettre en place une bonne politique énergétique. Surtout dans le domaine de l’approvisionnement en hydrocarbure. Par hydrocarbure, je pense au butane et au fuel de la Senelec. Il faut dire au passage qu’il s’agisse de la Senelec ou de la Sarr, c’est un problème de trésorerie, un problème de finance. Il faut que cette société recouvre une bonne santé financière pour pouvoir jouir d’une bonne image auprès des grandes banques du monde et fournisseurs. Nous vivons une situation de monopole alors qu’on parle d’appel d’offres. Ce sont des faux appels d’offres. C’est une situation de monopole avec des prix exorbitants et des conditions de règlement draconiennes. Je dois dire encore une fois qu’il y a un problème de planning d’approvisionnement». Karim peut régler le problème s’il y a la volonté politique. Abdoulaye Wade a intérêt que son fils réussisse. Et certainement les moyens seront au rendez-vous.»

Matar Guèye de la Cap21 : «C’est une bouffée d’air frais pour les consommateurs et tous les usagers du courant»

«Ce changement qui vient d’intervenir dans l’attelage gouvernemental peut être considéré comme une bouffée d’air frais pour les consommateurs et tous les usagers du courant électrique. Parce que tout le monde a souffert des délestages qui avaient fini d’ailleurs de ruiner notre économie. Avec le départ de Samuel Sarr, je pense que le chef de l’Etat a voulu apaiser les tensions qui caractérisaient ce secteur dans lequel il a investi pas moins de 700 milliards de nos francs. Le départ de Samuel est une des revendications de l’opposition à laquelle le président vient de donner droit. Alors, maintenant, Samuel étant remplacé par Karim Wade, je crois que l’attitude la plus sage voudrait qu’on le laisse quand même faire ses preuves. Abdoulaye Wade nomme qui il veut. Il est le seul à opérer un choix pour ses proches collaborateurs. Pour moi, Karim Wade doit se mettre, sans attendre, à la tâche. Parce qu’il y a vraiment urgence. Il doit continuer comme il a toujours fait au ministère de la Décentralisation et des Collectivités locales. C’est-à-dire, continuer à parler peu et à travailler beaucoup. Car les Sénégalais attendent des résultats.»

lobs.sn

2 Commentaires

  1. on s’en moque que karim soit ministre de l’energie ou pas l’esssentiel c’est que les senegalais ne s’eclairent plus avec des bougies le reste le peuple decidera le moment venu arretons de nous emballer sur des sujets importants qui concerne tout un peuple

  2. Decidement,les senegalais ne comprennent pas trop la demarche de Wade.Il attend qu’on lui prouve que Karim Wade est capable de lui succeder,il donne ainsi carte blanche a son equipe composee d’opportunistes,pour prouver par la manipulation que Zoro Meissa Wade est l’homme qui sait tout faire.
    Des gens comme Cheikh Diallo et Aioune Sow s’en chargent avec a la cle des bourdes au quotidien,la raison est qu’ils pensent qu’avoir un doctorat est un terminus intellectuel.Dans la pratique,ils ont tout faux,tout comme ce peuple qu’on a reduit a s’accrocher a une journee sans coupure.Les senegalais ne verront pas leur probleme regle de sitot,un peuple aussi attentiste et individualiste donne des idees a des gens comme Wade qui passe son temps a les tester.Ce nouveau test annonce des decisions comme Karim Zoro vice president du Senegal,et si ca passe comme cette nomination a l’energie,les portes de la presidence lui sont grandes ouvertes.

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