Comment mourir de beauté?

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AVIS D’EXPERTS
La peau, l’œil et les poumons menacés

Consommatrices ou professionnelles, les femmes courent un réel danger pour se faire belles ! Dr Fatoumata Diouf, pharmacienne, analyse les risques encourus.

Dans une étude pilote intitulée Analyse des risques liés à l’utilisation des produits cosmétiques dans les salons de coiffure des quatre départements de la région de Dakar : Dakar, Pikine, Guediawaye et Rufisque, la pharmacienne Fatoumata Diouf dans 100 salons de coiffure, met en exergue principalement la mauvaise aération ou l’absence d’un système performant de ventilation, vecteur d’asthme.

- Risques respirations et troubles de la reproduction : « A cause de la mauvaise aération des salons, les solvants peuvent rester dans l’air plus longtemps que prévue avec toutes les conséquences qui peuvent en résulter », déplore Dr Diouf. Ces solvants présents dans les laques, sont responsables de troubles de la reproduction des coiffeuses plus exposées que les clients. Et « à cause de leur faible niveau d’étude », les coiffeuses ne pas souvent conscients des risques encourus.

L’étude met également en évidence l’apparition de nouveaux cas d’asthmes professionnels imputables à la forme sous laquelle les solvants sont présents, au mode de préparation puis d’utilisation des produits cosmétiques qui en font ou non un risque respiratoire pour les coiffeurs. Les résultats obtenus montrent que 98 employés soit 57,6% présentent des troubles respiratoires. Ainsi, sur 18 cas d’asthme recensés chez les coiffeuses, Dr Diouf révèle que les 6 sont apparus chez ces coiffeuses après leur entrée dans la profession. Sont mises en cause dans la survenue de cas d’asthme lors de la manipulation de ces produits les résines synthétiques utilisées. En France, en 2000, l’observatoire national des asthmes professionnels a signalé que 10% des asthmes professionnels surviennent chez les coiffeurs.

- Maladies oculaires : Au risque de contracter des pathologies respiratoires s’ajoute la possibilité de survenue chez les coiffeuses de maladies oculaires. Les résultats de l’étude ont montré que la prévalence des troubles oculaires était de 67% et les activités les plus incriminées étaient la tresse, la coiffure et le défrisage. « La tresse et la coiffure sont des activités qui demandent beaucoup de concentration et un bon éclairage mais malheureusement il se trouve que la majorité des salons de coiffure n’étaient pas bien éclairées », fait remarquer Dr Fatoumata Diouf. Avant d’ajouter : « Au fil des années, la coiffeuse peut être confrontée à des troubles de la vision exposant, à la longue, à la myopie. »

Les risques d’agression cutanée : Les moyens individuels de protection utilisés dans les salons de coiffure sont dérisoires, voire inexistants. Et le port de gant est loin d’être systématique particulièrement lors du shampoing et la décoloration. Pour cette opération, le mélange d’eau oxygénée et d’ammoniaque est agressif pour les mains des coiffeuses à cause du pouvoir irritant et/ou corrosif de ces produits, révèle Adja Fatoumata Diouf. Son étude révèle : « Soixante treize des employées, soit 43%, ont eu des troubles cutanés dont les plus fréquents sont : les démangeaisons, les brûlures, les irritations, les rougeurs. »

Fatimata Ly Professeur Agrégé, dermatologue-vénéréologue à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar
« Les maladies des cheveux altèrent la qualité de vie »

Quels sont les risques dermatologiques liés à la coiffure ?

Ils sont variés. D’abord, nous avons les risques de chute de cheveux. – Bien que chez tout individu il existe une chute de cheveu physiologique appelée effluvium télogéne (chute de cheveux déjà morts) -. Ces chutes sont liées à l’utilisation des produits cosmétiques chimiques défrisants.

Leur mode d’action consiste en une rupture puis un réarrangement des ponts disulfure du cheveu. Il s’ensuit une fragilisation obligatoire variable selon l’épaisseur constitutionnelle de la chevelure et la technique utilisée, occasionnant une alopécie (perte des cheveux) qui peut être complète. Ces produits défrisants sont également responsables de brûlures plus ou moins sévères, partielles ou graves sur tout le cuir chevelu. Il existe également des dangers liés à l’agression physique. La chaleur produite par les casques, les sèche-cheveux, sources de chaleur, entrainent une fragilisation des cheveux. A ceux-ci s’ajoutent les agressions d’origine mécanique : torsion des cheveux lors des tresses, traction lors d’utilisation de greffages, de tissages, frottement par foulard ; l’utilisation d’objets communs de coiffure souillés, peignes et brosses qui favorise la contamination d’agents pathogènes tels les dermatophytes responsables de maladies d’origine mycosique appelées teigne du cuir chevelu et qui se manifeste par des chutes de cheveux, des cheveux cassés associés à des squames, c’est-à-dire des pellicules. En outre, l’utilisation d’objets piquants et tranchants (lames, aiguilles), est un risque probable de transmission de l’Hépatite virale et du VIH, même si ces cas restent rares.

L’esthétique nuit-elle à la santé ?

Parfois oui. La mauvaise utilisation des produits cosmétiques tels les défrisants, les mauvaises techniques des tresses et de tissage ont un impact très important sur la santé publique. Les alopécies et autres maladies des cheveux altèrent la qualité de vie par le retentissement esthétique et fonctionnel. Donc, une meilleure information des coiffeuses et des usagères pourrait permettre de réduire les maladies pouvant en découler. Aussi, l’utilisation des produits cosmétiques d’innocuité prouvée permettrait de réduire les alopécies d’origine chimique.

Boly BAH

lagazette.sn

Ps: Titre de xalima.com

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