Cora Fall, Mbaye Ndiaye, Cissé Lô, Macky Sall: Ces élus destitués sur fond de calculs politiciens

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A travers des subterfuges politiques et même politiciens, les différents régimes, qui se sont succédé à la tête du pays, ont eu à liquider des adversaires politiques. Parmi les victimes, il y a eu Mamadou Cora Fall révoqué par Abdou Diouf en 1987, Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lo et Macky Sall, destitués par Abdoulaye Wade en 2008 et en 2009. Sans compter les maires socialistes dépossédés de leurs mairies par des délégations spéciales instituées en 2001 par l’amendement Moussa Sy.

Si Khalifa Sall venait à être destitué de son poste de maire de la ville de Dakar, il allongerait la liste des élus locaux révoqués, soit par décret présidentiel, soit par amendement ou toute autre astuce parlementaire, administrative ou judiciaire. Parmi les victimes de cette pratique qui a traversé tous les régimes qui se sont succédé à la tête de l’Etat, mais surtout récurrente sous le règne d’Abdoulaye Wade, figurent en bonne place l’ancien maire de Rufisque, Mamadou Cora Fall, l’ex-maire des Parcelles Assainies, Mbaye Ndiaye, Moustapha Cissé Lô, alors député libéral et l’actuel président de la République, Macky Sall, président de l’Assemblée nationale d’alors. Toutes ces personnalités politiques ont été, à un moment de leur carrière politique, victimes de cabale politique liée à leurs prises de position ou à leur popularité et qui a abouti à leur destitution.

Mamadou Cora Fall, déchu par ses frères d’arme

La première d’entre elles à tomber sous le couperet de cette pratique est l’ancien maire de Rufisque. A l’époque, patron du Parti socialiste dans cette ville, Mamadou Cora Fall a été combattu par ses propres frères d’arme dont feu Mbaye Jacques Diop. Ce dernier, pour venir à bout de son adversaire, avait tout simplement retourné certains conseillers municipaux socialistes contre le maire. Du coup, il avait réussi à bloquer le fonctionnement du conseil municipal pendant un bon moment. Pour décanter la situation, le ministre-secrétaire d’Etat à la Décentralisation, à l’époque, Moussa Ndoye, qui était plus proche de Mbaye Jacques Diop que de Mamadou Cora Fall, avait pris un décret qu’il avait fait signer au Président Diouf pour décider purement et simplement de la révocation du maire. ‘’Moussa Ndoye a demandé au Président Diouf de prendre non pas une décision judiciaire ou administrative, mais politique, pour se débarrasser de moi, parce que je refusais de céder à leur chantage et de démissionner pour débloquer le conseil municipal’’, a confié hier au bout du fil Mamadou Cora Fall joint par EnQuête.

L’ex-édile poursuit : ‘’le ministre Moussa Ndoye avait amené le décret directement au directeur de cabinet du Président à l’époque, Moustapha Ka, et le Président l’a signé. Quand j’ai reçu le document, je suis allé voir le président de la Cour suprême, Ousmane Camara, à l’époque, qui a dit que le décret n’était pas valable. Mais il m’avait prévenu que si je portais l’affaire devant la Cour suprême, celle-ci allait être obligée de mettre la mairie sous délégation spéciale dirigée par le préfet. Pour éviter que la mairie tombe entre les mains de l’opposition, j’ai décidé de ne pas porter plainte et Mbaye Jacques Diop est passé comme maire’’.

Selon Mamadou Cora Fall, ce n’est qu’après son départ de la mairie de Rufisque que le Président Abdou Diouf s’est rendu compte qu’il avait été abusé. Conséquence : le ministre de la Décentralisation Moussa Ndoye et le Directeur de cabinet Moustapha Ka furent tous deux débarqués. Et pour rectifier son erreur, soutient Mamadou Cora Fall, ‘’le Président Diouf, en 1988, m’a investi député et président de commission. Et en 1989, il m’a amené au niveau du Sénat’’.

Mbaye Ndiaye et Cissé Lo victimes du duel Wade-Macky

Tout comme Mamadou Cora Fall, Mbaye Ndiaye et Moustapha Cissé Lô ont connu la même infortune. Sinon même pire. En 2008, ayant rejoint Macky Sall dans son bras de fer avec le régime d’Abdoulaye Wade, ils ont subi les dégâts collatéraux de cette guéguerre fratricide. Tous deux ont été débarqués de l’Assemblée nationale et destitués de leur mandat de député du peuple, à l’issue d’un tripatouillage institutionnel dont Abdoulaye Wade était l’unique maître d’œuvre.

Plus tard en 2009, à trois mois des élections locales, Mbaye Ndiaye fut débarqué de la tête de la mairie des Parcelles Assainies et remplacé par Moussa Sy, un de ses adversaires politiques, pour disait-on, malversations financières. Mais, là aussi, il a été révoqué, parce que, tout simplement, il avait pris l’option de tourner le dos à ses camarades libéraux et de cheminer avec Macky Sall qui venait tout juste de porter sur les fonts baptismaux l’Alliance pour la République (APR) pour aller aux élections locales sous la bannière de la coalition ‘’Dekkal Ngor’’. Celle-ci, même si elle avait gagné quelques mairies, avait quand même perdu celle des Parcelles Assainies finalement tombée entre les mains de Moussa Sy.

Et la loi Sada Ndiaye emporta Macky Sall…

Aujourd’hui en phase de briser l’élan politique d’un Khalifa Sall devenu trop encombrant pour le régime en place, surtout à Dakar, Macky Sall est pourtant passé par une situation presque similaire. Tout comme son adversaire de Dakar, il a lui aussi été victime du régime libéral. Limogé de la Primature, il a été bombardé président de l’Assemblée nationale. Mais il y sera révoqué un an plus tard, lorsqu’il a voulu entendre le fils de l’ancien président de la République, Karim Meïssa Wade, accusé d’avoir détourné des fonds, lors de l’organisation du sommet de l’OCI en 2008. Pour mieux édifier l’opinion sur cette affaire, Macky Sall avait jugé utile de convoquer le fils d’Abdoulaye Wade pour qu’il vienne s’expliquer devant la représentation nationale et devant le peuple sur les faits à lui reprochés.

Non content de ce procédé, Abdoulaye Wade l’a tout simplement débarqué du perchoir de l’Assemblée nationale à travers une loi qu’il a fait porter par Sada Ndiaye et dénommée ‘’Loi Sada Ndiaye’’. Celle-ci limitait dorénavant le mandat du président de l’institution parlementaire à un an renouvelable.

L’amendement Moussa Sy pour achever le régime socialiste

Maître dans l’art du tripatouillage constitutionnel, Abdoulaye Wade avait opéré de la même manière, lorsqu’il a voulu mettre fin à l’hégémonie du Parti socialiste dans les collectivités locales, juste après le départ du pouvoir d’Abdou Diouf. Le Pape du ‘’Sopi’’ a en effet usé de subterfuges et manœuvres politiciens pour destituer l’ensemble des maires socialistes qui contrôlaient, à l’époque, l’essentiel des communes et conseils ruraux du pays. Le 21 novembre 2001, alors que l’Assemblée nationale examinait le projet de loi prorogeant le mandat des élus locaux devant expirer dans les trois jours suivants, un amendement qui prend de court l’opposition est apporté au texte.

Celui-ci, porté par le député Moussa Sy, mettait, à titre transitoire, toutes les collectivités locales sous délégation spéciale, que ce soit les mairies, les conseils régionaux et ruraux, jusqu’aux élections locales prévues le 12 mai 2002. Ainsi, le régime sortant fut-il balayé, à tous les niveaux, des collectivités locales jusqu’aux élections suivantes où la plupart de ses caciques ont d’ailleurs mordu la poussière. Sans autre forme de procès.

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