«CLEANING DAY», UN MOIS APRES : Les Mauvaises Habitudes Ont La Vie Dure…

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UN MOIS APRES LE LANCEMENT DU «CLEANING DAY»

Dakar peine toujours à se départir de ses mauvaises habitudes

Voilà presque un mois que le «Cleaning day» a été lancé en grande pompe par le chef de l’Etat. A la veille de la réédition de ce coup de balai qui aura lieu demain, WalfQuotidien a fait un petit tour dans certaines artères de Dakar histoire de faire le bilan des opérations menées depuis le 4 janvier dernier. Et le constat est triste. Car, les ordures continuent toujours de joncher les rues, marchés et autres édifices publics. Le message du Président Macky Sall à l’endroit des populations pour l’appropriation du concept «Cleaning day» est apparemment à la poubelle.

Grand-Dakar. Sur les deux voies de Niarry Tally, à quelques mètres du rond-point «Jet d’eau», l’ambiance est à son paroxysme. Piétons, véhicules «clando», taxis, bus de transport public et particuliers se disputent la voie. A côté, dans une indifférence totale par rapport au brouhaha alentour, des maçons posent des pavés dans le jardin public qui sépare les deux allées. En face de l’agence de Sen’Eau, une odeur nauséabonde titille les narines. Elle s’échappe d’un dépotoir d’ordures négligemment improvisé. Cette partie avait pourtant reçu un vaste coup de balai lors de la caravane du lancement du «Cleaning day», par le chef de l’Etat, le 4 janvier dernier. Depuis, elle a changé de visage, faisant place nette à des tas d’ordures qui jonchent le jardin public. Interpellé sur cette insalubrité, ce cordonnier du nom de Adama Kanté, trouvé au pied d’un arbre qui lui sert d’atelier de travail pointe du doigt le manque de civisme et l’indiscipline des populations. «Je doute que ce +Cleaning day+ puisse changer le comportement des gens. La preuve est là, devant vous. Le 4 janvier dernier, cet espace était très propre. Mais, dès le lendemain, les riverains ont renoué avec leurs vieilles habitudes. Ils attendent un peu tard dans la nuit pour prendre leurs poubelles et les déverser dans le jardin. Il arrive même parfois que je trouve sur ma place, là où je travaille, des couches de bébé déjà utilisées avec des excréments. Et ce sont les populations qui habitent à côté qui le font. C’est vraiment déplorable», martèle Adama Kanté assis sur une peau de mouton sèche qu’il essaie de découper.

Désenchantement

A quelques encablures du jardin public, le marché de ce quartier populeux  se découvre. Ici aussi, le décor est pittoresque. Des restes de légumes pourries notamment des choux, oignons, pommes de terre, pattes etc. sont jetés à même le sol. L’air est irrespirable. Pour passer, il faut se boucher le nez. Et certains riverains qui habitent les parages n’en peuvent plus. Assis autour d’un damier, un groupe de vieux retraités, assis à l’ombre d’un acacia, discutent. Interpellé, vieux Ndiaye qui était très enthousiaste lors du premier jour de nettoiement se dit désagréablement surpris du changement subit du décor dans son quartier. «Nous avions mobilisé tous les jeunes et un appel était même lancé à la mosquée pour inviter les populations à adhérer à cette initiative pour rendre notre quartier propre. Malheureusement, c’est comme si nous nous sommes fatigué pour rien. Le mal est profond et on ne peut pas trouver une solution à travers une simple initiative et un coup de balai pour une seule journée pour tout le mois. Cela doit être un comportement quotidien pour tout un chacun», déclare vieux Ndiaye. Qui soutient que, dans notre pays, le problème est que les décideurs politiques ont souvent tendance à brandir des slogans et à annoncer des initiatives. Mais, au final, le suivi pose problème. Il affirme que le gouvernement n’a pas analysé le phénomène avant de se lancer dans cette initiative. Pour lui, il fallait mettre en première ligne les Collectivités locales et les doter des moyens matériels nécessaires notamment des dépotoirs qui seront installés un peu partout dans les coins et recoins des quartiers. «Vous pouvez faire le tour de tout le quartier, c’est très difficile de voir des poubelles disponibles. Ce qui fait que les gens jettent les ordures un peu partout.  Le vent aidant, ces déchets se dispersent, salissent le quartier et rendent notre environnement invivable», indique-t-il.

Son camarade de grand-place, Madiwou Sarr, évoque, quant à lui, un autre phénomène c’est-à-dire le fait de faire les besoins dans la rue et les places publiques. De son avis, cela ne milite pas pour un cadre de vie sain. Pour lui, le ministère de l’Urbanisme doit penser à mettre en place des toilettes publiques payantes dans les marchés et les espaces publics.

Autre lieu, même décor. Aux alentours du stade Léopold Sédar Senghor, réputés pour leur saleté, sur la partie qui se situe en face du garage des cars de transport, l’espace a été transformé en dépotoir. Et une véritable bombe écologique y somnole avec des eaux usées d’une fosse septique, mélangées à des sachets d’eau, des excréments de chevaux, entre autres. Ici, chauffeurs, apprentis, vendeurs de café…ne sentent même pas le «Cleaning day». «Ce sont les garages qui sont naturellement comme ça. Et c’est partout pareil. Parce qu’il y a beaucoup de gens qui s’y retrouvent chaque jour. Personne ne peut rendre de tels lieux propres», lance une dame, vendeuse de petit déjeuner.

 Samba BARRY

walf.sn

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